Les enjeux en Méditerranée

Un patrimoine maritime riche, des sites variés, des paysages au caractère singulier, 70% de la population dans la frange littorale, le poids du tourisme (120 000 emplois) et de l’économie résidentielle, le potentiel pour l’éolien flottant et Marseille 1er port français en volume.

Enjeux socio-économiques

La Méditerranée représente un support d’activités économiques d’une concentration sans égale au niveau mondial : 150 millions d’habitants dans les régions riveraines (200 millions à l’horizon 2020), 25 % du transport fret maritime international, 30 % du trafic pétrolier mondial, 31 % du tourisme international (DIRM Méditerranée, 2013). En matière de vivacité de son économie, la Méditerranée française bénéficie de ce contexte général et concentre dans les communes littorales de la façade près de la moitié des actifs des trois régions méditerranéennes et plus du tiers des emplois maritimes nationaux.

Les emplois de service sont importants sur la façade à l’inverse des emplois industriels et primaires qui sont moins nombreux en Méditerranée qu’ailleurs sur le littoral. La sphère d’économie présentielle est également très importante. La répartition des emplois maritimes entre activités y est plus déséquilibrée qu’au niveau national car les emplois touristiques représentent plus des deux tiers des emplois maritimes de la façade. Les trois principaux secteurs de l’économie maritime, hors tourisme, à savoir la pêche et l’aquaculture et leurs filières aval, la construction et la réparation navales, dont le nautisme, et les activités portuaires et de transport sont représentatifs sur la façade.

Les chiffres clés

  • 1,37 million d’actifs résident dans les communes littorales méditerranéennes
  • Marseille (362 500), Montpellier (200 400), Nice (147 100) et Toulon (70 600) pèsent plus de la moitié des actifs de la façade (60 %)
  • L’économie maritime génère près de 162 500 emplois sur la façade Avec 120 000 emplois maritimes sur les 409 000 que compte la France métropolitaine, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est la première région maritime française et concentre 8 emplois maritimes sur 10 sur la façade
  • Le tourisme littoral est le 1er employeur de l’économie maritime de la façade, représentant 72,5 % du total des emplois de la façade
  • Le transport maritime et fluvial, la construction et la réparation navales représentent l’essentiel des emplois maritimes, hors tourisme et défense
  • Hors secteur du tourisme, Marseille concentre environ 40 % de l’emploi maritime total de la façade.

Enjeux écologiques

La mer Méditerranée est une mer intercontinentale de 2,5 millions de kilomètres carrés composée de deux bassins, un occidental entre le détroit de Gibraltar et la Sicile et un oriental allant de la Sicile au canal de Suez.

« Point chaud » de biodiversité à l’échelle de la planète, la mer Méditerranée comprend des habitats remarquables (herbiers, notamment de Posidonie, fonds coralligènes, lagunes côtières, entre autres) accueillant plus de 17 000 espèces – soit 10 % des espèces répertoriées mondialement – alors qu’elle ne représente qu’1 % de la surface maritime du globe. Mer presque entièrement fermée faisant l’objet d’un faible rythme de renouvellement de ses eaux, elle est particulièrement vulnérable aux pressions extérieures et à l’introduction de facteurs exogènes.

Les eaux sous juridiction française en mer Méditerranée se trouvent dans une « zone d’importance écologique et biologique » au titre de la convention pour la diversité biologique, ratifiée par la France en juillet 1994. L’analyse des interactions avec le milieu et les politiques publiques concourant à la protection de celui-ci se trouvent dans les fiches des chapitres 1, 4 et 5.1 de la Convention sur la biodiversité biologique.

