Les enjeux en Sud Atlantique

Plus de 720 km de linéaire côtier, des côtes rocheuses du Pays Basque à la mer des Pertuis, en passant par la côte sableuse des landes, et la Gironde plus grand estuaire d’Europe, des ports maritimes, une forte activité touristique et une économie maritime forte également des industries navales et nautiques, de la pêche et de l’aquaculture.

La façade Sud-Atlantique s’étend du Nord au Sud sur plus de 720 km de linéaire côtier. Cela représente 14 % de l’ensemble du linéaire côtier métropolitain. Elle s’étire au Nord de la commune de Charron en Charente-Maritime, dans la baie de l’Aiguillon jusqu’à la commune d’Hendaye au Sud, dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle comprend les quatre départements littoraux de la région Nouvelle-Aquitaine, soit respectivement la Charente-Maritime, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Le littoral de la façade concentre 550 000 habitants, répartis sur les 140 communes littorales. Parmi celles-ci, 40 bordent un estuaire (Charente, Seudre, Gironde ou Adour) ou un étang rétro-littoral.

Les eaux maritimes de la façade font partie intégrante de la sous -région marine « Golfe de Gascogne » et couvrent un peu moins d’un quart de l’ensemble des eaux métropolitaines, soit 90.000 km² dans les limites de la zone économique exclusive (ZEE). Quatre grands secteurs peuvent être distingués au sein de ces eaux :

  • le plateau continental caractérisé par une pente douce et peu d’irrégularités, et des fonds allant de 0 à 200 mètres de profondeur. Il se rétrécit progressivement vers le sud de la façade (plus de 200 km au nord contre 50 km au sud) ;
  • la marge continentale qui se présente sous la forme d’un talus abrupt permettant d’atteindre des fonds jusqu’à -4000 mètres en seulement quelques dizaines de kilomètres et présentant de nombreux canyons sous-marins ;
  • la plaine abyssale, au-delà du plateau continental, dont les profondeurs sont à des niveaux encore inférieurs ;
  • le Gouf de Capbreton, en limite sud du Golfe de Gascogne, est un long canyon qui entaille le plateau continental. Il commence à quelques centaines de mètres de l’entrée du port de Capbreton et s’étend à l’ouest sur plus de 250 km dans les eaux espagnoles.

 

Les enjeux socio-économiques

L’économie maritime en Nouvelle-Aquitaine constitue une spécificité notable de l’économie régionale et génère plus de 49 000 emplois, soit 2,1 % de l’emploi régional (Source INSEE 2015 – direction régionale d’Aquitaine). Dans la région Nouvelle-Aquitaine, le tourisme littoral représente plus de 60 % des emplois maritimes. Le domaine des produits de la mer est le deuxième employeur, avec 9000 emplois. La filière de la construction et réparation de navires est bien représentée avec 3900 emplois. Le domaine du transport maritime et fluvial représente moins de 5 % de l’emploi maritime régional équivalent à celui de l’intervention publique, qui totalise 2300 emplois, particulièrement représentés dans les activités de défense.

En termes de démographie, la façade atlantique présente une densité de population de 198 hab./km², inférieure à celle des communes littorales métropolitaines (285 hab./km²). Elle est en revanche une fois et demi supérieure à celle de la moyenne hexagonale (118 hab./km²). Cette densité de population est en augmentation continue et soutenue. Sa répartition géographique est hétérogène sur l’ensemble de la façade. Elle se caractérise par une forte proportion de personnes âgées et un indice de vieillissement de 1,26 contre 0,99 en France métropolitaine.

Pour en savoir plus :
Atlas mer et littoral 2022 Sud-Atlantique
 Cartothèque de la façade Sud-Atlantique. - Direction Interrégionale de la mer Sud-Atlantique (developpement-durable.gouv.fr)

 

Les enjeux écologiques

 

Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques

Plusieurs habitats pélagiques particuliers ont été identifiés au Sud de la sous région marine golfe de Gascogne : la zone frontale associée au talus océanique, la zone d’upwellings côtiers au droit des côtes girondines et landaise, les panaches estuariens (Girondes et Adour) et les secteurs d’interface terre mer (Pertuis charentais, estuaire de la gironde, bassin d’Arcachon).

Ces secteurs sont le siège d’une production primaire et secondaire importante qui structure les réseaux trophiques de la façade. Les petits poissons pélagiques (notamment le maquereau et la sardine) y occupent également une place centrale.

Habitats benthiques et structures géomorphologiques

La sous région marine est particulièrement représentative des habitats sédimentaires qui occupent plus de 95% des fonds du plateau.
Les zones sous influence océanique (côtes girondines et landaises, plateau continental) couvrent les quatre cinquièmes des surfaces et sont caractérisées par des sédiments sableux allant des sables fins aux sables grossiers.

Les zones plus abritées (pertuis, baies et estuaires) sont caractérisées par des sédiments fins plus ou moins envasées. Les plus grands herbiers français de zostères naines s’y développent (Arcachon et mer des pertuis) ainsi que les herbiers du haut schorre (pertuis) et d’autres habitats biogéniques de surfaces plus limitées : bancs de maërl (pertuis), huitres plates et herbiers de zostères marines (Arcachon).

