Le document stratégique de bassin maritime Sud océan indien

La France est un acteur incontournable de l’océan Indien de par ses différentes possessions territoriales dans cet espace maritime. Sur les 22 millions de km² que couvre cet océan, elle possède 2,8 millions de km² de zones économiques exclusives (ZEE) soit 25 % de son espace maritime total couvrant 11 millions de km².

Les terres françaises dans l’océan Indien, concentrées dans la zone sud-ouest, sont importantes tant à l’échelle de la France qu’à l’échelle de la région. Elles se répartissent sur plusieurs zones : la zone tropicale avec l’île de Mayotte, La Réunion et les îles Éparses (Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Glorieuse, Tromelin) et la zone subantarctique avec les Terres australes françaises (Iles de St- Paul et Amsterdam, Archipels de Crozet et Kerguelen).

Sur un plan administratif, la France de l’océan Indien est représentée par deux départements d’outre-mer, La Réunion et Mayotte, et une collectivité sui generis, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF).

Carte de bassin maritime Sud océan Indien avec les ZEE françaises

 

Protection de l’environnement et qualité des sites

A gauche, plage de Saziley, Mayotte. A droite, Kerguelen, Terres Australes | © J.S. Philippe et © TAAF

 
1 100 km² de lagon à Mayotte bordés par un récif de plus de 250 espèces de coraux durs
1/4 de la biodiversité de mammifères marins mondiales à Mayotte et La Réunion
81% de mortalité constatée des tortues marines due au braconnage à Mayotte

 

  • Considérés comme des hotspots mondiaux pour la biodiversité, les îles françaises du Sud océan Indien accueillent un patrimoine naturel exceptionnel, se traduisant par une biodiversité littorale et marine remarquable, à forte valeur écologique et économique. Le littoral terrestre présente des habitats et espèces associées remarquables participant à la richesse naturelle de ces îles et au bon fonctionnement des écosystèmes :
    • Les mangroves, qui occupent 30% du littoral mahorais, et sont présentes sur Europa, jouent un rôle important à divers titres : production primaire, protection du trait de côte, épuration des ressources en eau, puits de carbone, rétention des sédiments issus de l’érosion terrestre, intérêt paysager et écologique ;
    • Les zones humides littorales, étangs littoraux de La Réunion (étang de Saint-Paul, étang du Gol), lagunes et vasières à Mayotte (Ambato et Badamiers) constituent aussi des milieux remarquables et particuliers, accueillant une grande biodiversité ;
    • Certaines plages sont qualifiées de remarquables, accueillant une végétation littorale typique, et constituent des sites de pontes importants pour les tortues (ex. : l’île Europa est le plus important site de ponte pour les tortues vertes - Cheloniamydas - à l’échelle du bassin).

    Les habitats littoraux sont aussi importants pour de nombreuses espèces remarquables et/ou endémiques (cas des oiseaux, comme les puffins se reproduisant dans les falaises littorales, ou des populations de sternes fuligineuses présentes sur le littoral des îles Éparses).

    Les îles tropicales se distinguent également par leurs habitats marins :

    • Les récifs coralliens sont le support d’une biodiversité exceptionnelle, parmi les plus riches à l’échelle mondiale pour le milieu marin, composée d’un large ensemble de groupes taxonomiques (coraux, poissons, éponges, crustacés, mollusques… plus de 10 000 espèces recensées à ce jour). Leurs états de conservation sont variables. Les îles Éparses possèdent les écosystèmes les mieux conservés (bancs récifaux, atolls) du fait de leur faible pression anthropique, constituant des sites de référence à l’échelle mondiale (notamment Europa). Le lagon et les récifs de Mayotte (récifs barrière), encore en bon état, sont caractérisés par une capacité de résilience exceptionnelle, alors que les habitats coralliens de La Réunion (récifs frangeants) souffrent davantage des pressions anthropiques provenant essentiellement des bassins versants du fait de leur jeunesse et de leur faible développement (récifs attenants à la côte). Ainsi, selon l’UICN, 15 % des espèces de coraux constructeurs de récifs sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses.
    • Les herbiers à phanérogames marines sont la nurserie de nombreuses espèces, y compris d’intérêt halieutique, et sont un lieu d’alimentation d’espèces protégées telles que les dugongs et les tortues marines. Ils jouent également un rôle fonctionnel de clarification de l’eau et de fixation des sédiments. Leur régression a donc un fort impact sur la qualité de l’eau, donc sur l’ensemble de l’écosystème.
    • Les récifs mésophotiques, compris généralement entre 40 et 150 m de profondeur, restent encore très largement méconnus dans le bassin océan Indien, mais aussi à l’échelle mondiale du fait de la difficulté de les étudier. Des études récentes ont montré que la partie supérieure des récifs mésophotiques (40-60 m) pouvait partager des espèces avec les récifs moins profonds, alors que leur partie inférieure (60-150 m) héberge plutôt des espèces spécialistes, inféodées à ces environnements profonds. Ces récifs pourraient jouer un rôle de refuge face aux pressions anthropiques exercées dans les milieux moins profonds et à l’augmentation de température, accentués dans les eaux de surface.

    Autour des îles, les eaux côtières accueillent aussi des habitats permettant le développement de la mégafaune marine, tels que les mammifères marins (dauphins et baleines principalement). La baleine à bosse vient s’y reproduire et y mettre bas durant l’hiver austral à La Réunion ou à Mayotte, alors que le grand dauphin de l’Indopacifique se développe dans un habitat spécifique côtier restreint (moins de 100 m de profondeur uniquement). De nombreuses espèces de raies et requins, certaines menacées d’extinction, sont également présentes.
    Alors que la plupart des îles sont tropicales, les 3 districts-austraux – Archipel de Crozet, Archipel des Kerguelen et Iles Saint-Paul et Amsterdam – situés dans la zone subantarctique et subtropicale pour Saint-Paul et Amsterdam, présentent une diversité d’habitats et d’espèces remarquables, avec un fort taux d’endémicité régionale, voire mondiale.

    Les fonds marins, en particulier les zones de plateaux continentaux, présentent aussi une forte diversité et densité d’organismes, ce qui constitue des milieux remarquables (cas des EMV : écosystèmes marins vulnérables). En outre, les eaux côtières présentent aussi une forte production primaire et secondaire, ce qui crée un milieu favorable et riche pour de nombreuses espèces (comme les poissons mésopélagiques et les céphalopodes). Ces habitats permettent aussi le développement des mammifères marins (dont 3 espèces de pinnipèdes), des oiseaux marins (47 espèces dont 14 classées « menacées » par l’UICN), et des cétacés (6 espèces), eux-mêmes bioindicateurs efficaces des changements dans les écosystèmes.

    Des actions de protection ont été mises en place pour préserver ce réservoir de biodiversité : plans d’actions de conservation (PNA, plan de lutte contre la mortalité aviaire dans les terres australes, IFRECOR, etc.), et la mise en place de 5 aires marines protégées.

    Ces habitats et espèces remarquables, encore mal connus, subissent des pressions, sont en recul à l’échelle mondiale, et nécessitent donc des efforts importants de conservation. D’autres comme les milieux mésophotiques, encore largement méconnus, méritent une attention particulière dans les recherches à venir.

  • Une espèce invasive est une espèce qui vient d’ailleurs (espèce exotique, non indigène). Une espèce envahissante est une espèce dont le potentiel de reproduction est important (espèce indigène ou exotique). Les espèces invasives et envahissantes représentent une menace importante pour les habitats en cas de déséquilibre et sont une problématique forte pour les milieux insulaires.

    Les écosystèmes littoraux sont menacés par les espèces invasives exotiques :

    • La flore exotique dégrade considérablement les habitats littoraux et tend à un appauvrissement de la biodiversité indigène (ex : Filaos - Casuarina equisetifolia - sur les plages ou Chocas - Furcrea foetida - sur les falaises et îles isolées) ;
    • Il en est de même pour la faune exotique comme les rats, souris, chats et chiens qui se nourrissent de l’avifaune, y compris les espèces menacées d’extinction comme les pétrels, et les œufs des tortues marines, dans les mangroves ou sur les îlots ;

    Pour le milieu marin des îles françaises de l’océan Indien, il n’existe pas d’espèces exotiques envahissantes, mais certaines espèces peuvent présenter un risque et sont suivies du fait de leur dynamique naturelle pouvant engendrer des déséquilibres écologiques importants. C’est le cas notamment de l’étoile de mer corallivore, Acanthaster planci, pour laquelle des phénomènes de pullulation sont parfois observés. D’autres espèces exotiques peuvent également constituer une menace pour le milieu marin, et sont à surveiller (cas des algues rouges, Asparagopsis taxiformis, caractère invasif non avéré pour le moment).

    Leurs origines sont diverses : eaux de ballasts, biofouling, débarquement des agents dans les îles inhabitées, aquaculture… L’importation accidentelle d’espèces exotiques constitue un risque important d’introduction de nouvelles espèces, en plus des voies naturelles induites par le mouvement des masses océaniques. Le transport maritime représente également un facteur important de risque d’introduction d’espèces exotiques terrestres (agame des colons…). Cette problématique est prise en compte dans un ensemble de programmes et projets (stratégie régionale de lutte impliquant l’évaluation des menaces, prévention de nouvelles invasions et lutte ciblée, procédures spécifiques, réglementation).

  • Les pollutions d’origines anthropiques et terrestres impactent le littoral et le milieu marin La Réunion et surtout de Mayotte entraînant des pollutions marines en augmentation (Cadmium, Nickel, Plomb, molécules hydrophobes, pesticides, détergents, herbicides et bactéries fécales). Un ensemble de rejets est à considérer : cas des eaux usées domestiques, activités agricoles, certaines activités économiques et industrielles (absence d’aires de carénage dans certains ports).

    À ces pollutions d’origine anthropiques, il faut ajouter une pollution d’origine naturelle,
    caractéristique des îles volcaniques. En effet, les sédiments marins, issus de la roche mère, sont naturellement riche en métaux, notamment en Chrome et Nickel, avec des valeurs régulièrement supérieures aux seuils réglementaires.
    Il est à noter que ces pollutions varient suivant les îles, du fait d’un hydrodynamisme différent ou des marnages constatés suivant les secteurs (cas du lagon de Mayotte en fonction des marées). Ces apports se produisent via le réseau hydrographique, notamment lors de fortes pluies, mais également de manière diffuse via les eaux souterraines et les résurgences sous-marines.

    En outre, La Réunion et Mayotte souffrent d’un déficit structurel du point de vue de l’assainissement collectif : l’assainissement non collectif (ANC) concerne encore 49 % des foyers à La Réunion et 82% à Mayotte et présente un taux de non-conformité élevé. Le risque environnemental et sanitaire induit peut être caractérisé de modéré à fort. L’urbanisation croissante, provoquant l’imperméabilisation des surfaces, et la modification des pratiques agricoles voire les défrichements, entraînent également des modifications de l’état des bassins versants qui favorisent les pollutions.

