Polynésie

La Polynésie française appartient au domaine de l’indopacifique oriental et compte 2 provinces et 5 écorégions : la province de Polynésie du sud-est qui regroupe les Tuamotu ; le groupe Rapa-Pitcairn ; le groupe des îles Australes et des îles sud des Cook ; et l’archipel de la Société. Les îles Marquises, quant à elles, forment, à la fois une province et une éco-région à part entière

Chiffres clés de la Polynésie française

118 îles représentant 3 770 km² de terres émergées
5 archipels : les Marquises, les Tuamotu, les Gambier, la Société et les Australes

 

Synthèse des enjeux sur les îles de Polynésie et maillage géographique

 

Présentation des écosystèmes, de la biodiversité et du patrimoine naturel marin de Polynésie française

L’écorégion polynésienne

Contexte géologique et géomorphologique
La Polynésie française est totalement inclue dans la plaque du Pacifique, entre la zone d’accrétion située à l’est et la zone de subduction située dans la fosse des Tonga. Elle ne forme pas une entité géologique isolée, son processus de formation étant liée à celui de Pitcairn et des îles Cook.
Les 118 îles de Polynésie sont regroupées en 5 archipels : les Marquises, les Tuamotu, les Gambier, la Société, les Australes. Cette séparation administrative reflète en partie une histoire géologique distincte, des phénomènes tectoniques distincts étant à l’origine des alignements d’îles.
Selon leur âge et leur histoire, les îles présentent des types et des faciès géomorphologiques différents, reflets du processus de transformation des îles hautes en atolls à mesure que celles-ci s’enfoncent dans la lithosphère.

Caractéristique océanographiques de la zone
Courantologie de surface
La circulation des courants de surface dans le pacifique sud est principalement induite par celle des vents. Les vents soufflent toute l’année vers l’ouest sous les tropiques (alizés) et vers l’est entre 30 et 40°S. Ces vents, associés à la géostrophie, créent un vaste gyre : au nord de la zone (entre 3°N et 10°S), le Courant Equatorial Sud (CES) s’écoule vers l’ouest-sud-ouest, en traversant les Marquises. Les eaux sont ensuite ramenées vers l’est par le Courant du Pacifique Sud (CPS), autour de 40°S. Le sud de la Polynésie française n’est pas directement concerné par le courant du Pacifique Sud mais par le Contre Courant Subtropical (CCS). Les archipels de la Polynésie sont presqu’au coeur de ce gyre, soumis à l’influence du CES, de plus en plus faible à mesure que la latitude augmente. A l’équateur, un courant d’upwelling (remontée d’eau) résulte de la divergence des courants de surface induits par le vent. L’upwelling est d’autant plus fort que l’alizé est marqué dans la zone 5°N-5°S.

Températures
D’aout à octobre, les eaux sont les plus froides. Le CES est bien établi jusqu’à 20°S, et le CCS est absent de la zone. L’isotherme des 20 °C est localisée autour de 25° Sud. Durant cette période, l’upwelling équatorial est assez marqué et refroidit le nord de la zone.
A partir du mois de novembre, les eaux se réchauffent progressivement sous l’effet du réchauffement de l’atmosphère. Le CCS, contribue également au réchauffement des eaux dans cette bande de latitude. Les alizés sont plus faibles et l’upwelling diminue pour atteindre un minimum en février-mars. Lors des années sujettes au phénomène El Niño, le pool d’eau chaude normalement cantonné à l’ouest s’étend largement vers l’est.

Nutriment - Chlorophylle
Les eaux baignant la Polynésie sont extrêmement oligotrophes. L’influence de l’upwelling équatorial sur les Marquises reste faible mais peut parfois s’étendre jusqu’au nord des Tuamotu.
De plus, on observe des périodes de bloom phytoplanctoniques aux Marquises. Ce phénomène est sans doute lié au courants de surface toujours importants sur la zone et permettant un mélange des eaux régulier.
Dans le reste des eaux polynésiennes, les seuls sièges de production primaire importante sont constitués par les lagons et les zones récifales côtières.

