Enjeux socio-économiques, développement humain

L’espace maritime et les territoires littoraux présentent d’importantes spécificités en termes d’enjeux socio-économiques et de développement humain.

Introduction et chiffres-clés

L’économie maritime pèse 1,5 % du PIB national et employait 421 000 personnes en 2017, en très grande majorité dans les bassins d’emploi littoraux et à plus de 50% dans le domaine du tourisme et des loisirs.

L’attractivité particulière du littoral génère par ailleurs :

  • Une forte densité de population dont une part importante de personnes âgées ;
  • L’afflux régulier de nouveaux résidents sur le littoral métropolitain ;
  • Une hausse importante des prix de l’habitat avec des conséquences sur les populations ;
  • L’importance et l’augmentation progressive des capacités d’accueil touristique ;
  • Une artificialisation croissante des sols.

Le littoral est ainsi caractérisé par une économie présentielle majoritaire où les activités orientées vers la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins quotidiens de la population présente (résidents et touristes) prennent une place importante. Elle peut engendrer une consommation importante d’espaces sur un territoire déjà fortement artificialisé (construction de logements, de locaux non résidentiels, de zones commerciales et de réseaux de transport), une augmentation du foncier, congestion des transports, saturation et détérioration des milieux naturels, homogénéisation des paysages littoraux. Elle peut aussi générer de conflits d’usage avec la sphère productive.

La densité de population est plus importante sur le littoral que sur le reste du territoire national. Elle a augmenté de 42% dans l’hexagone entre 1962 et 2016 et elle a presque doublé dans les outre-mer. Les perspectives démographiques restent à la hausse dans l’hexagone mais sont stables dans les outre-mer à l’exception de la Guyane et de Mayotte.

De nombreuses problématiques spécifiques sont la conséquence directe de la forte densité de population sur le littoral : transports difficiles, constructions importantes, mitage des milieux naturels et des trames vertes. La gestion de la croissance de la population sera un enjeu important d’aménagement du territoire en bord de mer et en profondeur dans les terres afin de concilier les différents usages sur cet espace : activités primaires, extension de l’urbanisation, espaces protégés, économie présentielle.

 

L’économie maritime

L’économie maritime française au sens des travaux de l’Ifremer « Données de l’économie maritime française en 2021 » représente 1,5 % du PIB de la France, soit une valeur ajoutée de 43,3 milliards d’euros.

Le tourisme littoral est de loin le domaine d’activité prépondérant avec 56 % de la valeur ajoutée maritime. Il est suivi du secteur para-pétrolier et para-gazier offshore qui représente 13 % de l’économie maritime.

Valeur ajoutée brute de l’économie maritime

Valeur ajoutée de l’économie maritime en millions d’euros en 2019


 

Les emplois de l’économie maritime

L’économie maritime génère 421 000 emplois en 2017. Près de neuf emplois sur dix sont localisés dans les zones d’emploi littorales. Le tourisme est de loin le secteur le plus grand employeur avec plus de 243 000 emplois. La part des salariés travaillant dans la sphère présentielle est de 76 %. C’est 7 points de plus que la moyenne nationale.

Le tourisme représente plus de 80 % de l’emploi maritime dans un tiers des zones d’emploi littorales.

Les zones d’emploi littorales de métropole concentrent près de neuf emplois maritimes sur dix.

Nombre d’emplois
par domaine d’activité (2017)
Tourisme littoral 243 300
Produits de la mer 56 200
Transport maritime et fluvial 40 900
Construction navale 41 400
Autres 39 200
TOTAL 421 000
Répartition géographique de
l’emploi maritime en 2017

 

Démographie et occupation du sol

Les communes littorales hébergent 8 millions de résidents (2016). La densité de population est de 265 habitants par km2 sur le littoral métropolitain et de 326 hab./km2 dans les départements insulaires ultramarins des Antilles et de la Réunion. Sur la période 1962 à 2016, la population littorale métropolitaine a augmenté de 42 %, soit 79 habitants en plus par km2. En outre-mer, la population littorale a presque doublé depuis 1962 (+92 %) : 791 000 nouveaux habitants y résident.