    À Mayotte, le cas des défrichements et de l’érosion des sols, pouvant entraîner une altération significative des habitats côtiers et marins, mérite une attention particulière. En outre, les mangroves ont présenté un recul de 3,5 % de leur surface entre 2003 et 2009, en raison principalement des remblaiements côté terre et de l’hydrodynamisme côté mer. Enfin, une autre pollution importante, fortement visible depuis le littoral (Mayotte et La Réunion), concerne les macrodéchets, notamment les plastiques, qui se retrouvent sur le littoral (plages, estuaires, mangroves…) ou dans les embouchures des rivières, pour se diffuser ensuite dans le milieu marin. Pour ce type de déchets, une sensibilisation des populations locales apparaît des plus adaptées.

    Les activités balnéaires et de loisir répondent à l’attractivité du littoral et sont généralement génératrices de revenus et/ou de bien-être pour les populations. Mais elles sont également sources de pressions et de dégradations en raison notamment de la surfréquentation du littoral ou des eaux côtières. Cela concerne notamment les plages de La Réunion, qui reçoivent durant les week-ends de nombreuses familles ou touristes, tendant à créer des points de surfréquentation sur certains secteurs (cas des plages de Saint-Gilles et La Saline). Les conséquences peuvent être néfastes pour l’environnement, avec la production de déchets ou la dégradation des formations coralliennes à l’intérieur de ce récif frangeant peu profond (piétinement des coraux, usages des crèmes solaires…). Sur le plan d’eau, la bande côtière est aussi soumise à la présence accrue de bateaux durant la période des baleines à bosse (hiver austral), engendrant une pression sur les mammifères marins, que ce soit à La Réunion ou à Mayotte (dérangement, « pollution acoustique »).

    Un travail est en cours pour développer une filière écotouristique durable limitant le dérangement anthropique (action du PNMM sur le label HQWW à Mayotte et marque Quiétude à La Réunion, charte d’approche, arrêté en 2019 à La Réunion actualisé en 2020) et doit être poursuivi et consolidé dans les années à venir.
    L’observation des pontes de tortue à Mayotte constitue également une activité écotouristique nécessitant une approche respectueuse, mise en oeuvre par les acteurs du territoire (Conseil départemental de Mayotte, Naturalistes de Mayotte, Oulanga Na Nyamba…), expérience qui pourra être valorisée à La Réunion quand les opérations de revégétalisation des plages de ponte auront porté leurs fruits.

    Une autre problématique concerne l’exploitation durable des ressources vivantes liées à la pêche, en considérant les cas de la petite pêche côtière et de la pêche palangrière.

    Pour la pêche côtière, il ressort que cette pratique peut impacter l’état des ressources marines (cas de la pêche dans le lagon de Mayotte et à La Réunion). L’évaluation des stocks halieutiques demande à être consolidée. Cela nécessite aussi de quantifier l’état de la pression sur les ressources. L’évaluation des stocks de poissons et la protection des zones fonctionnelles halieutiques constituent donc des enjeux majeurs. L’exploitation des ressources halieutiques par des techniques alternatives doit être explorée.

    Pour la pêche au large, il s’agit d’une activité commerciale plus importante, affectant notamment les grands pélagiques des eaux réunionnaises, du canal du Mozambique ou les eaux australes. L’exploitation des ressources démersales dans le canal du Mozambique connaît un développement générant des risques d’exploitation non durable. Les enjeux sont faire évoluer de la gestion des stocks par l’amélioration des connaissances (stock, habitat, comportement, connectivité entre populations, biologie), le développement de mesures d’atténuation pour les prises accessoires et la connaissance des interactions entre les engins de pêche et le milieu marin.

    Les pêcheries gérées par les TAAF sont encadrées par le Code rural et des pêches maritimes (CRPM).
    Elles sont soumises à la délivrance d’une autorisation de pêche par le Préfet, administrateur supérieur, et à des prescriptions techniques encadrant l’exercice des pêcheries et visant à limiter leurs impacts sur les écosystèmes. La pêche australe (principalement la légine à Kerguelen et Crozet et la langouste et les poissons à Saint-Paul et Amsterdam) est soumise à des plafonds de captures autorisées, les taux admissibles de capture (TAC), établis sur recommandation du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et après avis des ministères en charge des outre-mer, des pêches, des affaires étrangères et de l’écologie au titre de la réserve naturelle nationale (RNN) des Terres australes françaises.

    L’ensemble de ces pêcheries opère dans une zone couverte par cette RNN qui a été inscrite sur la « Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO » en 2019. Au-delà de l’encadrement réglementaire et de l’exigence de limitation des impacts de la pêcherie au sein d’une réserve naturelle nationale, l’existence de zones de protection renforcée marines au sein de la Réserve, où toute activité extractive et commerciale telle que la pêche est interdite, garantissent la préservation des enjeux de conservation de cet espace maritime.

    De son côté, la pêche dans les ZEE des îles Éparses, également gérée par les TAAF, est strictement interdite dans les eaux territoriales et, dans le cas de l’archipel des Glorieuses, dans les 10 milles nautiques autour du banc du Geyser.

    Outre les senneurs et les palangriers autorisés à pêcher les thonidés, plusieurs espèces subissent une pêche illégale et du braconnage, notamment les tortues marines, les concombres de mer et les requins.

  • Les îles du bassin Sud océan Indien recèlent une diversité de paysages sous-marins et littoraux, qui s’explique par leurs histoires géologiques et naturelles. Certaines, d’origine volcanique et marquées par des reliefs échancrés, présentent des bassins versants occupés par les activités humaines (culture de la canne à sucre…), pour se terminer par des côtes rocheuses ou des plages sableuses.

    Les paysages côtiers sont donc variés, s’illustrant par la présence de falaises vives et de côtes rocheuses, de côtes à galets, de côtes sableuses, de baies, voire de linéaires côtiers artificialisés. Une végétation côtière typique vient également apporter une certaine particularité, telles que les mangroves (à Mayotte, Europa) ou les zones humides (cas des étangs littoraux de La Réunion). L’originalité paysagère réside aussi dans la présence de volcans (encore actif pour le Piton de La Fournaise à La Réunion, résiduel pour la Petite Terre à Mayotte ou sous-marin en formation au large de Mayotte), créant des paysages et des habitats originaux. De même, parmi les autres paysages emblématiques, les presqu’îles ou les îlots de sable blanc sont aussi à considérer. Enfin, les îles Australes, soumises à un climat plus rude, présentent des ambiances et des paysages typiques des eaux froides.

    Le milieu marin présente aussi des paysages remarquables, avec la présence de lagons et récifs coralliens, jouant sur des graduations bleutées. Les fonds marins participent aussi à cette richesse, au travers de pentes externes et tombants densément habités.

    La prise en compte de la valeur patrimoniale de ces paysages dans les politiques, programmes ou projets d’aménagement se fait de manière progressive. Des atlas des paysages existent pour La Réunion et Mayotte, permettant une meilleure considération des paysages dans l’aménagement du territoire. Enfin, d’autres outils permettent en outre de développer cette prise en compte (cas de l’étude de faisabilité d’atlas et d’observatoires des paysages sous-marins porté par le PNMM, la Stratégie d’intervention du Conservatoire du Littoral …).

    Les îles du bassin Sud océan Indien sont marquées par un métissage des peuples, lié à une histoire humaine particulière, créant une richesse culturelle notable. Ainsi, les influences sont multiples, à la fois africaines, malgaches, européennes, arabes, indiennes ou chinoises. À la confluence d’un ensemble de chemins maritimes, ces territoires insulaires témoignent d’une histoire importante en termes d’échanges maritimes (le commerce des esclaves ou des épices, la piraterie, les commerces plus contemporains avant l’avènement du réseau routier…). Cette histoire met ainsi en exergue une diversité de paysages et de patrimoine, aussi bien culturel qu’architectural : activités culturelles et vivrières de Mayotte (pêche en pirogue à balancier, pêche à pied, pêche au Djarifa, préparation du Mdzindzano – masque de beauté traditionnel), ou ouvrages historiques portuaires (phare de Bel Air), artisanaux (four à chaux), à La Réunion.

    Pour les îles peu ou pas habitées, ce patrimoine culturel existe également, et apparaît plus riche qu’il n’y paraît. Ainsi, les îles Éparses et Australes, malgré leur éloignement, furent régulièrement visitées, voire exploitées pour leurs ressources naturelles locales (cas de la langouste autour de l’île de Saint-Paul, ou des chasseurs de baleines…). Ainsi, pour les îles Australes, il reste aussi un ensemble de vestiges d’infrastructures, tels que les premières stations scientifiques (en date de 1950), les stations baleinières (Port Jeanne-D’arc) ou la langousterie de Saint Paul.

    Sur le plan archéologique, ces îles ont accueilli de nombreux bateaux, créant aussi, du fait de l’histoire maritime, des vestiges et sites archéologiques sous-marins, dont les épaves sont les plus nombreuses. À ce titre, les îles isolées présentent une histoire maritime mouvementée, s’illustrant notamment par différents naufrages (cas des îles Australes et Éparses).

    Enfin, les îles habitées possèdent également un patrimoine immatériel, avec notamment un fort ancrage des contes et légendes, en particulier à Mayotte. Ce patrimoine s’illustre également au regard d’autres pratiques comme les pique-niques créoles ou la musique (le « Maloya », bien immatériel UNESCO).

 

Prévention des risques et gestion du trait de côte

Conséquences de l'érosion du littoral, La Réunion | © BRGM

 
20% du littoral réunionnais considéré en érosion
18% des 44 plages évaluées sont de qualité insuffisante à Mayotte
Près de 11% des navires transitant aux abords de La Réunion transportent exclusivement des matières dangereuses (produits pétroliers, chimiques, gaz liquéfié, etc.)


 

  • Les îles françaises du bassin Sud océan Indien présentent un climat tropical (à l’exception des îles Australes) et se situent dans une zone à fort aléa climatique. Les conditions météorologiques extrêmes sont fréquentes, notamment durant la saison cyclonique, avec en moyenne une douzaine de systèmes dépressionnaires tropicaux par an dans le bassin. Ces phénomènes peuvent avoir pour conséquences un fort risque de submersion marine et une érosion côtière importante.

    La submersion marine correspond à l’inondation temporaire de la zone côtière et de l’arrière du littoral en raison des déferlements qui franchissent le haut de plage grâce à l’effet combiné d’une forte houle, d’une marée haute et de vents violents. Aux conséquences des inondations s’ajoutent les impacts induits par les violents chocs mécaniques des vagues. À La Réunion, ce phénomène est limité par le fort relief de l’île.

    L’érosion côtière est un processus naturel qui dépend de la nature des côtes (plages, falaises…). Elle peut être accrue par la houle et des conditions météorologiques fortes, et à l’inverse, limitée par la présence de la végétation littorale ou d’une barrière de corail.