En outre, les pertuis charentais et la Gironde sont le secteur le plus important de la sous région marine pour les vasières infralittorales et intertidales et présentent, plus au large, deux vasières circalittorales de taille remarquable. La présence de pennatules atteste des zones les moins perturbées. Les récifs couvrent des étendues plus limitées sur les côtes Ouest des îles de Ré et d’Oléron, au Sud de l’embouchure de la Gironde, sur la côte basque et au niveau du plateau de Rochebonne. En zone intertidale et subtidale, ils sont colonisés par les fucales et les laminaires qui sont des habitats fonctionnels pour nombre d’espèces halieutiques.

Les estrans rocheux de la façade (Pertuis, Arcachon, côtes Basques) sont également colonisés par des plaquages d’hermelles qui présentent une diversité et une sensibilité importante.

Les récifs basques, comme le plateau de Rochebonne, de part leur isolement, leur localisation méridionale et leur exposition à la houle, présentent une composition algale et animale originale. Les fortes variations bathymétriques (allant de – 80 à – 3 mètres) sont à l’origine d’une grande diversité d’habitats.

Au Sud de la sous région marine, à la limite du plateau, des structures rocheuses carbonatées formées par des émissions de méthane froid présentent une faune typique. Ces formations correspondent au seul site de l’habitat Natura 2000 « structures sous-marines formées par des émissions de gaz » en France.

Le secteur Sud du talus océanique présente une faune fixée très diversifiée (gorgones, crinoïdes, éponges et huîtres) bien que les récifs de coraux blancs y sont moins abondants que dans la partie Nord du golfe. Chaque canyon constitue un hot spot de biodiversité et présente un fonctionnement écologique spécifique. Le canyon du Gouf Cap Breton, à proximité de la côte, constitue une particularité au niveau mondial puisque seule une trentaine de canyons « côtiers » ont été recensés dans le monde. Les échanges hydrologiques et sédimentaires avec la côte y sont importants et permettent le développement d’une faune très particulière. Le canyon d’Ars est également remarquable par la diversité des habitats présents.

En contrebas du talus à la frontière espagnole, par plus de 1000 mètres de profondeur, le haut plateau landais est composé de vases bathyales. Il est colonisé par les gorgones, les pennatules et quelques coraux solitaires. On y observe un autre type de structures formées par les émissions de gaz appelé « pockmark ».

La plaine abyssale est constituée de sédiments fins. Trois éventails profonds sont formés par les arrivées de sédiments en provenance du plateau. Au sud du secteur, le dôme de Gascogne est un mont sous marin de 500 mètres de hauteur situé à plus de 4000 mètres de profondeur. Les écosystèmes associés à la plaine et à ce mont ne sont pas connus.

Zones fonctionnelles pour les espèces marines

La façade possède une responsabilité au niveau européen pour la conservation des poissons amphihalins avec l’estuaire de la Gironde et celui de l’Adour ; la Gironde étant le dernier fleuve fréquenté par l’Esturgeon européen. Les effectifs d’aloses, de lamproies, de saumons et d’anguilles sont très significatifs. Des nourriceries d’aloses et d’esturgeons ont été identifiées dans les eaux côtières de la sous région marine.

Le Sud du golfe de Gascogne constitue également une zone majeure en Europe pour les grands cétacés (baleines à bec, rorqual commun, globicéphale noir, cachalot) ; les concentrations d’espèces observées sont parmi les plus fortes d’Europe. On les observe en particulier à proximité du talus et dans la strate océanique où ces espèces exploitent la couche profonde de dispersion (riche en nutriments et en zooplancton). Les petits delphinidés sont présents en abondance au large et sur le plateau. Une zone de concentration de l’avifaune est identifiée en hiver au niveau du Gouf Cap Breton et à la côte, également fréquentée par le puffin des Baléares (menacé au niveau mondial) en période internuptiale. Cet intérêt ornithologique est vraisemblablement lié aux remontées de nutriments au niveau du talus, aux panaches fluviaux de la Gironde et de l’Adour et aux phénomènes d’upwelling côtiers.

Sur l’estran, cinq sites d’hivernage (4 dans la mer des pertuis et le bassin d’Arcachon) présentent des effectifs d’oiseaux importants au niveau international. Les sites de nidification de l’avifaune marine présentent des effectifs assez modestes mis à part ceux du banc d’Arguin et de l’île de Ré.

Pour les espèces halieutiques, les milieux vaseux sous l’influence des panaches estuariens, les baies et les herbiers du schorre sont des secteurs majeurs de nourriceries (céteau, plie, sole, anchois, anguille, bar, griset, maigre, raies, sardine…) et de frayères (anchois, sardine, bar, griset, maigre, raies, seiche, sole, sprat).

Les côtes girondines et landaises sont également des zones fonctionnelles pour les espèces pélagiques (anchois, sardine, chinchard, maquereau, merlu, sprat).

Enfin, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes au sein de la sous région marine (raie blanche, ange de mer et pocheteaux par exemple). La mer des pertuis, le bassin d’Arcachon le talus et le plateau de Rochebonne sont des secteurs historiquement importants pour ces espèces.

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