Premiers enseignements
Chiffres clés :
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- 6 220 km de trait de côte récent digitalisés
- 6 500 km de trait de côte ancien digitalisés
- Plus de 10 000 ouvrages de protection recensés et valorisés dans la cartographie nationale des ouvrages et aménagements littoraux
- Près de 22 000 profils de calcul possédant une valeur d’évolution du trait de côte
- Près de 19 % du trait de côte est en recul (hors Guyane), équivalent à un linéaire d’environ 920 km
- Les côtes basses sableuses évoluent plus : 37 % sont en recul, équivalent à un linéaire d’environ 700 km
- Une surface d’environ 30 km² perdue au niveau des secteurs en recul en 50 ans
L’indicateur national de l’érosion côtière fournit pour la première fois des données quantifiées et homogène sur l’évolution du trait de côte en métropole et en outre-mer (5 DROM). Ces données inédites sont analysées et croisées avec d’autres sources d’information et apportent de nouvelles connaissances sur le littoral à l’échelle nationale.
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Un immense linéaire du trait de côte naturel relevé
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L’indicateur national de l’érosion côtière repose sur la comparaison de la position du trait de côte naturel sur la période récente et sur une période plus ancienne (des années 20 aux années 50). Ces positions ont été digitalisées, c’est-à-dire tracées d’après l’observation de photographies aériennes, sur des milliers de kilomètres sur le littoral métropolitain et des 5 DROM. Le trait de côte « récent » (2005-2014 selon les départements) ainsi digitalisés a une longueur totale d’un peu plus de 6 200 kilomètres et celui dit « ancien » (1924-1958) fait un peu plus de 6 500 kilomètres.
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La longueur du trait de côte ancien est un peu plus grande que celle du trait de côte récent (+ 280 km). Cela s’explique par une présence d’ouvrages littoraux bien plus importante aujourd’hui au détriment du trait de côte naturel. En revanche, comme plusieurs secteurs n’ont pas pu être levés (en raison de l’absence de photographies aériennes anciennes), il n’est pas possible d’utiliser cette différence de linéaire pour quantifier la longueur d’ouvrages construit entre les 2 périodes. Pour plus de détails sur l’artificialisation du trait de côte, voir ce document
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Département | Linéaire du trait de côte | |
Ancien | Récent | |
NORD | 30 km | 15 km |
PAS-DE-CALAIS | 100 km | 90 km |
SOMME | 45 km | 35 km |
SEINE-MARITIME | 110 km | 115 km |
CALVADOS | 95 km | 75 km |
MANCHE | 320 km | 290 km |
ILLE-ET-VILAINE | 60 km | 60 km |
COTES-D’ARMOR | 430 km | 385 km |
FINISTERE | 725 km | 680 km |
MORBIHAN | 475 km | 440 km |
LOIRE-ATLANTIQUE | 120 km | 95 km |
VENDEE | 220 km | 175 km |
CHARENTE-MARITIME | 170 km | 170 km |
GIRONDE | 135 km | 130 km |
LANDES | 85 km | 105 km |
PYRENEES-ATLANTIQUES | 25 km | 20 km |
PYRENEES-ORIENTALES | 60 km | 65 km |
AUDE | 50 km | 50 km |
HERAULT | 80 km | 75 km |
GARD | 25 km | 20 km |
BOUCHES-DU-RHONE | 205 km | 195 km |
VAR | 300 km | 330 km |
ALPES-MARITIMES | 85 km | 80 km |
CORSE-DU-SUD | 545 km | 590 km |
HAUTE-CORSE | 380 km | 370 km |
GUADELOUPE | 430 km | 445 km |
MARTINIQUE | 400 km | 375 km |
GUYANE | 375 km | 325 km |
REUNION | 215 km | 190 km |
MAYOTTE | 220 km | 225 km |
Totaux | 6515 km | 6215 km |
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Les linéaires présentés dans le tableau ci-dessus sont issus des relevés sur photographies aériennes réalisés au 1/2 500e. Ils ne peuvent pas être comparés avec d’autres sources établies à des échelles différentes, car la longueur du trait de côte dépend énormément de la sinuosité de son tracé plus ou moins simplifié selon l’échelle de digitalisation.
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Le tracé du trait de côte de cette étude correspond à des éléments morphologiques visibles aussi bien sur le terrain que sur des photographies aériennes. Ces éléments sont des limites de végétation (végétation dunaire, front de mangroves, etc), des haut et des pieds de falaises, la limite de sable mouillé pour les côtes à faibles marées, etc. suite à la phase de digitalisation, il apparaît que 76 % de trait de côte récent a été relevé avec des limites de végétation.