    Toutefois, ce phénomène est fortement accentué par des pressions anthropiques mal maîtrisées, en particulier par la déforestation du littoral, par l’artificialisation des bassins versants (urbanisme, ouvrages type digues) ou des prélèvements abusifs de matériaux (sables), qui perturbent les dynamiques hydro-sédimentaires. Ainsi, une partie des falaises à Mayotte (Petite Terre principalement) sont en situation d’érosion.

    À La Réunion, l’absence de barrière de corail sur la quasi-totalité des littoraux expose l’île à la houle et favorise l’érosion. Ces deux phénomènes menacent les habitations et les activités humaines, très majoritairement concentrées sur le littoral de Mayotte et de La Réunion. En effet, l’urbanisme s’est développé rapidement, sans nécessairement suivre une planification urbaine bien cadrée dans un contexte de croissance démographique forte, créant un phénomène de compression côtière. Une grande partie du bâti s’est donc construit dans les zones à risques, y compris dans les zones basses et submersibles, avec de nombreux empiétements sur le domaine public maritime, jusque dans la bande côtière des 30 m.

    Pour limiter ce phénomène, des ouvrages de défense ont été mis en place, augmentant toutefois l’artificialisation du littoral. De plus, leur efficacité sur le long terme est largement discutée, et ils pourraient à terme produire un effet inverse en déséquilibrant les transports sédimentaires. L’étude, la surveillance et la prévention contre l’aléa de submersion marine sont actuellement en cours, avec notamment la stratégie locale de gestion du risque inondation et les plans de prévention des risques littoraux (PPRL). Dans ce cadre, la cartographie de l’aléa de recul du trait de côte est également en cours à Mayotte.

    Concernant le risque sismique, pour ces territoires, le risque de tsunami est évalué à modéré mais non nul. Il est toutefois à noter que des tremblements de terre sont régulièrement enregistrés à Mayotte depuis mai 2018 (émergence d’un volcan sous-marin). Le phénomène sismo-volcanique à Mayotte fait depuis l’objet d’un suivi scientifique constant par le REVOSIMA (réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte), qui a permis notamment de mettre en évidence un déplacement de surface vers l’est d’environ 21 à 24 cm et un affaissement d’environ 9 à 18 cm. Cette subsidence aggrave la vulnérabilité de Mayotte face aux autres risques littoraux.

    Enfin, dans un contexte de changement climatique, les phénomènes liés aux risques naturels sont susceptibles d’être plus intenses et d’avoir de plus forts impacts, notamment en raison du réchauffement climatique et de la montée des eaux.

  • Liées aux topographies de ces îles habitées, il apparaît que la quasi-totalité des activités et industries sont concentrées sur le littoral de Mayotte et de La Réunion. Les ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), installations à risques susceptibles de provoquer des pollutions ou nuisances, se trouvent notamment à basse altitude sur le littoral. De plus, au regard de l’activité industrielle, des risques de pollutions existent, susceptibles d’affecter le littoral, les cours d’eau ou le milieu marin. Mayotte regroupe 133 ICPE, parmi elles, les plus sensibles en matière de risque accidentel, dont 3 classées Seveso, sont situées sur la bande côtière, zone soumise à aléas naturels.

    L’application de la réglementation des ICPE à Mayotte étant récente, le véritable nombre d’activités industrielles à risque n’est pas connu à ce jour. À La Réunion, ces installations se concentrent principalement dans la commune du Port, qui rassemble 53 des 826 ICPE de l’île, dont 4 installations classées Seveso. Pour prévenir ce risque, Mayotte dispose seulement de 3 ouvrages de protection ayant les caractéristiques permettant de résister structurellement à un événement cyclonique. De manière générale, les aléas naturels peuvent donc présenter un risque pour l’activité industrielle de Mayotte et de La Réunion.

    Le développement urbain sur le littoral a fortement augmenté ces dernières décennies, que ce soit à La Réunion ou à Mayotte. Lié à un fort accroissement démographique, la multiplication des constructions n’a pas été nécessairement suivie par la création de réseaux d’assainissement et de traitement des déchets bien calibrés, ce qui représente donc un risque de pollution des eaux du littoral. Plus particulièrement à Mayotte, la plupart des foyers ne sont pas reliés au réseau collectif de collecte des eaux usées et de nombreux bâtis ne sont pas aux normes et sont toujours insalubres. Les installations industrielles et hospitalières peuvent aussi entraîner des rejets non correctement traités, en lien avec les réseaux insuffisamment développés. Les lixiviats agricoles sont aussi à considérer en période de fortes pluies, ce qui est davantage lié au bon calibrage des réseaux d’évacuation des eaux pluviales. Ce dernier point est notamment accentué à La Réunion par les reliefs qui accroissent le débit des cours d’eau en cas de pluies et facilitent le transport des particules (matières organiques et/ou polluantes) jusqu’à la mer.

    L’ensemble de ces pollutions viennent s’ajouter aux phénomènes naturels et favorisent l’apparition de pollutions localisées (bactériologiques, matières organiques, blooms de cyanobactéries pathogènes) pouvant être à l’origine de défaut de qualité des eaux de baignade ou de contamination des produits de la mer consommés. À Mayotte, 18% des plages sont ainsi jugées de Qualité Insuffisante. À La Réunion, malgré une forte concentration des constructions et des activités balnéaires, la qualité des eaux de baignade reste bonne, puisque 83% des plages sont qualifiées d’Excellente Qualité, bien que des dépassements des seuils aient été relevés par des contrôles sanitaires et aient occasionnellement entrainé des fermetures de certaines plages. Le réchauffement des eaux pourra accentuer ces phénomènes de pollutions et de contamination bactériologiques.

    Enfin, Mayotte et La Réunion partagent également une problématique de ressources en eau potable limitées. À Mayotte, le développement des captages en milieu superficiel marin est un enjeu important. Un risque sanitaire est associé au captage d’eau de mer pour la consommation. Afin d’assurer la sécurité sanitaire de l’eau produite, une zone de sécurité est établie aux abords du captage et des contrôles de qualité sont fréquemment effectués.

    À La Réunion, la surexploitation des nappes littorales pour l’extraction d’eau de consommation pose également un risque sanitaire. En effet, leur utilisation excessive sur les littoraux provoque un phénomène de salinisation des nappes via le biseau salé, c’est-à-dire une intrusion d’eau salée dans les aquifères côtiers. Ce phénomène est l’une des principales causes de la détérioration de la qualité des eaux réunionnaises, et met en danger la pérennité de l’utilisation des installations de pompage en milieu côtier.

  • Avec un trafic maritime mondial en hausse, les eaux et les ports de l’océan Indien connaissent une augmentation de leur fréquentation. Le bassin Sud océan Indien présente une activité maritime commerciale importante, générant un flux significatif de navires de commerce. Certaines voies maritimes constituent aussi une route stratégique pour le transport d’hydrocarbures en provenance du Golfe persique. Ce trafic est associé à un risque pour les personnes, les équipements, et peut aussi générer diverses pollutions, que ce soit aux abords des ports ou plus largement dans la ZEE.

    La sûreté en mer est réglementée par le Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS), les Directives Européennes relatives à la sûreté des ports et des navires, ainsi que les réglementations nationales et locales sur le trafic maritime. La surveillance de la navigation est assurée par le CROSS Sud Océan Indien (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) pour les eaux réunionnaises et mahoraises. Les missions sont de prévenir les risques d’échouements, notamment à proximité des îles Éparses.

    En effet, du fait de la présence importante de navires transportant exclusivement des matières dangereuses, le risque de pollution est particulièrement élevé. Une surveillance continue de la ZEE est donc réalisée pour prévenir ce risque, bien que les moyens ne soient pas suffisants pour assurer de manière optimale cette mission (absence de chaîne sémaphorique pour les deux îles et manque de moyens côtiers pour La Réunion depuis 2017).

    Outre sa mission de contrôle périodique de la flotte de navires professionnels sous pavillon Français, le centre de sécurité des navires de la DMSOI inspecte aussi les navires étrangers en escale dans nos ports, dans le cadre du mémorandum de l’océan indien IOMOU.
    Ces contrôles par l’État du port ont pour objectif d’identifier et d’éliminer les navires vieillissants en termes de normes de la région, en se référant notamment à des conventions internationales de sécurité maritime (OMI) et du travail (OIT). La sûreté des deux ports est quant à elle sous l’autorité du Conseil départemental de Mayotte et du directoire du Grand port maritime à La Réunion et fait l’objet de plans de sûreté portuaire (PSP) et plans de sûreté des installations portuaires (ISPS).

    Le CROSS assure également la coordination des opérations de sauvetage dans sa région de compétence et peut participer à la coordination pour les pays ayant des capacités d’intervention limitées (Madagascar, les Comores et certains pays de l’Afrique de l’Est). Les activités de loisirs nautiques et balnéaires présentent un enjeu de sécurité maritime et de sauvetage en mer, illustré en particulier à La Réunion par une forte accidentologie liée aux chutes à la mer depuis la côte ou à Mayotte avec des noyades ou des accidents de plongée. L’existence du risque requin est également une forte particularité, pour laquelle des actions spécifiques de réduction du risque sont engagées. À Mayotte et à La Réunion, les moyens en mer pour le sauvetage sont adaptés, alors que les moyens aériens sont très limités. Avec l’augmentation de l’activité de croisière, il existe un risque supplémentaire de nécessité de secours maritime de grande ampleur.

    Enfin, il est à signaler l’absence de navigation commerciale dans la ZEE des îles Kerguelen et Crozet, et très peu de trafic dans la ZEE de Saint-Paul et Amsterdam.


 

Connaissance, recherche, innovation et éducation-formation

À gauche, Le Marion Dufresne, navire des terres extrêmes. À droite, panneau de sensibilisation sur les îlots (Conservatoire du Littoral), Mayotte | © TAAF et © J.S. Philippe

 
11 offres de formation continue sur le bassin
3 opérateurs publics de recherche (Ifremer, IRD, CNRS)


 

  • L’information, sa capitalisation et sa mise à disposition sont des paramètres essentiels à la bonne conduite de tous les projets concernant les territoires.
     

    Collecte de données
    La collecte de données concerne un grand nombre de sujets contribuant à l’acquisition de connaissances relatives notamment aux écosystèmes marins et littoraux, aux espèces associées, à la dynamique côtière ou aux impacts des activités humaines qui s’y déroulent. On distingue :

    • L’acquisition de données dans le cadre de programmes scientifiques académiques avec un degré variable de coordination des nombreux programmes scientifiques réalisés sur le bassin, résultant des contextes différents et de l’implantation des différents acteurs ;
    • L’acquisition de données dans le cadre de la mise en œuvre d’outils de gestion et de surveillance, avec de nombreux programmes de gestions ou de suivis, déclinés à différentes échelles spatio-temporelles et incluant des degrés variables de mutualisation des efforts logistiques et humains, notamment les programmes de recherche collaborative scientifiques-pêcheurs ;
    • L’acquisition de données dans le cadre d’approches de sciences participatives.
       

