Milieux marins et littoraux

Descriptions des écosystèmes marins et littoraux et des enjeux écologiques qui y sont attachés

Focus sur les différentes façades

  • Manche Est mer du Nord

    Présentation de la façade Manche est- Mer du nord et ses enjeux écologiques

     

    Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques
     
    Plusieurs habitats pélagiques particuliers ont été identifiés au sein de la Sous région marine Manche Est - mer du Nord. Il s’agit des deux zones de détroit (Pas-de-Calais et Cotentin), de la zone du fleuve côtier (entre Antifer et Boulogne sur mer) et des zones d’interface terre mer que sont les grandes baies macrodales (estuaires picards, baie de Seine, baie des Veys et baie du Mont St Michel). Les communautés planctoniques de ces habitats, les espèces suprabenthiques (crevettes) et les petits poissons bentho-démersaux (lançons, gobies, callionymes) occupent une place importante dans les réseaux trophiques de la sous région marine.
     

    Habitats benthiques et structures géomorphologiques
     La sous région marine est particulièrement représentative des habitats sédimentaires qui occupent plus de 95% de ses fonds. Les zones plus calmes (baies et estuaires) sont caractérisées par des sédiments fins plus ou moins envasées tandis que les zones à forts courants (le détroit du Pas-de-Calais, le centre de la Manche et les côtes haut-normandes), sont caractérisées par des sédiments plus grossiers allant des sables moyens jusqu’aux cailloux et roches. Ces sédiments forment des dunes sous marines mobiles majeures par leur ampleur au niveau du Pas-de-Calais, et en Manche Ouest ainsi que des dunes de plus petites dimensions dans le golfe normand breton. La baie de Seine est le site le plus représentatif au niveau français pour les sédiments hétérogènes envasés. Le golfe normand breton est quant à lui le site le plus important au niveau national pour les sédiments plus grossiers et graviers, les herbiers de zostère marine, les estrans sableux, les prés salés. C’était également dans le passé une zone majeure pour les bancs de maërl.
    Enfin, on peut noter la présence au centre de la Manche Ouest d’une fosse de 170 m de profondeur qui constituent une structure sédimentaire particulière.

    Les récifs couvrent des étendues plus limitées au niveau du Cotentin, de la Seine-Maritime et du Cap Blanc-Nez. En zone intertidale et subtidales les ceintures d’algues brunes sont des habitats fonctionnels pour nombres d’espèces halieutiques. Il convient de noter les enjeux particuliers que sont les récifs d’hermelles de la baie du Mont-Saint-Michel (parmi les plus importants d’Europe), deux structures rocheuses particulières de part leur isolement (les Ridens de Boulogne et les roches Douvres) ainsi que les formations algales sur substrat crayeux de Seine-Maritime (habitats OSPAR).
     
    Zones fonctionnelles pour les espèces marines
     La Manche est de loin le 1er site de concentration de l’avifaune marine en particulier en hiver (en Manche Est et en baie de Seine) mais également en été (en baie de Seine et dans le golfe normand breton, site majeur pour le puffin des Baléares et la Macreuse noire en mue). C’est également le cas pour le marsouin commun et le phoque veau marin et gris (avec les colonies des baies de Somme, des Veys et du Mont-Saint-Michel et le reposoir du phare de Walde).
    Sur l’estran, 4 sites d’hivernage présentent des effectifs d’oiseaux importants au niveau international (la Baie-du-Mont-Saint-Michel, le littoral picard, la Baie des Veys, et la côte ouest du Cotentin).
    Les secteurs de falaises (Cap Blanc-Nez, pays de Caux et Bessin) font de la Manche la 1ere sous région marine pour la nidification de la Mouette tridactyle, du Fulmar boréal et du Goéland argenté.
    Les côtes basses sont davantage utilisées par les limicoles (Grand Gravelot, Gravelot à collier interrompu et Huîtrier pie). Le groupe de grand Dauphin du golfe normand breton est parmi les plus importants d’Europe.
     
    Pour les espèces halieutiques, les sédiments fins côtiers, les baies et estuaires et les prés salés sont des secteurs majeurs pour les nourriceries (notamment bar, limande, merlan, plie, sole, hareng et sprat) tandis que les sédiments grossiers du large sont davantage des zones de frayères (limande, Plie, Sole, Merlan, Morue…). Ces secteurs sont également importants pour les raies bouclées, douce et brunette. Plus à la côte, certaines espèces vont frayer dans les baies ou au niveau du fleuve côtier (seiche, hareng, griset). Les baies de la sous région marine sont également fréquentées par les poissons amphihalins (anguilles, aloses, lamproies et saumon).

    En outre, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, étaient historiquement bien présentes sur la sous-région marine (raie blanche, ange de mer et pocheteaux par exemple).
    Enfin, la sous région marine constitue un axe de migration majeur au niveau européen pour nombre d’espèces de poissons, d’oiseaux et de mammifères.

    Pour en savoir plus

  • Nord-Atlantique Manche Ouest

    Présentation de la façade Nord Atlantique - Manche ouest et ses enjeux écologiques

     

    Sous-région marine Mers celtiques :
    Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques
     
    Le fonctionnement écologique de la sous région marine mer celtique est très fortement conditionné par la présence d’un front thermique (Ouessant) qui se forme du printemps à la fin de l’été à l’entrée de la Manche entre les eaux côtières froides et brassées et les eaux du large plus chaudes et stratifiées. Ce phénomène, à l’origine d’une forte production primaire et secondaire, va structurer le réseau trophique de la sous région marine.
    À la côte, plusieurs zones d’interface terre mer (baie de Saint Brieuc, Baie de Lannion, Rade, de Brest et Baie de Douarnenez) sont le siège d’une production primaire printanière. Les zones de forts courants (Iroise) et de fort marnage (Baie de St Brieuc) constituent également des habitats pélagiques particuliers.
     

