Industries de la mer et innovations

Relèvent de l’industrie les activités économiques qui combinent des facteurs de production (installations, approvisionnements, travail, savoir) pour produire des biens matériels destinés au marché. Ces activités majoritairement terrestres ne sont pas toutes nécessairement en lien avec le milieu marin. Elles représentent toutefois une part importante de l’économie du littoral et reflètent son dynamisme.

La construction navale et nautique

Le littoral accueille de nombreuses activités industrielles, notamment pour les chantiers navals. La construction navale est, en France, essentiellement tournée vers les navires spécialisés et/ou à haute valeur ajoutée, ainsi que vers les navires de pêche.

Les chantiers de construction et réparation navale se concentrent majoritairement sur la côte Atlantique, reposant sur un réseau de compétences locales.

En 2019, l’activité de construction navale a généré un chiffre d’affaires de 9,5 milliards d’euros, une valeur ajoutée de 3 milliards et environ 31 500 ETP.

Chantier de construction du paquebot Wonder of the Seas | Chantiers de l’Atlantique - Bernard Biger ©

Sur la façade Manche-Est Mer du Nord :

En 2018, 13 % des effectifs nationaux de l’activité construction navale se trouvent dans les départements littoraux de la façade MEMN (soit 3 884 ETP), dont 88 % sont concentrés dans le département de la Manche, autour de Cherbourg. L’activité porte essentiellement sur la construction et la maintenance de navires civils et militaires.

Sur la façade Nord-Atlantique Manche-Ouest :

La Bretagne abrite plusieurs sites d’entreprises majeures de l’industrie navale telles que Naval Group, Thales, CNN MCO, Damen Shiprepair, Socarenam et Piriou. La région Pays de la Loire accueille quant à elle les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, le plus important chantier naval civil de France et d’Europe, ainsi que le vendéen OCEA et les entreprises de l’embouchure de la Loire comme Naval Group à Indre. Ces deux régions totalisent un chiffre d’affaires de 5,7 milliards d’euros et représentaient 44 % de l’emploi de l’activité en 2018 (soit 12 746 ETP).

Sur la façade Sud-Atlantique :

En 2018, 11 % des effectifs nationaux de l’activité construction navale se trouvent dans les départements littoraux de la façade Sud Atlantique (soit 3 285 ETP). Les emplois de la façade sont concentrés en Charente-Maritime (59 %) et en Gironde (39 %), la Charente-Maritime rassemblant par ailleurs près des deux tiers de l’emploi lié à la construction de navires de plaisance. Le chiffre d’affaires des industries navales et nautiques est d’environ 800 millions d’euros pour la façade Sud-Atlantique (hors construction militaire).

Sur la façade Méditerranée :

Les activités du secteur se concentrent essentiellement en PACA autour des pôles de Toulon/Saint-Mandrier, Marseille, La Ciotat et Saint-Tropez. Le yachting est une des activités spécifiques de ces chantiers. Les emplois de la façade méditerranéenne, qui représentaient en 2018 26 % des effectifs nationaux de la filière (soit 7 401 ETP), sont localisés dans le Var pour 74 % d’entre eux.

Les extractions de granulats marins

À l’exception de la façade méditerranéenne, le littoral et les fonds marins français sont pourvoyeurs de ressources minérales. L’exploitation de ces ressources minérales s’effectue en mer et mobilise des sites à terre. En France métropolitaine, il existe 32 points de débarquement et 2 usines de production de granulats marins. La production de granulats marins s’élevait en 2019 à 5 736 000 tonnes (3 669 956 m3) granulats siliceux et calcaires extraits, pour une valeur ajoutée de 23 millions d’euros et environ 650 emplois.

Drague aspiratrice en marche - Navire Saint-Germain | © STFMO, A. Garçon

Sur la façade Manche-Est Mer du Nord :

La façade maritime Manche Est – Mer du Nord (MEMN) compte 6 concessions exploitées. Seuls des matériaux siliceux y sont extraits. Il est estimé que 1 182 506 m³ de granulats ont été extraits en 2019. Cela représente 32 % de la production nationale de granulats marins pour une valeur ajoutée de 7 millions d’euros. Elle représente ainsi 1/3 du chiffre d’affaires national et ses volumes produits sont en hausse ces dernières années, pour compenser la part des granulats terrestres en baisse. Au-delà de la desserte des besoins de proximité (essentiellement secteurs Le Havre – Fécamp, Dieppe – Pays de Bray) la façade sert également les chantiers du Grand Paris par voie fluviale, ce qui représente un tiers de la production de granulats de la façade.