    Bancarisation des données
    Il existe différentes modalités de bancarisation des données et métadonnées associées, contribuant aux systèmes d’information (SI) traitant de la mer et du littoral :

    • Bases de données propres à chaque programme de recherche et à chaque laboratoire pour les données acquises dans le cadre de programmes scientifiques ;
    • Bases de données spécifiques au programme ou alimentant divers systèmes d’information régionaux, nationaux ou internationaux pour les données acquises dans le cadre de programmes d’amélioration des connaissances et de suivis de surveillance et de gestion.
       

    À l’échelle du bassin, on distingue les données qui alimentent des bases de données ou systèmes d’information internationaux ou nationaux, et celles qui alimentent des bases de données ou systèmes d’information locaux ou régionaux.
    Les observatoires sont également des plateformes sur lesquelles s’appuient des recherches concernant les études sur le bassin de l’océan Indien en relation avec les sciences de la mer et le climat.

    Au fil des projets et des études, il est constaté une grande difficulté à accéder aux données historiques non bancarisées. De même, un trop grand nombre de données acquises actuellement ne sont pas bancarisées et de fait, potentiellement non ou peu sécurisées, non disponibles. Le nombre d’acteurs impliqués et de programmes concernés par la collecte de la donnée étant nombreux à travers le bassin, le degré de valorisation et la forme qu’elle prend est très variable. En effet, il existe de nombreux rapports manquant parfois de standardisation et de visibilité. Ainsi, la valorisation des données et leur mise à disposition, notamment via internet, restent insuffisantes. Le rapportage et la publication des résultats ne sont pas systématiques, la mise à disposition des produits encore moins. Une plus grande accessibilité des rapports à tous est nécessaire.

    Valorisation des données
    Les informations concernant la mer et le littoral sont valorisées à la fois sous une forme brute (uniquement la donnée) ainsi que sous des formes plus élaborées (création d’indicateurs, rapports, publications…).
    La plupart des bases de données et systèmes d’information proposent des outils d’analyse des données et de cartographie en ligne, qui permettent une meilleure valorisation et visibilité des données.

    Différents opérateurs, tant nationaux que locaux (ex : l’Observatoire National de la Biodiversité) réalisent des tableaux de bord avec des indicateurs ou des synthèses et les mettent à disposition afin de renseigner plusieurs observatoires environnementaux ainsi que pour compléter des indicateurs de suivi de l’état des milieux (ex : le tableau de bord du Parc naturel marin des Glorieuses, indicateurs du plan de gestion de la Réserve naturelle des Terres australes françaises). Dans le cadre des programmes scientifiques soutenus par les TAAF, les données collectées sont mises à disposition de la collectivité.
    Les différents opérateurs peuvent également mettre à disposition les rapports d’études et de programmes de recherche sur leurs sites internet respectifs ainsi que valoriser les différentes données acquises à travers des publications scientifiques.

    Le degré de valorisation de la donnée et la forme qu’elle prend à travers le bassin est très variable. De nombreux rapports manquent parfois de standardisation et de visibilité. La valorisation des données et leur mise à disposition, notamment via internet, restent insuffisantes. Le suivi et la publication des résultats ne sont pas systématiques, la mise à disposition des produits encore moins. Une plus grande accessibilité des rapports à tous est nécessaire.

  • La recherche scientifique s’appuie, très inégalement, sur un tissu dans le bassin réparti entre :
    • La Réunion, possédant une Université de plein exercice bien développée ;
    • Mayotte, dont le Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) créé en 2011 qui, s’il n’a pas encore atteint sa pleine autonomie, a développé des partenariats avec les universités de France métropolitaine et des laboratoires de recherche de France métropolitaine et d’outre-mer ;
    • Les TAAF ne pouvant servir de base que pour des missions scientifiques ponctuelles.
       

    À La Réunion, l’Université accueille 21 unités de recherche et 3 fédérations de recherche (BioST, OMNCG, OSOI). Les recherches sur le milieu littoral et marin sont conduites principalement par des unités mixtes de recherche (UMR) ayant comme tutelle l’Université de La Réunion et l’IRD ; il s’agit de l’UMR ENTROPIE - Écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien - (Université de La Réunion, IRD, CNRS) et de l’UMR Espace-Dev - Observation spatiale, modèles et science impliquée - (IRD, Universités Réunion, Guyane, Antilles, Montpellier).
    L’IRD et l’IFREMER sont également impliqués à La Réunion à travers l’UMR MARBEC - Marine Biodiversity, Exploitation and Conservation - (IRD, Ifremer, Univ. Montpellier, CNRS). Il existe aussi à l’Université un laboratoire de chimie de substances naturelles (LCSNSA) et le laboratoire de physique et d’ingénierie mathématique pour l’énergie, l’environnement et le bâtiment (PIMENT). Ces UMR s’adossent à des plateformes technologiques de pointe opérationnelles dans les domaines de l’observation, de la biodiversité et de la santé (3P, 3P, CYROI, OVPF, OSU-R). Elles cherchent à promouvoir l’interdisciplinarité de la recherche sur le territoire, les liens entre la science et la société ainsi que le transfert et la diffusion des connaissances et la valorisation des résultats de la recherche vers le grand public. La recherche scientifique se fait sur le territoire, mais également en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux et internationaux.

    À Mayotte, la création du CUFR a permis de dynamiser la recherche sur le milieu marin et littoral par le recrutement d’enseignants-chercheurs qui sont associés à des unités mixtes de recherche de la métropole. Une commission scientifique a été créée qui soutient les projets interdisciplinaires. La présence d’un laboratoire de biologie facilite le travail des chercheurs de passage sur le territoire ainsi que des partenaires locaux (ex. Parc Marin de Mayotte). Par contre, il n’existe pas de structures dans le domaine de l’innovation en milieu marin. Il existe donc un besoin important de continuer à développer l’expertise et les moyens disponibles localement pour la recherche.

    Les activités de recherche des TAAF permettent à la France de figurer au 5ᵉ rang mondial des auteurs d’articles relatifs à l’Antarctique et au 1er rang en ce qui concerne le Subantarctique. Les TAAF coopèrent avec l’Institut Polaire français Paul-Émile Victor (IPEV) pour le développement des activités de recherche sur le territoire. La collectivité s’est plus récemment engagée dans le développement de la recherche sur les îles Éparses. Les TAAF constituent un territoire unique pour l’observation du vivant, de la biodiversité et des changements globaux ; elles occupent en cela une position stratégique pour le développement de la recherche.

  • La dynamique de recherche et d’innovation permet de renforcer le rôle et la visibilité des territoires français dans leur environnement régional. Les démarches de recherche-développement et d’innovation permettent la prise en compte et l’apport de réponses à des particularités très spécifiques de ces territoires : insularité/éloignement, vulnérabilité, dépendance économique, nécessité de développer une économie circulaire notamment une structuration de l’économie bleue, attentes sociétales fortes (préservation de l’écosystème, santé, nutrition, durabilité, etc.), besoin de “tropicalisation”…

    À Mayotte, par exemple, il n’existe pas de structures dans le domaine de l’innovation en milieu marin. Des perspectives existent, mais malgré l’importance des enjeux de développement, notamment durable, la question de l’innovation n’est pas encore à l’ordre du jour.

    Pour soutenir l’innovation, La Réunion cherche à mieux valoriser des ressources marines sur des marchés non alimentaires, à renforcer des moyens de préservation de la biodiversité, et à créer de la valeur par la mise en marché de nouveaux produits ou services, tout en mobilisant des chercheurs et les entreprises locales.
    La présence du pôle de compétitivité Qualitropic en bioéconomie tropicale permet de développer et mettre sur le marché de nouveaux produits et services à forte valeur ajoutée et de nouveaux process toujours plus compétitifs, à haute qualité environnementale (valorisation des produits de la pêche, production d’appâts à partir de produits biosourcés…). Qualitropic est le seul pôle de compétitivité présent dans l’outre-mer français.

  • Deux écoles d’apprentissage maritime françaises, constituées sous forme d’associations loi 1901, sont présentes dans le bassin Sud océan Indien :
    • L’école d’apprentissage maritime de Mayotte (EAMM) (enseignement professionnel maritime aux étudiants, aux professionnels et aux particuliers – formations initiales et continues) ;
    • L’école d’apprentissage maritime de La Réunion (EAMR) (formations initiales et continues).
       

    Ces établissements forment les marins selon des référentiels conformes à la convention STCW, sous la tutelle académique de la DMSOI. La collaboration entre ces écoles doit être encouragée pour permettre une mutualisation des compétences et la mise en œuvre des meilleures pratiques.

    La Réunion offre un panel de formations liées à la mer à côté de l’EAM : Master d’écologie marine à l’Université de La Réunion, stages et doctorats avec l’Université de La Réunion, le CUFR de Mayotte et les organismes de recherche (IRD, IFREMER). Il existe aussi des propositions dans le secteur de la maintenance et de la réparation navale.

    À Mayotte, pour favoriser l’emploi local, une formation spécifique a été créée pour les observateurs de pêche embarqués mahorais. Actuellement, dans les deux départements, plusieurs projets sont en cours. On peut citer l’ouverture d’un CAP maritime prévu en septembre 2020 et la création du campus international des métiers de l’océan (CIMO) à La Réunion.

    Pour les TAAF, la Direction des Pêches et des Questions Maritimes (DPQM) s’occupe de dispenser des formations spécifiques aux contrôleurs et aux observateurs des pêches.
    Pour répondre aux besoins du secteur maritime, il est nécessaire que celui de la formation s’adapte : ouverture de formations, tant pour répondre aux demandes des entreprises qu’à l’évolution des métiers, développement de l’apprentissage, ou encore développement de partenariats avec les universités.

  • Dans l’océan Indien, au niveau français et européen, seule l’Université de La Réunion propose une formation de Master d’une part en lien étroit avec la mer d’une part, (Master BEST-ALI - Biodiversité, écologie et écosystèmes tropicaux, centrés sur les écosystèmes aquatiques, littoraux et marins) et le littoral et les risques d’autre part (Master RNET - Ressources naturelles et risques en environnement tropical). La formation par la recherche se fait également à travers l’encadrement de stages de licence, master et doctorat par les enseignants-chercheurs de l’Université de La Réunion et chercheurs des organismes de recherche (IRD, l’IFREMER) regroupés au sein des unités mixtes de recherche (ENTROPIE, Espace-Dev et MARBEC). D’autres structures peuvent accueillir des stages pour les étudiants en relation avec le milieu marin (Kelonia, Réserve naturelle nationale marine, Parc marin de Mayotte) ou des bureaux d’étude (Marex, Creocean, Biotope, …) et associations (Globice, …) en partenariat avec des universités ou organismes de recherche.
     