Population et densité de population dans les communes littorales


 

Occupation du sol suivant la distance à la mer

Le littoral est un territoire restreint. La surface cumulée des communes littorales maritimes (soit près de 900 communes au sens de la loi littoral) représente 4 % du territoire métropolitain. Près de 8 millions de personnes y résident en permanence et plus de 8 millions de lits y sont disponibles pour l’accueil touristique. La pression de l’artificialisation des sols sur ce territoire (construction de logements, extension des zones industrielles, commerciales et portuaires, création de zones de loisirs…) est forte.

Plus on se rapproche de la côte, plus les territoires artificialisés tiennent une place importante. À moins de 500 m du rivage, ils couvrent 30 % des terres contre seulement 8 % entre 5 000 et 10 000 m de la mer. C’est, par ailleurs, 5 fois plus que la moyenne métropolitaine de 6 %.

Croissance de la population

D’après les travaux de l’INSEE la population des départements littoraux devrait croître de 14,1 % entre 2013 et 2050, soit 3,6 millions d’habitants en plus, et celle des départements non littoraux de 11,5 %, soit 4,7 millions d’habitants supplémentaires. Les départements littoraux métropolitains pourraient gagner 3,3 millions d’habitants (+ 14,1 %), surtout sur l’arc Atlantique et en Occitanie et ceux d’outre-mer plus de 300 000, soit + 15,1 %, surtout à Mayotte et en Guyane. Selon ce scénario, les départements littoraux pourraient concentrer 39 % de la population française en 2050.

En tenant compte du scénario central de l’Insee, la croissance de la population ne serait pas homogène sur les façades maritimes métropolitaines entre 2013 et 2050. La population des départements littoraux de la façade Manche – mer du Nord n’augmenterait que de 4,1 % alors que la hausse serait très forte sur l’arc Atlantique : +23,5 % en Nord Atlantique - Manche Ouest et +24,8 % en Sud Atlantique. La progression serait intermédiaire sur le pourtour méditerranéen : +13,0 %.

En outre-mer, avec le scénario central, la population de Mayotte ferait plus que doubler de 2013 à 2050. Elle passerait de 215 000 à 490 000 habitants. La population de Guyane augmenterait également assez nettement avec une progression de près de 60 % et 141 000 nouveaux habitants. La croissance de la population de La Réunion serait plus faible : +9 %. C’est moins que la moyenne nationale. Enfin, selon le scénario central, la population antillaise pourrait nettement diminuer sur la période étudiée. Cette diminution serait plus marquée en Martinique qu’en Guadeloupe. Les Antilles perdraient ainsi 175 000 habitants sur la période étudiée. Cette diminution s’expliquerait par un très fort vieillissement de la population et des décès plus nombreux que des naissances, mais également par soldes migratoires négatifs.

Développement humain

L’activité économique et l’occupation du sol ont un impact direct sur le développement humain en générant une structuration démographique spécifique des territoires littoraux que l’on peut mesurer à travers plusieurs indicateurs tels que ceux relatifs au chômage, à l’âge des habitants, au coût des terrains et aux profils des accédants ainsi qu’à la couverture de l’accès au haut débit.

Chômage et population active sur le littoral français

En 2016, près de 3,6 millions d’actifs résident sur le littoral français (hors Mayotte). Environ 686 800 personnes âgées de 15 à 64 ans sont au chômage, soit un taux de chômage de 19,2 %. Sur la période 1999-2016, le taux de chômage a globalement baissé avec de fortes disparités territoriales : -6 % sur les littoraux ultramarins et -1,4 % sur le littoral métropolitain. Les plus fortes diminutions concernent les Antilles, La Réunion et le pourtour méditerranéen.

Évolution du taux de chômage en France


 

Évolution du taux de chômage sur le littoral ultramarin

Dans les communes littorales des départements ultramarins (hors Mayotte), environ 231 600 actifs âgés de 15 à 64 ans sont au chômage, soit 30,9 % de la population active. La déclinaison par département s’établit comme suit : environ 33 % à La Réunion, près de 25 % en Martinique et 30 % en Guadeloupe et Guyane.