Sur la façade Nord-Atlantique Manche-Ouest :

Sur la façade NAMO, cette activité recouvre 13 points de déchargement dans 10 ports. En 2021, les 5 concessions exploitées ont produit 1 586 476 m³ de granulats siliceux et calcaires extraits, soit 45 % de la production nationale de granulats marins siliceux, pour une valeur ajoutée de 12,4 millions d’euros. Cette filière fait l’objet d’un encadrement régional via le document d’orientation et de gestion des granulats marins, qui répond à une objectivation des besoins. Dans le contexte de transitions énergétique et écologique, elle peut inciter au réemploi, par la valorisation, des matériaux extraits.

Sur la façade Sud-Atlantique :

Sur la façade Sud-Atlantique, cette activité concerne 4 ports de déchargement (La Rochelle, Rochefort-Tonnay Charente, Barzan et Bordeaux-Grattequina). Cinq concessions sont exploitées sur 18 km². Cette surface pourrait être réduite à 12 km² dans les prochaines années. L’activité se concentre sur le nord de la façade. Elle recouvre exclusivement l’exploitation de gisements de matériaux siliceux. Ainsi, on compte 5 concessions localisées sur les secteurs du Platin de Grave et de Chassiron. Un permis exclusif de recherche a également été délivré au large de l’estuaire de la Gironde. En 2019n ce sont donc 900 000 m³ de granulats siliceux extraits soit environ 25% de la production nationale pour une valeur ajoutée de 5,5 M€.

Travaux publics maritimes et fluviaux

Travaux de maintenance du pont de Saint-Nazaire

Les travaux publics maritimes (TPM) concernent l’ensemble des travaux en mer et sous-marins, les opérations de dragage maritimes, les activités de construction et de rénovation (ports, digues, quais, etc.), l’implantation d’émissaires de rejet et les travaux de protection contre les inondations. Le secteur des TPM comprend également l’activité câblière, qui regroupe la fabrication, la pose et la maintenance de câbles sous-marins immergés destinés à acheminer des communications ou de l’énergie électrique. Les énergies marines sont un nouveau créneau d’activités requérant des prestations de travaux publics maritimes.

L’activité induite par la filière en amont et en aval implique le secteur de la fabrication et de la vente d’équipement (par exemple barges et dragues) et des services (par exemple bureaux d’études, gestion des ports, fonction publique réglementant l’activité). L’activité de fabrication et les activités de pose et maintenance des câbles sont des activités très différentes : la première activité renvoie à une production manufacturière de technique de pointe, les secondes activités renvoient à des travaux en mer spécialisés. Les travaux publics maritimes génèrent d’importantes plus-values, car ce secteur requiert une technicité particulière, qui nécessite d’avoir recours à des emplois qualifiés.

Ces activités exercent des impacts non négligeables sur les milieux marins. Les impacts sont liés en phase chantier aux risques de pollutions accidentelles avec rejets d’hydrocarbures et de produits chimiques, à l’émission de bruits sous-marins induits par le battage de pieux, les excavations ou l’ensouillage par trancheuse mécanique (activité câblière) pouvant être des sources de perturbations importantes. D’autres impacts ayant une forte rémanence dans le temps peuvent également être mentionnés (turbidité, modification hydromorphologique, perte des fonctionnalités écologiques des milieux, etc.). Les activités de dragage et de clapage en particulier sont réglementées aux niveaux international, européen et national, pour permettre une gestion maîtrisée et respectueuse de l’environnement. Enfin, la construction et la rénovation dans les ports (digues, enrochement, etc.) ont des effets importants sur les dynamiques sédimentaires. Certains travaux maritimes peuvent néanmoins avoir des impacts positifs sur le milieu en créant des habitats propices à certaines espèces. C’est le cas notamment de certains espaces remblayés sur l’estran ou de zones de clapage de matériaux rocheux ou de l’effet récif constaté sur certaines fondations. Le champ de l’ingénierie écologique, recouvrant écoconception des infrastructures en mer, ainsi que les méthodes de restauration et de compensation, est en plein essor.