    À Mayotte, l’offre de formation par la recherche reste limitée du fait de la jeunesse du Centre universitaire de formation et de recherche (CUFR). Cela n’empêche pas l’émergence de projets de recherche, ainsi que la réalisation de travaux de recherche par des enseignants-chercheurs du CUFR, mais aussi de stages de Master et de thèses de doctorat sur place. Les partenariats avec des universités métropolitaines (Aix-Marseille, Montpellier 3, Nîmes…), et en particulier le lien avec des Unités mixtes de recherche (UMR) de haut niveau académique, permettent de développer une activité de recherche pérenne et dynamique sur des questions d’excellence dans le domaine maritime.
    Il n’existe pas de formation par la recherche dans les TAAF.
    Afin de développer la formation par la recherche, il est donc nécessaire que les organismes de recherche des trois territoires soient attractifs au niveau régional, national et international, pour transmettre l’expertise française dans le bassin et viser l’excellence scientifique.

    Pour la formation en stage, en alternance et continue, il a été soulevé l’importance de favoriser la formation des personnes tout au long de la vie et les reconversions de carrières à Mayotte ; ainsi que de former des cadres dans le domaine de la recherche, qui soient capables de répondre aux problématiques du territoire pour assurer son développement durable. Il faut également développer la visibilité de l’accueil des stagiaires de Master dans des structures non académiques et les thèses (co) financées par le Conseil départemental de Mayotte.

    Pour la capacité d’accueil et de formation des structures d’enseignement et de recherche, il serait également nécessaire de renforcer par la formation à la recherche les partenariats public-privé et l’innovation, de favoriser l’interdisciplinarité au sein et entre les domaines Sciences Technologies Santé et Sciences Humaines et Sociales, et d’assurer l’intégration des outils de la pédagogie numérique et de l’autoformation. Il faudrait également développer une Université de plein exercice à Mayotte pour augmenter la capacité d’accueil des masters et améliorer les conditions d’accueil des jeunes chercheurs (thèses et post-doctorants).

  • Les métiers de la mer sont globalement faiblement attractifs à l’échelle des territoires du bassin. En effet, les risques liés à la pratique de l’océan ont longtemps détourné les Réunionnais des activités maritimes, et à Mayotte, la culture est davantage tournée vers la terre que vers la mer (peu d’activités sur la mer proposées à la jeunesse, peu d’attractivité des filières maritimes auprès des jeunes…).
     

    À La Réunion, plusieurs secteurs liés aux activités maritimes sont en cours de développement, mais ne représentent pas encore une activité économique significative pour l’île. Cependant, plusieurs facteurs favorisent un intérêt croissant pour ces métiers maritimes, comme la journée de la mer, le développement de l’activité portuaire et de réparation navale ainsi que des métiers liés à la recherche, la construction de la nouvelle route du littoral (NRL), les actions de sensibilisation à l’environnement marin des enfants et du grand public, etc. À La Réunion, il s’agit surtout de sensibiliser les habitants du territoire et de valoriser les métiers de la mer afin d’anticiper et d’accompagner le développement des activités maritimes génératrices d’emplois.
     
    À Mayotte, le développement et la valorisation des activités nautiques et des métiers de la mer restent conditionnés à la présence d’investisseurs ainsi qu’à l’acquisition de compétences.

  • Le constat montre qu’une grande partie des acteurs (adultes, scolaires, décideurs ou politiques…) n’a pas suffisamment conscience et connaissance des enjeux environnementaux des milieux insulaires dans lesquels ils évoluent. Afin d’y pallier, de nombreuses structures sont mobilisées pour la sensibilisation, la communication et l’éducation à la mer.
     

    À Mayotte, il s’agit, par exemple, du Parc naturel marin de Mayotte (PNMM), d’associations (Naturalistes de Mayotte, Mayotte Nature Environnement, Oulanga Na Nyamba…) ainsi que d’opérateurs nautiques. Ainsi, à titre d’exemple, des outils existent comme le réseau de sciences participatives TsiÔno ou les actions de communication autour des suivis du REMMAT (communication sur les mammifères marins et les tortues du lagon) ainsi que d’autres outils pédagogiques disponibles pour les scolaires sur d’autres thématiques. D’autre part, le master du CUFR formant les enseignants du premier degré offre aussi la possibilité aux professeurs stagiaires de sensibiliser leurs classes aux questions relatives à la mer et au littoral. Malgré cela, la sensibilisation de tous les acteurs aux enjeux de la protection de la mer est encore minime.
     

    À La Réunion, une certaine méfiance vis-à-vis de l’océan a toujours prévalu. Face aux pressions multiples s’exerçant sur le littoral réunionnais, et aux impacts sur les milieux récifaux, les associations de protection de la nature, (SREPEN et Vie Océane notamment) et les scientifiques, se sont fortement mobilisés. Il existe aujourd’hui une grande diversité d’acteurs impliqués dans les actions de sensibilisation et d’éducation au milieu marin. Il s’agit par exemple de :

    • L’Éducation nationale, qui poursuit le développement de l’éducation à la mer dans les établissements scolaires ;
    • Plusieurs acteurs généralistes, dont le Museum d’histoire naturelle de La Réunion, la Société d’étude ornithologique de La Réunion (SEOR), la Maison du sel, Kelonia (Observatoire des tortues marines), l’Université, l’IRD, la DEAL, les collectivités territoriales telles que la Région et le Département, les communautés de communes, le Parc national, le Conservatoire botanique de Mascarin, les TAAF ou Sciences Réunion, qui mènent de nombreuses actions d’information et de sensibilisation sur le milieu marin ;
    • Des acteurs spécialisés, comptants de nombreuses organisations, qui réalisent des actions de sensibilisation comme la Réserve nationale marine de La Réunion (RNMR), des associations, le réseau GRANDDIR, le Conservatoire du littoral, le Centre Jacques Tessier ; des expositions temporaires réalisées par différents acteurs tels que : Sciences Réunion, Globice, la RNMR, les TAAF, la SEOR ; des documentaires ou brochures ;
    • Des événements grands publics tels que le Festival de l’image sous-marine, les Journées de la Mer organisées par le Cluster-Maritime et la Fête de la Science ;
    • Des organismes professionnels et sportifs, tels que le grand port maritime de La Réunion (GPMDLR), le Cluster maritime, et les ligues sportives.
       

    Au sein des TAAF, les principaux acteurs sont les agents de la Direction de l’environnement, les agents de terrain (agents de la réserve naturelle des Terres australes françaises, agents de conservation de l’environnement à Europa et à Tromelin) et des bases et camps militaires, les contrôleurs et observateurs des pêches. Les TAAF participent régulièrement à des événements tournés vers le grand public (festivals, expositions, manifestations occasionnelles…) à La Réunion. Il existe également un partenariat entre les TAAF et le rectorat de La Réunion.

    Chaque rotation du navire Marion Dufresne II est également un moment privilégié que les agents de la Direction de l’environnement mettent à profit pour évoquer l’environnement des territoires, et faire prendre conscience aux passagers des enjeux de gestion et de meilleure protection de l’environnement.
    Sur les bases et camps militaires, les agents de terrain (agents de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises, agents de conservation de l’environnement à Europa et à Tromelin) sensibilisent en continu les personnes qui y séjournent à la biodiversité qui les entoure. Cette sensibilisation est aussi destinée aux quelques touristes qui visitent les îles.
     
    Afin d’accroître la prise de conscience des habitants sur le potentiel et la fragilité de la mer pour qu’ils adaptent leurs comportements, il est nécessaire de développer des plans d’actions et outils, et de s’appuyer sur des acteurs et partenaires ainsi que sur des associations locales.


 

Activités maritimes et littorales

Port de commerce de Longoni, Mayotte | © DMSOI

 
1er port français d’outre mer. Le port de La Réunion compte un trafic global de 5,6 millions de tonnes en 2017
200 opérations en 2016, dont 151 opérations de recherche et de sauvetage


 

  • À Mayotte, il s’agit d’un maillon indispensable de l’économie côtière qui contribue fortement à l’identité du littoral. La filière reste encore peu structurée, caractérisée par l’insuffisance de structures dédiées (appontements, lieux de débarquements, zone de stockage de bateaux). Le coût élevé du matériel ne facilite toutefois pas le développement de cette activité. Les professionnels de la pêche sont représentés par leurs élus à la CAPAM (chambre d’agriculture) par une commission pêche et aquaculture qui assure en partie le rôle du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) dont la création est prévue pour 2021.
     

    À La Réunion, la filière occupe encore une place limitée. Le CRPMEM, chambre consulaire des pêcheurs et premiers acheteurs, pilote des actions dans le domaine de la gestion des ressources et des droits d’accès aux pêcheries. Il peut exister des conflits d’usage et d’intérêts entre les pêcheurs professionnels et les pêcheurs de loisir car certains commercialisent illégalement leurs captures dans les circuits parallèles et concurrents. Certaines espèces donnent des signes de surexploitation. L’association réunionnaise interprofessionnelle de la pêche et de l’aquaculture (ARIPA) rassemble une grande partie des opérateurs, de l’amont à l’aval, autour d’une stratégie commune de mise en marché des produits.
     
    La pêche australe (pêche à la légine à Kerguelen et Crozet, à la langouste et aux poissons à Saint-Paul et Amsterdam) constitue le deuxième secteur d’exportation de La Réunion, après la filière canne-sucre.

    Transformation et commercialisation des produits de la mer
    À Mayotte, la vente de poissons à la sauvette (sur la plage, au bord des routes, à même le sol, dans des brouettes ou sur des étals de palettes) reste importante. Toutefois, la filière tend à se structurer via les poissonneries, exploitées par des COVIPEM (comités villageois de pêcheurs mahorais) et des entrepreneurs individuels. L’activité de transformation de la pêche est inexistante.

    À La Réunion, le marché des produits de la mer est structuré, avec une filière aval bien organisée. Le marché est entièrement ouvert à la concurrence mondiale, qui privilégie le prix à la qualité et travaille en dollars.

    Les pêcheurs artisans en souffrent, notamment du fait du faible coût des importations et de la main d’œuvre étrangère. La variabilité des apports, très dépendants des conditions météorologiques, pénalise par ailleurs la petite pêche côtière. Un plan d’avenir de la pêche réunionnaise est en cours d’élaboration. Le risque de délocalisation des entreprises réunionnaises existe notamment à cause des normes, des conditions de production, nationales ou communautaires, qui surenchérissent de quatre à cinq fois les coûts de production et de commercialisation des produits réunionnais.