Fonctionnalité des écosystèmes

Les eaux océaniques de la Polynésie française sont marquées par une forte oligotrophie, à l’exception de la zone d’influence de l’upwelling équatorial qui délimite une zone enrichie englobant les Marquises, et s’étendant parfois jusqu’au nord des Tuamotu. Cet enrichissement est accentué par la présence d’un deuxième phénomène d’upwelling plus localisé à l’Ouest des Marquises.
Aux Marquises se développe une production secondaire côtière qui s’étend au domaine pélagique au nord des Tuamotu sous l’influence des courants. Cette zone de forte production primaire est unique en Polynésie. L’enrichissement dû au front thermique traversant les Australes est irrégulier et de moindre intensité.

Pour le reste, le siège de la production primaire et le développement de la vie associée sont localisés autour ou dans les îles (notamment grâce aux apports de nutriments terrestres des îles hautes, à la fixation de l’azote atmosphérique lagonaire). A ce développement très localisé de la production primaire correspond donc le développement des grandes fonctions vitales pour les espèces côtières et pélagiques (pour ce qui est actuellement connu) : les réseaux alimentaires, les zones de croissance des jeunes, les fonctions d’abris contre les prédateurs, les fonctions de reproduction et de ponte des espèces côtières.
Dans les îles, le rôle des passes pour assurer ces fonctions est primordial. Soulignons que très peu de choses sont connues sur les fonctions assurées par le milieu pélagique pour les espèces.

Le développement de cette vie côtière et notamment lagonaire est tributaire des échanges hydro-dynamiques entre le lagon et l’océan. Les lagons ayant peu de communication avec l’océan peuvent, durant les périodes d’absence de houle, subir des développements algaux importants et des mortalités massives.

Patrimoine naturel et biodiversité

Répartie sur 20 degrés de latitude, la Polynésie française est marquée par une double influence : une influence tropicale, largement dominante, qui s’étend des Marquises au nord des Australes et une influence tempérée qui s’exerce au sud des Australes. Ceci se traduit par une cohabitation des faunes tropicales et tempérées au moins sur l’île de Rapa et peut être sur les îles proches. Ce gradient latitudinal se traduit également par un appauvrissement de la richesse spécifique de la faune tropicale à mesure que les eaux se refroidissent.

L’éloignement des eaux polynésiennes de la métropole de la province indo pacifique (Indonésie) a pour conséquence une relative pauvreté en biodiversité côtière en raison de l’éloignement des continents et conséquemment d’un moindre apport de nutriments, d’un nombre moins important d’habitats disponibles, également d’un régime d’alizés contrariant la colonisation par les larves, à l’exception des Australes, qui bénéficient sans doute d’un contre-courant subtropical porteur de larves en provenance des Cook (au moins pour les coraux). Cet éloignement se concrétise par un appauvrissement progressif de la biodiversité côtière d’Ouest en Est. L’isolement d’îles ou de groupes d’îles au sein de la Polynésie française est propice au développement d’espèces endémiques. C’est le cas de Rapa, à l’extrême sud et du groupe des Marquises au nord.

Dans ce contexte régional, la structure géomorphologique des îles influence la diversité en habitats disponibles et subséquemment le développement d’une faune plus ou moins riche (espèces, biomasses). Les îles possédant le plus d’habitats, qui plus est avec des apports en nutriments, hébergent des biodiversités et biomasses plus importantes (grandes îles hautes de la Société) que les îles hautes dépourvues d’habitats côtiers (Marquises) ou les atolls (moins d’habitats, pas d’apports terrigènes). A l’échelle des îles, la répartition des espèces côtières est notamment dépendante des caractéristiques géomorphologiques des îles (ouverture sur l’océan, présence de baies, surface d’habitat récifal, complexité géomorphologique…)
L’ensemble de ces facteurs conduit à l’identification de plusieurs entités écologiques cohérentes au sein de la Polynésie :

Les Marquises forment un groupe d’îles et îlots quasiment dépourvus de constructions récifales et donc d’habitats côtiers. Elles sont géologiquement jeunes (le processus de colonisation est peut être encore incomplet). Ces éléments peuvent expliquer une faible richesse spécifique en espèces benthiques. En revanche, la faune ichtyologique côtière et pélagique, bénéficiant sans doute des apports de l’upwelling des Marquises, est bien développée en diversité et en biomasse. Enfin, l’isolement de ce groupe d’îles explique probablement un fort endémisme.

Les îles de la Société et des Tuamotu forment un groupe d’îles relativement proches géographiquement, peuplées d’espèces à large aire de répartition. L’apparition des îles lors de processus géologiques temporellement très éloignés, ne semble pas influencer la répartition actuelle des espèces entre les îles de la Société et le plateau des Tuamotu. Se pose éventuellement la question de particularités persistant sur les îles de l’alignement géologique Gambier- Hereheretue.
La répartition des espèces tient essentiellement à la géomorphologie des îles et au gradient d’appauvrissement Ouest-Est.