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Un premier recensement national homogène des ouvrages littoraux
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En complément du trait de côte naturel, plus de 10 000 ouvrages littoraux ont été relevés lors des phases de digitalisation de l’indicateur national. Ces travaux ont été complétés par le Cerema, à la demande du ministère chargé de l’environnement, afin d’obtenir la première cartographie nationale des ouvrages et aménagements littoraux. Celle-ci comprend désormais 16 000 entités observables en métropole et dans les DROM (cartographie publiée en novembre 2017).
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Exemple de relevé des ouvrages et aménagements littoraux à Saint-Michel-Chef-Chef. Fond de plan : BD Ortho® HR IGN. [Cerema 2018]
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Un processus de calcul semi-automatisé pour faire face à l’ampleur du projet
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Conformément à la méthodologie définie pour établir l’indicateur national d’érosion côtière, la tendance d’évolution (c’est-à-dire l’évolution de la position du trait de côte dans le temps) est calculée ponctuellement sur des profils (profils perpendiculaire au rivage et distants de 200 m). Les calculs de la tendance d’évolution ont pu être réalisés sur 22 979 profils (17 156 en métropole et 5 823 en outre-mer).
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Le logiciel « MobiTC » (Mobilité du Trait de Côte), développé par le Cerema spécifiquement pour cette étude, a permis d’automatiser une grande partie des calculs de l’évolution du trait de côte. Ce logiciel, régulièrement amélioré et mis à jour, trouve aujourd’hui de multiples applications pour des études d’évolution dans le temps à toutes échelles. Il est librement téléchargeable à partir de ce lien
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Un recul du trait de côte qui touche l’ensemble des départements français
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L’indicateur national de l’érosion côtière représente la tendance d’évolution du trait de côte entre 2 dates espacées d’au moins 50 ans. Les dates utilisées dépendent essentiellement des photographies aériennes disponibles au moment de l’étude. Les valeurs et les analyses de l’indicateur national sont donc valables uniquement sur les périodes d’observation retenues.
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En Guyane, les dynamiques littorales particulières rendent difficile l’interprétation des résultats et leur comparaison avec ceux obtenus pour les autres départements. L’analyse globale de l’évolution du trait de côte n’inclut donc pas les observations effectuées sur le littoral guyanais.
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L’analyse porte ainsi sur 21 683 profils (17 156 en métropole et 4 527 dans les DROM, hors Guyane) et montre que 19 % des profils calculés par l’indicateur national sont en recul, dont 7 % présentent une tendance au recul supérieure à 0,5 m/an.
Général

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Détail

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Il est à noter que l’évolution du trait de côte au niveau national montre des résultats très proches de ceux calculés uniquement sur les côtes de métropole (20 % en recul, 12 % en avancée et 69 % non perceptible), indiquant des tendances comparables entre l’hexagone et les outre-mer.
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Tous les départements français sont concernés par le recul du trait de côte, mais sur des linéaires plus ou moins importants. Ainsi 5 départements (Seine-Maritime, Charente-Maritime, Gironde, Hérault et Bouche-du-Rhône) possèdent au moins de 50 % de leurs côtes en recul, alors que les 4 départements bretons, la Loire-Atlantique, la Corse-du-Sud, la Martinique et Mayotte ont moins de 10 % de valeurs en recul.