    Pêche de loisir
    À Mayotte, 1357 navires de plaisance sont enregistrés au fichier, auxquels il convient d’ajouter 700 pirogues.
    Autorisés à n’effectuer qu’une pêche récréative, nombre de ces embarcations pratiquent néanmoins une concurrence déloyale vis-à-vis des navires de pêche inscrits au registre professionnel, ce qui déséquilibre la structuration de la filière par la vente informelle du produit de cette pêche.
    Un port de plaisance regroupant des sites de Mamoudzou et Dzaoudzi a une capacité d’accueil de 200 navires de plaisance. Le reste de la flottille est disséminé sur le littoral mahorais en mouillage forain.
     
    La pêche à pied reste une activité conséquente, notamment par la pêche au poulpe et par la pêche au Djarifa, pêche traditionnelle pratiqué par les femmes. À La Réunion, plusieurs types de pêche sont pratiqués : à pied sur le littoral, depuis le bord, à bord d’un navire ou sous-marine. Certaines pêches traditionnelles font partie de la culture réunionnaise, mais peu compatibles avec les objectifs de protection au sein de la réserve marine (RNMR), sont autorisées et encadrées par arrêté préfectoral. La pêche sous-marine en apnée est toutefois autorisée sur le pourtour de l’île, excepté dans les réserves marines.
    La commercialisation par les pêcheurs non professionnels est interdite.

    Aquaculture et biotechnologies marines
    L’aquaculture à Mayotte, qui a débuté en 1999 est représentée par six pisciculteurs (élevage d’ombrines) et un perliculteur de mabés (demi-perles nacrées) destinées au secteur de la bijouterie. Le secteur aquacole privatise plus de 250 000 m² sur le domaine public maritime et portuaire. Actuellement, l’activité piscicole est à l’arrêt, (liquidation judiciaire d’Aquamay) mais la nouvelle coopérative composée de quatre aquaculteurs sous l’égide du conseil départemental de Mayotte a un projet de construction d’écloserie et de nurseries à Dembéni.

    À La Réunion, l’aquaculture continentale a débuté dans les années 1990. A partir de 2013, de nouvelles filières de production ont pu émerger, comme la culture de microalgues (spiruline) qui bénéficie d’un marché local en pleine expansion mais dont la filière reste à consolider. L’activité d’aquaculture marine est inexistante depuis 2008, tandis que la production piscicole baisse de manière continue. Les producteurs ne réussissent pas encore à se fédérer autour de projets collectifs permettant leur développement, face à une concurrence mondiale de plus en plus exacerbée.

    Enfin, aucune tentative d’aquaculture n’a été entreprise dans les TAAF depuis 1993, à la suite d’une expérimentation infructueuse sur le plateau central de Kerguelen. Les biotechnologies marines constituent une filière naissante à La Réunion (un laboratoire de recherche possède une phytobanque) qui offre des perspectives d’emploi et de croissance.

  • Énergies marines renouvelables
      L’Outre-mer cumule des défis majeurs en matières énergétiques :
    • Le bilan carbone de l’outre-mer est à améliorer : seuls territoires continuant à être alimentés principalement par des* centrales thermiques au charbon et au fioul ;
    • Le coût de l’énergie est élevé ;
    • L’outre-mer dépend à 90% des ressources fossiles importées.

    La superficie de la France ultramarine lui permet toutefois d’être dotée de ressources
    naturelles pour développer toutes les technologies liées à l’énergie des mers, considérée comme non intermittente.

    Mayotte connaît une forte croissance pour ses besoins électriques, notamment en raison de la généralisation des climatiseurs, et importe aujourd’hui l’ensemble des hydrocarbures dont l’archipel a besoin. À Mayotte et à La Réunion, les EMR sont appelées à croître. Toutefois, il existe plusieurs freins au développement de ces énergies tels que la rentabilité économique, le contexte climatique (houles cycloniques), l’état de maturité de la filière…
    Le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie validé en novembre 2020 prévoit pour La Réunion :

    • pour la production de froid : la prise en compte du SWAC sud à l’horizon 2023 pour une économie de l’ordre de 9 Gwhe/an ;
    • pour la production d’électricité : l’éolien off-shore pour 0 à 40 MW à l’horizon 2028, l’Energie thermique des mers pour 2 MW en 2023 et 2 à 5 en 2028, le houlomoteur pour 0 à 5 MW en 2028 et de l’ORC pour 0 à 0,3 MW en 2028.
       
      Dans les TAAF, le coût important du gazole, et l’absence de quai en eau profonde pour le ravitaillement des bases, nécessitent une logistique complexe et onéreuse. Pour pouvoir être développées les EMR doivent être des alternatives simples d’usage : il faut disposer des compétences et moyens permettant leur exploitation et maintenance sur ces sites isolés.

    Activités pétrolières et gazières offshore
    Dans les TAAF, ces activités sont réglementées par les codes de l’environnement et code minier, et sont sujettes à des conventions internationales. Deux permis de recherche de mines d’hydrocarbures liquides ou gazeux avaient été délivrés le 22 décembre 2008 pour cinq ans dans la ZEE de l’île Juan de Nova et sont caducs.
    La Loi du 30 décembre 2017 prévoit toutefois que les concessions d’exploitation existantes ne puissent pas être renouvelées au-delà de 2040. Deux demandes de permis d’exploration dans la ZEE de l’île Europa, déposées en 2013 et 2017, et une demande d’APP dans la ZEE des îles Glorieuses, déposée en 2014, ont fait l’objet d’un rejet.

  • Ports de commerce
      Les ports de La Réunion et de Mayotte constituent des vecteurs maritimes économiques et logistiques essentiels. La quasi-totalité des matières premières, des produits énergétiques, des biens intermédiaires et des biens de consommation y transitent.

    Port Réunion est composé de deux sites distants de 3 km. Le Port Ouest, créé en 1886, accueille les activités de pêche et de plaisance, l’exportation et l’importation de certaines matières premières, et la base militaire dont la flotte opère dans une large partie de l’océan Indien et des TAAF. Le Port Est, créé en 1986, a vocation de port de commerce et concentre désormais l’essentiel des investissements. Il offre une meilleure performance en matière de sécurité, car protégé des aléas climatiques, et de sûreté, car aux normes ISPS (Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires). Port Réunion doit donc poursuivre ses investissements pour faire face à la forte croissance de trafic attendue, et se donner les meilleures chances pour occuper une place significative dans le commerce maritime régional.

    À Mayotte, le mouillage des Badamiers, situé sur Petite Terre, accueille les pétroliers ainsi que tout autre type de bâtiment en escale (militaire, scientifique…). A Mamoudzou, un ponton est dédié exclusivement à l’accueil des navires de croisière en escale. Le port de Longoni, construit en 1992, est un port « en eaux profondes ». La société Mayotte Channel Gateway (MCG) a pour ambition de l’ériger en « hub européen de référence dans le canal du Mozambique » en moins de cinq ans. Ce projet répond à une volonté de donner une nouvelle dynamique à l’activité portuaire, de moderniser le port, et de réhabiliter et améliorer les capacités des infrastructures existantes. Il doit également permettre une plus grande cohésion entre les différents acteurs sociaux-économiques intervenant dans le port.

    Transports et services maritimes
    Le transport maritime est important sur l’ensemble du bassin. Il occupe une place de premier plan à La Réunion et concerne principalement les marchandises. À cela
    s’ajoutent les rotations du Marion Dufresne pour le ravitaillement des TAAF, les navires militaires et la croisière. La montée en puissance de la zone océan Indien par la massification du transport maritime sur l’axe Asie/Afrique a conduit les compagnies maritimes à créer, à La Réunion et dans la zone, des « hubs » de transbordement ce qui s’est traduit par un renforcement significatif de la connectivité maritime de Port Réunion.

    Le port peut jouer un rôle dans la sécurisation des flux logistiques entre l’Asie et l’Afrique, en mettant en valeur la qualité de sa connectivité portuaire mais aussi la sécurité logistique, juridique et financière qu’offre son statut de Région Ultrapériphérique d’Europe. Le GPMDLR étudie les possibilités de promotion de la destination Réunion en lien avec les autres ports de l’océan Indien pour l’accueil de navires de croisière de capacité intermédiaire compte tenu du contexte sanitaire nouveau et des capacités d’accueil des territoires.
    Dans son projet stratégique 2019-2023, le GPMDLR envisage ainsi son développement sur deux axes, celui d’un port responsable, engagé dans la transition énergétique et écologique du territoire, et celui d’un port rayonnant, positionné comme hub innovant, compétitif et fiable.

    À Mayotte, le Conseil départemental a engagé une démarche pour la création de lignes de transports maritimes de voyageurs intra-îles comme alternative à l’engorgement du réseau routier vers Mamoudzou.
    Le transport régulier de passagers, de véhicules et de marchandises entre Petite Terre et Grande Terre est assuré par le service des transports maritimes du conseil départemental. Le transport de passagers entre Mayotte et les îles des Comores est assuré par la compagnie SGTM et la société Cruise Line océan Indien.
    Le transport de marchandises a connu une réorganisation de la desserte « feeder » par CMA/CGM pour effectuer une nouvelle rotation entre Mayotte, les Comores et le Mozambique. La COI a, par ailleurs, engagé une réflexion depuis 2009 sur la faisabilité de création d’un système régional de cabotage maritime pour améliorer la connectivité maritime. Ce projet semble actuellement en stand-by.
    Le projet de terminaux gaziers au Mozambique, au budget considérable, devrait générer des besoins logistiques dans les ports de la zone. Par leur niveau de sécurité et la stabilité politique, les ports français présentent des atouts pour capter quelques parts de marché.

    Travaux publics maritimes
    Le Port de Longoni présente un état dégradé des infrastructures portuaires, notamment sur le quai n°1 et le quai de servitude, construits en 1990, et dans une moindre mesure, sur le terminal pétrolier et gazier. Les travaux qui seront entrepris dans la période 2020-2025 prévoient la prolongation du quai n°1 jusqu’au quai de servitude. Un projet d’agrandissement de l’emprise de la DSP pourrait être mené. Financés par Total, les travaux subaquatiques notables ont concerné principalement le remplacement du pipe du terminal pétrolier des Badamiers.

    Le chenal d’entrée au Port Ouest de La Réunion subit un engravement régulier issu du transit des matériaux apportés par la Rivière des Galets. Afin de garantir la continuité des opérations commerciales, le GPMDLR est contraint à des travaux réguliers de dragage. Plus au nord, entre 1886 et 1996, l’érosion du rivage de la Pointe des Galets a été permanente et importante.
    Le GPMDLR étudie avec le Cerema et en partenariat avec l’État et les collectivités concernées, les solutions opérationnelles de dragage et renforcement des ouvrages de protection afin d’arrêter une stratégie de long terme pour la gestion du trait de côte.
    Dans les TAAF, le premier ouvrage a été édifié en 1952 aux Kerguelen. En 2015, le quai de Kerguelen a été réhabilité pour répondre aux contraintes climatiques, logistiques et techniques. Suivant une vision à long terme, il serait intéressant que les quais de Crozet et Amsterdam connaissent aussi une refonte.