Les chiffres clés

  • La mer Méditerranée accueille 10 % des espèces marines sur moins de 1% de la surface globale des océans
  • Entre 20 et 30 % des espèces présentes en mer Méditerranée sont endémiques (particulières à la Méditerranée)
  • Plus de 40 % des eaux littorales en bon état écologiques (2013)
  • Près des deux tiers des eaux littorales en bon état chimiques (2013)

Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques

L’écosystème du bassin méditerranéen nord-occidental abrite, plusieurs habitats pélagiques particuliers qui structurent son fonctionnement. Il s’agit des zones d’interface terre-mer que sont les panaches fluviaux, les espaces de transition mer-lagune et les zones de remobilisation d’éléments nutritifs marins en provenance des eaux plus profondes. Ces phénomènes sont particulièrement importants en limite du plateau continental au niveau du talus océanique (tourbillons, upwellings, downwellings). Le détroit de Bonifacio, le Cap Corse et certains canyons (Lacaze-Duthiers, Cassidaigne, Stoechades, Saint Florent, Sagone et Ajaccio) sont, de par leur conformation et leur orientation, des secteurs d’échanges primordiaux entre les eaux de surface et les eaux profondes. Plus au large, sous l’effet des vents froids, d’importantes convections s’établissent entre les eaux refroidies en surface et les eaux plus profondes.

Les communautés planctoniques (végétales et animales) de la sous région marine et les réseaux trophiques qui en découlent sont très fortement conditionnées par ces habitats pélagiques. Les petits poissons pélagiques (sardine, sprat, anchois) sont un autre maillon clef de ces réseaux trophiques dont de nombreuses espèces dépendent directement pour accomplir leur cycle de vie. Depuis 2008, le fonctionnement des réseaux trophiques semble perturbé. Des évolutions des communautés zooplanctoniques dont l’origine est mal expliquée ont entraîné une chute importante des biomasses de petits pélagiques.

Habitats benthiques et structures géomorphologiques

La Méditerranée française est particulièrement représentative des habitats sédimentaires ; ils occupent près de 99 % du plateau et la quasi-totalité des abysses. Sur le plateau continental, les sédiments vaseux et détritiques recouvrent la quasi-totalité de l’étage circalittoral. Ils sont classiquement situés depuis les sables fins infralittoraux dans le golfe du Lion et les herbiers de posidonies dans les secteurs de Provence-Côte d’Azur et de Corse jusqu’aux limites du talus. Ces sédiments constituent des zones fonctionnelles primordiales pour nombre d’espèces halieutiques. Certains habitats biogéniques des fonds sédimentaires présentent également des biocénoses très diversifiées et vulnérables.

On signalera notamment les herbiers, les associations à maërl et à rhodolithes (présentes principalement en Corse et dans la rade d’Hyères, et sur de plus petites surfaces ailleurs dans le secteur Provence – Côte d’Azur) sur les fonds détritiques jusqu’à une quarantaine de mètres, mais aussi, les associations à pennatules, à gorgones Isidella elongata et à crinoïdes (ou comatules) sur les secteurs envasés du plateau au-delà de 40 mètres de profondeur.

A la limite du talus, dans le périmètre du Parc naturel marin du golfe du Lion, un système de dunes hydrauliques circalittorales constitue une structure singulière en Méditerranée.

Les espaces sédimentaires médiolittoraux sont restreints en Méditerranée française et principalement situés en Camargue et sur la côte orientale Corse.

L’habitat herbier à Posidonie est de l’étage infralittoral, écosystème-pivot de la bande littorale méditerranéenne. Il occupe près de 900 km² (soit 5 % du plateau continental) principalement répartis dans les secteurs Provence – Côte d’Azur et de Corse. Il offre de nombreuses fonctionnalités écologiques clefs : stabilisation et oxygénation des sédiments, lieux de frayères et nurseries, atténuation de l’hydrodynamisme, etc. Dans certaines conditions de houle et de courantologie, l’herbier se présente sous forme de « récifs barrières » ou d’herbier tigré qui constituent des habitats particulièrement vulnérables. La présence de grandes nacres, espèce caractéristique de l’herbier, est un bon indicateur des zones les moins soumises aux pressions physiques. Dans les zones plus abritées (lagunes et fonds de baie), des herbiers de cymodocées et de zostères peuvent se développer.