Des phénomènes de recul du trait de côte, importants mais très localisés, peuvent cependant affecter des départements présentant globalement un faible linéaire de côte en recul. Ainsi le département des Côtes-d’Armor qui ne présente que 4 % de valeurs d’évolution en recul sur son linéaire côtier, connaît localement des reculs pouvant être problématiques .
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Un décompte à la commune (hors Guyane) des valeurs de l’indicateur national montre que 523 communes possèdent au moins un secteur touché par un recul du trait de côte. 59 communes, situées quasiment toutes en métropole, sont par ailleurs concernées par des reculs dépassant 1,5 mètre par an sur certaines portions de leur littoral.
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Nombre de commune possédant au moins 1 valeur en recul | Métropole | DROM (hors Guyane) | Total |
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inférieure à -0,1 m/an | 456 | 67 | 523 |
inférieure à -0,5 m/an | 161 | 36 | 197 |
inférieure à -1,5 m/an | 38 | 2 | 40 |
inférieure à -3 m/an | 19 | 0 | 19 |
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Les résultats présentés ci-dessus concernent des analyses menées sur les profils de l’indicateur national (implantés tous les 200 m le long du rivage). Afin de mieux restituer les ordres de grandeurs de l’évolution du trait de côte, les valeurs ponctuelles de l’indicateur sont reportées sur la limite de référence Histolitt®, correspondant à la limite des plus hautes eaux astronomiques (pleine mer avec un coefficient théorique de 120). Elle présente l’avantage d’être utilisés par de nombreux acteurs du littoral (ce qui facilite les échanges et les comparaisons). En revanche, dans certaines configurations le report des valeurs de l’indicateur sur cette limite peut être imparfaite localement, notamment en raison du caractère ancien de cette référence (10 ans). Ces calculs conduisent ainsi aux ordres de grandeur suivants :
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Métropole | Outre-Mer | Total | |
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Recul entre 0,1 et 0,5 m/an | 460 | 130 | 590 |
Recul entre 0,5 et 1,5 m/an | 190 | 30 | 220 |
Recul entre 1,5 et 3 m/an | 60 | 0 | 60 |
Recul supérieur à 3 m/an | 50 | 0 | 50 |
Total | 760 | 160 | 920 |
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Une évolution du trait côte très marquée selon la géomorphologie
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Les côtes à falaises représentent la moitié (54 %) des environnements naturels rencontrés par les profils de l’indicateur national. Leur évolution des falaises peuvent être ponctuellement brutale lors de glissements ou d’écroulements en masse, mais ces côtes présentent généralement une évolution très faible à l’échelle du front de falaise. Sur la période d’étude de l’indicateur national, leur évolution apparaît ainsi non perceptible sur 93 % des profils. Des reculs du trait de côte sont néanmoins observés sur 6 % de ces profils, notamment dans des secteurs de falaises composées de roches sédimentaires comme en Seine-Maritime et dans les Pyrénées-Atlantiques.

Les côtes basses sableuses représentent 41 % des environnements naturels rencontrés par les profils de l’indicateur national. Elles présentent les taux d’évolutions les plus importants et les plus contrastés avec 37 % de valeurs en recul, 23 % en avancée et 40 % stables.
Général

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Détail

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Une estimation des linéaires en recul uniquement pour les côtes basses sableuses est réalisée sur la base de la limite de référence Histolitt® :
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Métropole | Outre-Mer | Total | |
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Recul entre 0,1 et 0,5 m/an | 320 | 80 | 400 |
Recul entre 0,5 et 1,5 m/an | 170 | 20 | 190 |
Recul entre 1,5 et 3 m/an | 60 | 0 | 60 |
Recul supérieur à 3 m/an | 50 | 0 | 50 |
Total | 600 | 100 | 700 |
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Environ 30 km² perdus en 50 ans au niveau des secteurs en recul
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En faisant l’hypothèse que le recul calculé en un seul profil peut être extrapolé sur un secteur de trait de côte rectiligne de 200 m (correspondant à l’espacement des profils), il est possible de fournir un ordre de grandeur des surfaces de terres gagnées ou perdues.
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En métropole et dans les DROM (hors Guyane), la surface totale perdue au niveau des secteurs en recul est estimée à 30 km² en 50 ans entre 1960 et 2010. Cette superficie correspond globalement à la surface de la commune de La Rochelle ou encore à 4 200 terrains de football.
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Sur les mêmes bases de calcul, l’estimation des pertes est également de 30 km² pour la seule métropole.
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Trois départements de métropole, avec chacun environ un peu plus de 5 km² de terres perdues en 50 ans, concentrent la moitié de la perte de surface totale : il s’agit de la Gironde (recul quasi-généralisé de la côte sableuse), de la Charente-Maritime (recul au sud-ouest de l’île d’Oléron et au niveau de la Tremblade) et des Bouches-du-Rhône (recul particulièrement marqué en Camargue).

Il existe toutefois des lieux où les terres avancent naturellement, notamment au niveau de certaines embouchures comme au sud de la baie de Somme. À l’échelle de la métropole et des DROM (hors Guyane) la balance entre les gains et les pertes de terres reste cependant négative avec un bilan pour les espaces naturels estimé à - 6 km² entre 1960 et 2010.