    Construction et réparation navale
    Au niveau du bassin, la construction navale est quasi voire totalement inexistante.
    À Mayotte, la société Mayotte Plastique avait lancé la production de barques de pêche aux normes européennes mais, plus lourdes et moins économes, ces dernières n’ont pas su trouver leur place. Seuls trois ateliers de réparation de navires existent à Mayotte et il n’existe aucune solution locale de traitement des déchets, ni de déconstruction des bateaux de plaisance hors d’usage (BPHU). Les impacts environnementaux et les risques sanitaires font encore l’objet d’une gestion diffuse.

    À La Réunion, il existe une activité de réparation navale. Une partie non négligeable des travaux à flot s’effectue au Port Ouest et représente 80% des prestations de réparation navale. La filière est composée de quelques PME spécialisées (électronique, tuyauterie, chaudronnerie, etc.). Piriou Réunion, qui apporte son expertise en matière de coordination de métiers, et ENDEL Réunion qui possède une activité de réparation navale militaire, se sont récemment implantés. Leur présence pourrait générer la relance d’une interprofession de la réparation navale qui pourrait permettre de conserver localement une partie substantielle des marchés de réparation navale de la Marine nationale, mais aussi de la pêche hauturière et des navires à passagers.
     
    Les TAAF sont aussi concernées, du fait de l’entretien fréquent nécessaire pour leur navire ravitailleur, le Marion Dufresne.
    Le développement d’une filière de maintenance navale, s’appuyant sur une nouvelle aire de carénage de plus grande capacité, présente un réel intérêt économique et social. Actuellement, une part importante des navires est carénée à l’étranger du fait d’une capacité limitée des infrastructures réunionnaises (63 m et 800 tonnes).

    Surveillance des activités et du milieu marin
    La surveillance est assurée par plusieurs administrations faisant partie du dispositif de l’action de l’État en mer sous la coordination du Délégué du gouvernement pour l’action de l’État en mer : Gendarmerie nationale, Marine Nationale, Gendarmerie maritime, Direction de la mer Sud océan Indien (ex-Affaires maritimes) avec notamment le CROSS, et le personnel des aires marines protégées. Depuis 2017, il existe un « Plan de surveillance et de contrôle des activités pour la protection du milieu marin » (PSCMM) pour le bassin Sud océan Indien en complément du Plan régional de contrôle des pêches (PRCP). Il existe également des polices de l’environnement sur les différents territoires.

    Mayotte ne dispose pas de plan de balisage et les plages les plus fréquentées ne sont pas surveillées. Les mises à l’eau, à partir de navires à utilisation commerciale, sont également problématiques en l’absence d’un encadrement approprié. Après une décennie peu marquée par les attaques de requins, La Réunion a dû faire face à une multiplication des attaques sur le littoral Ouest depuis 2010, ce qui a impacté la fréquentation des plages et concentré l’activité balnéaire sur les plages protégées du lagon.. Par ailleurs, la surveillance des loisirs nautiques et des aires marines protégées apparaît insuffisante.

    Dans les ZEE des îles Éparses, les efforts entrepris pour lutter contre la présence épisodique de pêches illégales (navires non autorisés, pêche dans des zones interdites, etc.) doivent être maintenus voire renforcés. L’épuisement des stocks dans le canal du Mozambique, notamment des grands migrateurs comme les thons, risque en effet d’accentuer la pression de pêche illégale dans les ZEE françaises.
    Les TAAF disposent, en outre, d’un niveau élevé de protection de la biodiversité marine. Les nombreux moyens de contrôle déployés dans la zone permettent de construire une véritable police de l’environnement marin. La prévention et la lutte contre les pollutions maritimes volontaires ou accidentelles sont également un enjeu clé de la surveillance des activités et du milieu marin.

  • La mise en service en 2009 d’un câble internet sous-marin à fibre optique « LION 2 » a marqué l’entrée de Mayotte dans l’ère numérique haut débit. Le tracé exact et à jour des câbles dédiés à la fibre optique, ainsi que le positionnement exact des émissaires en mer ne sont pas connus, tout comme leur état d’entretien. La Réunion est actuellement reliée au réseau mondial numérique par le câble sous-marin SAFE, reliant Melkbosstrand en Afrique du Sud à Penang en Malaisie. Le débit a toutefois subi de nombreux ralentissements à la suite d’effondrements sous-marins.

    Afin d’améliorer la connectivité régionale, un accord de coopération a été signé en 2016 entre les différents opérateurs de l’océan Indien concernant le lancement d’un nouveau câble sous-marin « METISS », qui relie La Réunion, Maurice, Madagascar, l’Afrique du Sud.

    Dans les TAAF, un seul type de câble sous-marin a été déployé : celui composant le système de la station hydroacoustique HA04. Aucun autre câblage sous-marin ou canalisation ne sont prévus car l’ensemble des systèmes de télécommunication ou d’approvisionnement (électricité, eau potable, hydrocarbure…) s’effectue par ravitaillement naval ou par le biais d’installations indépendantes pour chaque île.

  • Tourisme
      A Mayotte et à La Réunion, l’activité touristique liée à la mer est importante et essentiellement orientée autour des récifs coralliens de l’île. Selon le rapport de l’Institut d’émission des départements d’Outre mer (IEDOM) de 2016, les structures d’hébergement sont peu nombreuses et recrutent peu. À La Réunion, hormis la navigation de plaisance et les activités subaquatiques, peu d’activités se déroulentsur les zones non-récifales du fait des vents d’alizés qui rendent le milieu inhospitalier. Des efforts en matière de protection de la biodiversité ont été réalisés et concrétisés par : l’obtention d’un label du Pavillon bleu pour 3 plages de Saint-Gilles, la création de la RNMR en 2007 dans laquelle se trouve les plages et récifs coralliens, et l’obtention en 2014 de la Palme IFRECOR pour la mairie de Saint-Paul à La Réunion et le département de Mayotte.
     

    L’Association des « Iles Vanille » regroupe six îles du bassin (Maurice, La Réunion, Madagascar, Mayotte, les Comores et les Seychelles). Depuis 2014, elle centre son action sur le développement du secteur de la croisière, plus particulièrement les combinés inter-îles, avec l’objectif d’atteindre 50 000 passagers en 2020.
     
    Le tourisme est un secteur très marginal dans les TAAF, mais permet de contribuer à leur financement dès lors qu’il est compatible et en adéquation avec les objectifs de développement durable. À bord du Marion Dufresne, l’activité touristique est axée sur la découverte des missions quotidiennes des TAAF et des personnels détachés sur les bases. La collectivité ouvre également la possibilité aux plaisanciers d’accéder à son territoire de manière strictement encadrée. Elle envisage de développer des partenariats privilégiés avec des prestataires touristiques de plaisance, comme elle l’a déjà fait avec la compagnie PONANT.

    Activités balnéaires et fréquentation des plages
    Mayotte bénéficie d’un ensoleillement toute l’année. Les plages constituent donc un potentiel économique et touristique, mais sont encore peu aménagées et peu fréquentées. Elles sont toutefois particulièrement prisées par les opérateurs nautiques et par les plaisanciers. Il est possible d’aller observer à faible profondeur les paysages sous-marins et les peuplements récifaux, qui constituent des sites d’alimentation pour les tortues marines, que les nageurs ont la possibilité de croiser et d’observer régulièrement. La pratique d’activités balnéaires est assez récente, chez les mahorais, car beaucoup ne savent pas nager, et concerne essentiellement les jeunes qui sont incités, par le biais des programmes d’éducation physique et sportive ou le développement d’évènements sportifs et compétitifs, à apprivoiser ce milieu qui leur semble culturellement hostile. Les mahorais fréquentent davantage les arrières-plages pour la pratique du voulé, un rassemblement convivial autour d’un repas à base de grillades.

    La Réunion ne compte que 40 km de plages, et l’activité de baignade est concentrée au niveau des lagons situés sur les côtes Ouest et Sud de l’île et dans quelques bassins de baignade où les pics de fréquentation justifient l’aménagement de nouvelles zones sur l’ensemble de l’île comme prévu dans le Schéma d’aménagement régional (SAR). En dehors de ces zones, la côte est globalement hostile. Toutefois, la sensibilité écologique de ces milieux nécessite l’aménagement de nouvelles zones de baignade, de façon à accroître le potentiel de baignade avec des activités diversifiées et dans des conditions sécurisées. Le risque requin a un impact substantiel sur la baignade et sur le chiffre d’affaires, qui a chuté de 20 à 30% durant cette dernière décennie. L’arrière-plage est souvent l’occasion de campements informels très fréquentés. Le camping de l’Ermitage, qui offre une alternative au camping sauvage, rencontre un succès important mais aussi une saturation des emplacements.

    Artificialisation des territoires littoraux
    À Mayotte, il est nécessaire d’attirer de nouvelles activités dans des espaces déjà artificialisés, en faisant respecter les servitudes transversales et longitudinales prévues par le code de l’urbanisme et les accès aux plages et au rivage de la mer. Cela doit se traduire également par le développement de sentiers de promenade ou des pistes cyclables le long du littoral, tout en proposant des points d’accueil mixte pour l’ensemble des usages (pêche, loisir, cabotage, transport maritime).

  • À Mayotte, l’accent est mis sur la nécessité de développer un tourisme différencié par rapport à l’offre existante dans l’océan Indien, en misant sur un écotourisme valorisant l’authenticité de l’île, et conciliant la mise en valeur du territoire.

    L’une des prestations touristiques les plus appréciées est l’observation des mammifères marins, pratiquée d’ailleurs depuis 1998. La concurrence entre les opérateurs s’est durcie, et les conflits d’usages se multiplient, en période de présence de baleines, en dépit de la charte d’approche des mammifères marins, élaborée en 1999 et transformée depuis en arrêté préfectoral. En outre, la randonnée subaquatique se pratique régulièrement dans le lagon.
    Les clubs de plongée sont prisés et sont demandeurs d’une diversification des sites de découverte subaquatique (ex. : cas d’épaves immergées). D’autres activités sont également pratiquées comme le kayak, la chasse sous-marine, le jet-ski, le ski nautique et le wakeboard.
     

    À La Réunion, l’attrait pour les activités nautiques se développe progressivement depuis les années 1970, malgré des restrictions réglementaires d’usages. Des activités similaires à Mayotte s’y pratiquent, en plus de la promenade en mer, la voile, du surf, du dragon boat, et du stand-up paddle.