Les récifs représentent des surfaces plus faibles que les habitats sédimentaires mais qui peuvent s’étendre dans les trois dimensions notamment au niveau des tombants. Ils sont le support pour de nombreux habitats biogéniques qui présentent une diversité et une sensibilité importantes : les encorbellements ou « trottoirs » à Lithophyllum formés par des algues encroûtantes et les ceintures d’algue rouge (Rissoella verruculosa) en zone médiolittorale, les peuplements de cystoseires (en zone infralittorale, et médio), de Laminaire de Méditerranée (zone infralittorale) et le coralligène (en zone infralittorale et circalittorale). Ces biocénoses « tridimensionnelles » offrent des habitats pour tout un cortège d’espèces animales.

Plusieurs espèces, inféodées aux milieux rocheux, constituent des enjeux du fait de leur vulnérabilité : le corb, le mérou brun, la patelle géante, la grande cigale et la datte de mer. Ces espèces font toutes l’objet d’une protection réglementaire d’interdiction de prélèvement.

Les biocénoses récifales de Corse et de certaines parties du littoral Provence – Côte d’Azur sont particulièrement représentatives de l’habitat et bien conservées.

Les grottes marines constituent également des habitats particuliers liés notamment à la raréfaction de la lumière. Elles sont bien représentées dans les Bouches-du-Rhône et en Corse.

Le talus océanique avec notamment les canyons de Lacaze-Duthiers, Cassidaigne, Porto et Valinco et les monts sous-marins d’Asinara et du cap Corse présentent une faune fixée très diversifiée sur les secteurs rocheux (coraux blancs, jaunes, rouges et noirs, gorgones, éponges et huîtres). Les secteurs vaseux présentent également une faune diversifiée proche de celle observée sur le plateau (pennatules, gorgones et crinoïdes) avec notamment les canyons du Petit Rhône, de Couronne et de Saint Florent.

La plaine est constituée de sédiments fins. Sa partie centrale est marquée par des « hauts topographiques » formés par des accumulations de sels. Les écosystèmes associés à la plaine et à ces reliefs ne sont pas connus.

Zones fonctionnelles pour les espèces marines

Le golfe du Lion est la principale zone de concentration de l’avifaune marine (puffins, sternes, océanites, mouettes et goélands) en été et dans une moindre mesure en hiver. Le large est moins fréquenté mis à part par les océanites et les mouettes pygmées en hiver. Les eaux françaises constituent une zone majeure à l’échelle de la Méditerranée pour les cétacés reconnue en tant qu’Importante Marine Mamals Area (IMMA). Sept espèces sont régulièrement recensées : grands plongeurs (Rorqual commun et cachalot), dauphin bleu et blanc, dauphin de Risso globicéphale. Les zones de concentrations du grand dauphin, espèce principalement côtière, sont au niveau du golfe du Lion, au Cap Corse, dans les Bouches de Bonifacio, et de manière plus diffuse dans le secteur Provence – Côte d’Azur. La répartition est l’abondance des baleines à becs sont mal connues. Les eaux du large sont également fréquentées par les tortues caouannes (en été). Ces zones fonctionnelles pour les espèces sont inféodées aux habitats pélagiques présentés dans la première partie.

Les lagunes, les îles et les îlots de la façade Méditerranée constituent des secteurs importants pour la nidification de l’avifaune marine. Ceci lui confère une responsabilité importante pour la conservation de huit espèces marines (océanite tempête, puffin de yelkouan et scopoli, goéland d’Audouin, railleur et leucophée, sterne hansel et cormoran huppé) et pour le gravelot à collier interrompu en zone littorale.

Le golfe du Lion est un secteur majeur au niveau de la Méditerranée pour les nourriceries et frayères de poissons pélagiques (sprat, anchois, sardine, chinchard, merlu, thon) et démersaux (sole, grondin, rouget, etc. ). Les abords du talus présentent un intérêt particulier pour le merlu, le chinchard et les langoustines. En outre, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes en Méditerranée (raie blanche, ange de mer et mante de Méditerranée, squale-chagrin, requin taupe, requin pèlerin et peau-bleue par exemple). On signale également une zone de capture de pocheteau noir (également menacé) à l’Est de la Corse. Ces espèces représentent des enjeux de conservation très forts. Les eaux du large sont également fréquentées par les poissons pélagiques (thon rouge et espadon).

Enfin, le Rhône est une zone de transition importante pour certains amphihalins comme les aloses et les lamproies.

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