En 2019, le secteur des travaux publics maritimes a généré au niveau national un chiffre d’affaires de 1,9 milliards d’euros, une valeur ajoutée de 671 millions d’euros et 3 346 ETP. La quantité de sédiments dragués s’élève à 23 millions de tonnes en 2019.

Sur la façade Manche-Est Mer du Nord :

En 2018, le nombre d’emplois généré par le secteur des TP maritimes et fluviaux s’élève à moins de 200 ETP. La quantité de sédiments dragués s’élève à 13,7 millions de tonnes en 2018 (et 10,9 millions de tonnes en 2019).

Sur la façade Nord-Atlantique Manche-Ouest :

En 2018, le nombre d’emplois généré par le secteur des TP maritimes et fluviaux s’élève à moins de 150 ETP. La quantité de sédiments dragués s’élève à 4,5 millions de tonnes en 2018 (et 2,5 millions de tonnes en 2019).

Sur la façade Sud-Atlantique :

En 2018, le nombre d’emplois généré par le secteur des TP maritimes et fluviaux s’élève à moins de 150 ETP. La quantité de sédiments dragués s’élève à 7,4 millions de tonnes en 2018 (et 9,6 millions de tonnes en 2019).

Sur la façade Méditerranée :

En 2018, le nombre d’emplois généré par le secteur des TP maritimes et fluviaux s’élève à moins de 400 ETP. La quantité de sédiments dragués s’élève à 229 000 tonnes en 2018 et 237 000 tonnes en 2019.

Les activités câblières

Cette fonction d’interface avec le monde ne se limite pas aux échanges matériels. Le littoral est en effet une porte d’entrée pour les flux d’information et d’énergie, qui se matérialisent à travers les câbles sous-marins. L’activité induite par ces câbles sous-marins comprend la fabrication, la pose et la maintenance de câbles immergés destinés à acheminer des communications ou de l’énergie électrique.

En France métropolitaine, porte d’entrée européenne des câbles sous-marins, on dénombre ainsi 14 points d’atterrage (lieux d’arrivée à terre de câbles sous-marins) et 38 401 kilomètres de câbles sous-marins. 35 % de ces câbles sont affectés au secteur des télécommunications, 1 % à l’électricité et 64 % de câbles sont considérés comme désaffectés ou non utilisés.

Pose d'un câble internet sous-marin | © AFD

Sur la façade Manche-Est Mer du Nord :

En façade MEMN, 3 points d’atterrage et 4540 kilomètres de câbles sous-marins sont recensés : 30% pour les télécommunications, 2 % pour l’électricité et 68 % de câbles considérés comme désaffectés ou non utilisés.

Sur la façade Nord-Atlantique Manche-Ouest :

En façade NAMO, 4 points d’atterrage et 18113 kilomètres de câbles sous-marins sont recensés : 25% pour les télécommunications, 1 % pour l’électricité et 74 % de câbles considérés comme désaffectés ou non utilisés.

Sur la façade Sud-Atlantique :

En façade SA, 1 point d’atterrage et 3888 kilomètres de câbles sous-marins sont recensés : 32% pour les télécommunications, 1 % pour l’électricité et 67 % de câbles considérés comme désaffectés ou non utilisés.

Sur la façade Méditerranée :

En façade MED, 6 points d’atterrage sont dénombrés parmi lesquels Marseille qui constitue le plus important au niveau national et mondial. 11858 kilomètres de câbles sous-marins sont recensés : 54% pour les télécommunications, 1 % pour l’électricité et 45 % de câbles considérés comme désaffectés ou non utilisés.

En Méditerranée, l’atterrage des câbles se répartit principalement entre les départements des Bouches-du-Rhône et du Var. Marseille est en ce sens un hub numérique stratégique, à la 9e place mondiale. Cette situation reconnue internationalement permet à Marseille de disposer d’une image de marque dans le monde du numérique.

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