    Il existe aujourd’hui six ports de plaisance réunionnais :

    • Le Port de la Pointe des Galets (550 anneaux dont 50 navires de pêche, géré par le TCO) : c’est le seul port à pouvoir accueillir des gros navires de plaisance mais qui présente des équipements vieillissants selon les usagers. De nombreuses dégradations et dépôts d’ordures sauvages sont constatées par manque de surveillance suffisante ;
    • Le Port de Saint-Gilles-les-Bains (360 anneaux dont 60 navires de pêche, géré par la CCIR jusqu’en 2022 puis par le TCO) : il est utilisé par les pêcheurs professionnels mais abrite aussi les ligues de voile, de plongée, de surf… ;
    • Le Port de Saint-Pierre (370 anneaux dont 30 navires de pêche, géré par la commune) : port de pêche et de plaisance, il bénéficie de réparations et d’entretiens réguliers, et de projets d’aménagements ;
    • Le Port de Saint-Leu (150 anneaux dont 10 navires de pêche, géré par le TCO) : historiquement dédié aux pêcheurs traditionnels, il est utilisé par les particuliers et professionnels exerçant d’autres activités. Un projet de réaménagement et d’extension est en cours ;
    • Le Port de Sainte-Rose (100 anneaux dont 12 navires de pêche, géré par la commune) : des travaux sont en cours pour augmenter la capacité d’accueil. Des équipements sont prévus ;
    • Le Port de Sainte-Marie (180 anneaux dont 19 navires de pêche, géré par la CINOR) : port de pêche et de plaisance, il a fait l’objet de travaux d’extension et de rénovation depuis 2018 pour renforcer la sécurité et limiter le phénomène d’ensablement.
       

    Concernant les bateaux, un certain nombre sont en mauvais état et devraient être détruits, mais il n’existe pas de filière de déconstruction navale à La Réunion. Certains sont également habités par des personnes qui y trouvent une alternative aux logements classiques.

  • À Mayotte comme à La Réunion, le patrimoine naturel marin exceptionnel (lagon de Mayotte, récif corallien frangeant à l’ouest et affleurements basaltiques à l’est de La Réunion, nombreuses espèces marines et côtières…) est particulièrement vulnérable mais primordial pour le maintien de la qualité de vie des Mahorais, car il joue un rôle majeur pour le développement de l’île (ressources en eau, ressources alimentaires, potentiel économique…).

    Ainsi, un certain nombre de structures œuvrent pour la protection de l’environnement et participent au soutien du développement économique local par la création d’emplois dans ce domaine, mais aussi en maintenant ou en développant la valeur écosystémique des milieux naturels (en particulier les récifs coralliens et écosystèmes associés) par la protection et en accompagnement du développement d’activités durables.

    Parmi les acteurs clés s’impliquant de manière directe ou indirecte dans la protection de l’environnement, on peut citer : les administrations et collectivités territoriales, les établissements publics (OFB, Conservatoire du littoral, BRGM…) et les gestionnaires des Parcs et réserves naturelles, sans oublier les entreprises privées (tri des déchets notamment) et nombreuses associations.

    Dans le cadre de leur mission prioritaire, les TAAF ont notamment mis en place différents outils de protection et de gestion tels que le Parc naturel marin des Glorieuses (2012) appelé à évoluer en réserve, et la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises et son périmètre de protection (se référer à la présentation du bassin).

    La collectivité est également responsable de la mise en œuvre des plans de gestion et d’actions associés, générateurs d’emplois. Ces activités permettent de mobiliser des moyens financiers et matériels complémentaires qui sont le plus généralement mutualisé aux bénéfices d’autres activités de la collectivité ou de ses partenaires sur les territoires.

  • À Mayotte, il existe différents systèmes de suivi scientifique, tels que le Réseau échouage mahorais de mammifères marins et tortues marines (REMMAT), le Système d’informations halieutiques (SIH), l’Observatoire des récifs coralliens, et le suivi de la qualité des eaux. Le PNMM, qui gère le REMMAT, pilote également de nombreux suivis scientifiques : Global Coral Reef Monitoring Network…).
     

    À La Réunion, les récifs coralliens sont également intégrés dans le réseau mondial de suivi des récifs coralliens (GCRMN) depuis 1998. D’autre part, des suivis sont réalisés en lien avec la Directive cadre sur l’eau (DCE). A Mayotte comme à La Réunion, un réseau de zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) marines est en cours de constitution, comptant déjà près d’une centaine de zones identifiées et documentées sur la base de l’INPN.

    Les TAAF sont le lieu de nombreuses activités de recherche des sciences de la vie aux sciences de l’univers, menées sur les bases : IRD, IPEV, Ifremer, CNRS, CNES… Dans les eaux de Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam, des contrôleurs de pêche, formés par les TAAF et le MNHN, sont systématiquement embarqués à bord des navires. Ils s’assurent du respect de la règlementation et participent au suivi scientifique des pêcheries australes, en collaboration avec les agents de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises qui sont embarqués plus ponctuellement sur les navires de pêche pour déployer des protocoles de suivi des ressources halieutiques et des écosystèmes marins.
    Dans les eaux des îles Éparses, des observateurs de pêche embarqués à bord des senneurs et palangriers contribuent au suivi scientifique de la pêcherie thonière. Leur présence permet le respect des mesures de gestion des ressources marines exploitées stipulées dans le droit international, national et territorial.

  • Aux menaces constantes comme la pêche illégale, qui peut se manifester par des incursions de navires de pêche dans les eaux françaises, s’ajoutent d’autres menaces ou paramètres à prendre en compte :
    • La multiplication des trafics illicites en raison de la faiblesse des pays de la zone ;
    • L’immigration illicite des Comores vers Mayotte ;
    • La menace terroriste potentielle ;
    • La piraterie au nord du bassin, limitée grâce aux moyens engagés mais qui reste significative ;
    • La contestation de la souveraineté de six îles françaises en zone tropicale ;
    • L’exercice du jeu des puissances émergentes dans la région (Inde et Chine multiplient les déploiements dans une volonté d’influence croissante) ;

    Dans ce contexte, la présence des moyens maritimes et aériens français est impérative pour affirmer la souveraineté de la France. La connaissance de la zone implique le partage de l’information et du renseignement entre les administrations, à l’échelle nationale et internationale, et nécessite un recueil d’informations dans les zones d’intérêt (ZEE des TAAF, zones de transit des trafics dans le nord de la région).


 

Changement climatique

+ de 50 catastrophes naturelles au cours de ces 20 dernières années dans l’océan Indien


 

  • L’océan Indien est la 3ème région du monde la plus touchée par des phénomènes naturels intenses, avec plus de 50 catastrophes naturelles au cours des vingt dernières années. Selon les scientifiques, le changement climatique est très probablement un facteur aggravant d’un ensemble de risques naturels déjà existants, et devrait provoquer une augmentation de leur fréquence et/ou de leur intensité.
      L’action combinée de la montée des eaux et d’évènements climatiques plus intenses augmente le risque de submersion marine pour Mayotte et La Réunion. Cela devrait avoir un impact également sur l’érosion côtière, avec pour conséquences un recul du trait de côte plus important, et un envasement plus rapide du lagon pour Mayotte.

    Le recul du trait de côte et la submersion sont déjà des problématiques majeures pour ces îles et le changement climatique en augmenterait donc les effets. En outre, le changement climatique entraîne un réchauffement et l’acidification des eaux. La récurrence de ces phénomènes affaiblit notamment les récifs coralliens (mortalité partielle par blanchissement des coraux, diminution de la croissance corallienne), ce qui constitue une problématique majeure pour les îles protégées par des récifs barrière, dont le rôle est important contre les fortes houles. Enfin, l’altération des écosystèmes coralliens entraîne aussi des modifications au niveau trophique et ressources halieutiques associées.
     

    La gestion durable des ressources est une problématique forte en contexte de changement climatique. En effet, ces modifications vont se traduire par des variations de l’ensoleillement, du régime de vents et surtout des précipitations, pouvant notamment mener à des changements dans les ressources en eau. Cela pourrait affecter La Réunion, avec de probables changements sur la saison estivale plus chaude, la saison hivernale plus venteuse, ainsi qu’une baisse globale de la fréquence des précipitations. Les conséquences amèneraient à des sécheresses plus fréquentes, et surtout à un déséquilibre plus fort en ressources en eau entre l’Ouest et l’Est de l’île.
    Cette problématique se pose également pour la gestion des ressources halieutiques (pêche). En effet, le changement climatique génère des variations de courants qui devraient mener à une modification des routes de migration, notamment celle du thon listao, l’une des espèces majoritairement pêchées dans l’océan Indien.
    Enfin, dans la recherche d’une réduction significative de notre empreinte carbone, il existe une nécessité forte de réduction de l’utilisation des énergies fossiles et, à terme, d’autonomie énergétique. Cette transition énergétique bénéficie d’atouts dans les îles du bassin du fait des conditions climatiques, hydrologiques et de la proximité avec la mer. La Réunion, notamment, affiche l’objectif d’atteindre l’autonomie énergétique d’ici 2030.

    Le changement climatique est également un facteur aggravant pour la problématique de santé publique, notamment concernant les épidémies. En effet, le changement climatique tend à élargir l’aire de répartition, la période et l’intensité des transmissions de maladies infectieuses transportées par les moustiques. Ces risques, combinés aux aléas climatiques et à la dégradation des récifs, peuvent également avoir un impact sur le tourisme d’agrément.

    L’une des problématiques majeures concerne enfin l’impact du changement climatique sur les écosystèmes et les espèces. Parmi les incidences identifiées, la migration des espèces peut être affectée, en lien notamment avec la modification des températures (terrestres ou marines), ce qui entraîne des modifications des niches écologiques (cas des habitats d’altitude) ou des voies migratoires. Les conséquences peuvent prendre la forme de variations des équilibres écologiques (cas des espèces exotiques envahissantes au détriment d’espèces indigènes). De plus, l’augmentation des évènements climatiques violents peut aussi provoquer la destruction de la végétation et l’érosion des plages, ce qui affecte certaines espèces comme les tortues marines pour la ponte.

  • Les eaux froides du Sud de l’océan Indien constituent des réservoirs de biodiversité précieux qui accueillent une faune menacée (30 % des espèces sont menacées selon l’UICN). Ainsi, l’augmentation des évènements climatiques violents sont susceptibles d’impacter les colonies d’oiseaux marins (érosion, végétation modifiée…). De plus, le déplacement des fronts océaniques modifie la répartition des espèces marines, ainsi que les zones d’alimentation des prédateurs supérieurs. Pour illustrer cette problématique, la distance parcourue par les manchots royaux pour s’alimenter, dont la plus grande population se reproduit dans les TAAF, pourrait doubler d’ici 2100, mettant en péril l’espèce.
     

    Pour ces îles éloignées, la faible présence humaine limite les impacts associés, ce qui permet d’obtenir des données pertinentes et fiables sur les impacts environnementaux et sur la biodiversité spécifique en lien avec les changements climatiques associés.
    Depuis plus de 50 ans, les séries de données temporelles offrent des opportunités uniques d’études sur le long terme pour le suivi de ces thématiques, ce qui positionne les TAAF comme un observatoire des changements globaux (nombreux programmes de recherches en cours, à l’échelle nationale ou internationale).

 

Pour en savoir plus

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