Sur la période 1999-2016, à l’exception de la Guyane où le taux de chômage augmente de 1,6 point, cet indicateur diminue dans les autres départements ultramarins : -8,1 points en Martinique, -7 points à La Réunion et -6,4 points en Guadeloupe.


 

Prix des terrains à bâtir sur le littoral

Le prix des terrains à bâtir en secteur diffus dépend de deux paramètres : leur valeur au mètre-carré et leur taille. En 2016, le prix au mètre-carré de ces terrains est plus élevé dans les communes littorales que la moyenne métropolitaine, 127 € contre 82 €, soit 54 % de plus. L’arrière-pays présente une valeur intermédiaire et proche de la moyenne hexagonale : 85 €/m². Les acquéreurs ont donc plutôt tendance à acheter des terrains plus petits en bord de mer. Ainsi, la moyenne dans les communes littorales est de 734 m² contre 939 m² sur l’ensemble du territoire, soit 21 % de moins. Elle est intermédiaire dans l’arrière-pays : 851 m².

Évolution du prix et de la surface des terrains à bâtir


 

Suivant les façades maritimes, le prix au mètre-carré des terrains à bâtir en secteur diffus varie de un à près de trois avec un gradient Nord - Sud marqué. Il est le plus bas en Manche Est - mer du Nord : 69 €/m² en 2016. C’est moins que la moyenne métropolitaine. Il est, en revanche, nettement plus élevé sur les trois autres façades maritimes :

  • 113 € en Nord Atlantique - Manche Ouest ;
  • 136 € en Sud Atlantique ;
  • 185 € en Méditerranée. C’est plus de deux fois plus cher que la moyenne métropolitaine.

Le profil moyen des acheteurs de terrains à bâtir

En bord de mer, on constate une sur-représentation des catégories socio-professionnelles (CSP) supérieures et des retraités alors que les employés et les ouvriers sont moins nombreux à acquérir des terrains qu’en moyenne, sur l’ensemble du territoire. Ainsi, en 2016, la part des artisans, commerçants et chefs d’entreprises dans les acheteurs est 39 % plus élevée sur le littoral que la moyenne et 33 % plus faible pour les ouvriers. Par ailleurs, les retraités regroupent 12 % des acquéreurs dans les communes littorales, soit le double de la moyenne métropolitaine.

Ainsi, les acquéreurs de terrains à bâtir dans les communes littorales sont, en général, plus âgés et d’une CSP supérieure à la moyenne hexagonale.

Vieillissement de la population

L’indice de vieillissement (population âgée de plus de 60 ans divisée par la population âgée de moins de 20 ans) augmenterait de 56 % dans les départements littoraux métropolitains et de 107 % en outre-mer contre une moyenne nationale de 53 %. Les plus de 65 ans pourraient représenter plus du tiers de la population des départements littoraux métropolitains en 2050 (35 %) contre 25 % en 2013. Cela concernerait 27 % de la population ultramarine, soit près du double de la part actuelle, 15 %.

Dans de nombreux départements littoraux, les seniors pourraient être deux fois plus nombreux que les habitants âgés de moins de 20 ans en 2050. C’est le cas des départements de Corse et des Antilles, de Centre-Atlantique (Vendée et Charente-Maritime), de la Manche, du Morbihan, de l’Aude, du Var, des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Pyrénées-Orientales.

L’indice de vieillissement serait nettement plus faible sur l’Archipel de Mayotte, en Guyane et à la Réunion. Ce sont les seuls départements littoraux où les moins de 20 ans pourraient encore représenter plus du quart de la population en 2050.

Évolution de l’indice de vieillissement de 2013 à 2050 par département, scénario central


 

Le haut débit est bien implanté sur le littoral

La part des communes sans aucun local en haut débit est 6 fois plus faible en bord de mer que pour l’ensemble du territoire. Les littoraux de l’Eure, de Loire-Atlantique, de Vendée, du Gard, des Bouches-du-Rhône et du Var sont particulièrement bien desservis.

Pour l’ensemble du littoral français, le haut débit (part des locaux éligibles à un débit supérieur à 3 Mb/s par commune) est mieux implanté sur le littoral que sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, dans les trois quarts des communes littorales, plus de 75 % des locaux sont éligibles contre 54 % sur l’ensemble du territoire.

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