Le groupe formé par les quatre îles des Gambier présente la particularité d’être un groupement d’îles hautes, donc avec une potentialité importante (nutriments, habitats, baies) quoique situé à l’extrémité Est appauvri de la Polynésie. Il pourrait donc présenter des spécificités intéressantes.

Les Australes, se situent à la limite sud de la zone d’influence tropicale de la Polynésie et bénéficient (au moins pour les coraux), d’un apport larvaire des Cook. A cheval sur les aires d’influence des faunes tropicales et tempérées, la faune de Rapa présente une double particularité, liée à sa position « d’écotone » et à son isolement, générateur d’un fort endémisme. Sa biodiversité côtière parait plus importante que sa position géographique (extrémité Sud-Est) ne devrait lui conférer. Ceci s’explique en partie par un effort de connaissance beaucoup plus important sur Rapa qu’ailleurs en Polynésie. En effet, la biodiversité des autres secteurs est sans doute encore sous estimée, y compris dans les îles de la Société.

Le patrimoine pélagique est connu lorsqu’il s’approche des îles (requins, tortues, cétacés), car peu de campagnes d’acquisition de connaissances ont été réalisées sur ce domaine (campagnes de pêche expérimentales, campagnes ponctuelles d’observation des cétacés en mer). Les écosystèmes profonds liés aux pentes récifales des îles ou aux monts sous marins sont pratiquement inconnus.

État de santé des récifs coralliens

| © Alain Pibot

  La dernière synthèse sur l’état de santé des récifs coralliens de Polynésie française, réalisée dans le cadre du réseau mondial de suivi des récifs coralliens (GCRMN, 2008 et Reef Check Polynésie, 2009) a montré que les récifs coralliens des Tuamotu et des Australes sont en bonne santé, mais que les récifs de la Société, où s’exercent la majorité des activités humaines, sont plus dégradés. En effet, outre la pression anthropique, l’ensemble des îles de cet archipel ainsi que Rurutu (Australes) ont également subi, depuis 2006, des explosions d’Acanthaster, laissant des taux de recouvrement en corail vivant sur de nombreux sites en pentes externes inférieure à 10% (suivi Reef Check Polynésie et Criobe). En 2010, l’impact du récent cyclone, particulièrement violent, n’a pas encore été évalué, mais des destructions récifales très importantes sont rapportées (Australes et Société).
 

Les activités humaines : développement et pressions induites

| © ML. Licari

  Avec des espaces lagonaires près de cinq fois plus étendus que les milieux terrestres, les activités qui dépendent du milieu marin jouent un rôle crucial en Polynésie à la fois dans l’économie du pays et sur le plan culturel. Le peuple polynésien est un peuple de la mer et tous les polynésiens sont des pêcheurs. L’économie du pays repose sur le tourisme,directement dépendant des paysages et de la qualité de l’environnement, ainsi que sur la perle noire cultivée dans les lagons. La pêche est une activité de subsistance pour une grande majorité de la population, notamment celle qui vit dans les îles éloignées. A l’échelle de la Polynésie, les pressions liées aux usages restent raisonnables ; il n’en est pas de même à l’échelle des îles ou de secteurs d’îles directement impactés. Les niveaux de pression sont étroitement liés aux activités et à l’importance de la population (un peu moins de 200 000 habitants en 2009). Si la densité de population reste faible en moyenne (73 hab./km² contre 300 à 400 dans les départements d’outre-mer), elle est très concentrée dans les îles sous le Vent (87 %) essentiellement à Tahiti (69%) et surtout dans la zone urbaine de Papeete (47%). Ces îles concentrent les principaux problèmes environnementaux.
 

Répartition de la population :

  • La Société : 165 000 habitants, soit 75% de la population totale de Polynésie, sur 14 îles ;
  • Marquises : 8 200 personnes qui vivent principalement sur trois îles,
  • Tuamotu-Gambier : 15 800 personnes qui habitent une cinquantaine d’atolls (sur un total de 76 atolls),
  • Australes : 6 300 habitants sur 4 îles habitées.
     

Pour en savoir plus

Les services de l’État en Polynésie française

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