    Enfin, le talus océanique est le siège d’un front permanent, entretenu par le passage régulier de l’onde de marée de la Manche, qui permet la remontée d’éléments nutritif et la mise en place d’un écosystème productif.
    Les communautés planctoniques de ces habitats et les espèces de petits poissons pélagiques (notamment le maquereau et la sardine) occupent une place importante dans les réseaux trophiques de la sous région marine.

     
    Habitats benthiques et structures géomorphologiques
    À la côte, les habitats rocheux couvrent des surfaces importantes. En milieu intertidal et infralittoral, ils sont abondamment colonisés par les fucales et les laminaires (notamment en mer d’Iroise). Ces milieux rocheux sont entrecoupés de fonds sédimentaires majoritairement grossiers où se développent d’importants bancs de maërl, herbiers de zostère marine et récifs d’hermelles. On y trouve aussi des bancs de sables coquilliers, parfois très mobiles. La majorité des surfaces françaises de ces cinq habitats biogéniques (laminaires, maërl, zostère marine, récifs d’hermelles et sables coquilliers) est localisée au sein de la sous-région marine, ce qui lui confère une responsabilité particulière pour leur conservation. On note également la présence de petits herbiers de zostère naine notamment dans le Trégor. Enfin, la rade de Brest reste l’un des derniers gisements naturels d’huîtres plates (habitat OSPAR).

    Plus au large, les fonds sont constitués de sédiments grossiers et de fonds hétérogènes qui forment des grands systèmes de dunes sous marines au centre de la Manche et au large de la pointe bretonne. Le talus océanique présente une biodiversité remarquable en particulier au niveau des canyons de Sorlingue et de petite Sole. Dans ce dernier, se situe le plus grand massif de coraux observé sur le talus Atlantique. D’autres biocénoses comme les scléractiniaires coloniaux et les communautés de crinoïdes sont également bien représentées. En limite de pente, les bancs de l’Espérance forment sous l’influence de l’onde de marée de la Manche des dunes hydrauliques parallèles au talus, structures atypiques.
     
    Zones fonctionnelles pour les espèces marines
    De part ses côtes rocheuses et ses nombreux îlots, la sous région marine mer celtique est de loin la plus importante pour la reproduction du phoque gris et pour la nidification des oiseaux marins (alcidés, fous, océanite tempête, cormoran huppé et goéland marin) et, dans une moindre mesure de limicoles côtiers (huîtrier pie et grand gravelot). Par ailleurs, les archipels en zones de forts courants et de fort marnage constituent des zones fonctionnelles particulièrement propices pour les colonies de phoques gris (archipel des Sept-Îles et mer d’Iroise) et les groupes sédentaires de grands dauphins (golfe normand-breton et mer d’Iroise).
    Enfin, les baies et estuaires (baie de St Brieuc, de Lannion, de Goulven, de Douarnenez et rade de Brest) constituent des zones d’abri et d’alimentation importantes pour les espèces marines (puffin des Baléares, harle huppée et plongeon arctique). La rade de Brest et les petits estuaires de la côte nord sont également fréquentés par les poissons amphihalins (anguilles, aloses, lamproies et saumon).

    Plus au large le front thermique (Ouessant) constitue une zone importante en été pour les espèces d’oiseaux (fous, fulmar boréal, puffins, alcidés), les grands poissons pélagiques (requin), et les mammifères marins (marsouin et dauphin commun). La sous région marine est une zone de forte concentration au niveau européen pour cette dernière espèce. Le plateau et le talus continental de la mer Celtique constituent également une zone importante pour les cétacés, la tortue Luth et les grands poissons.

    Pour les espèces halieutiques, les connaissances de la sous région marine sont assez parcellaires du fait de l’absence (jusqu’à très récemment) de campagne halieutique régulière en Manche Ouest. Des zones fonctionnelles halieutiques ont néanmoins été identifiées à dire d’experts. Il s’agit de frayères en centre Manche (araignée, bar, barbue, lieu jaune, limande, sole, sardine, sole, sprat, …), à la côte (raie bouclée, griset et seiche) ou sur le talus (chinchard, maquereau et merlu).
    Des nourriceries ont également été identifiées à la côte pour de nombreuses espèces de poissons (lieu jaune, bar, barbue, plie, raie bouclée …) et de crustacés (tourteau, araignée, homard).

    En outre, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes au sein de la sous région marine (raie blanche, ange de mer et pocheteaux). Le nord de la sous région marine (à la limite de la ZEE) a été identifié comme secteur de capture de « petit pocheteau gris ». La zone côtière de la sous région constitue quand à elle l’habitat historique de l’ange de mer.
     

    Sous-région marine Golfe de Gascogne (partie Nord) :
    Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques
    Plusieurs habitats pélagiques particuliers ont été identifiés dans le Nord de la sous région marine golfe de Gascogne : la zone frontale associée au talus océanique, la zone du bourrelet froid et les upwellings de Bretagne Sud, les panaches estuariens (Loire et Vilaine) et les grandes baies abritées (golfe du Morbihan et baie de Bourgneuf). Ces secteurs sont le siège d’une production primaire et secondaire importantes qui structure les réseaux trophiques de la sous région marine. Les petits poissons pélagiques (notamment le maquereau et la sardine) y occupent une place centrale.

    Habitats benthiques et structures géomorphologiques
    Sur le plateau continental, la sous région marine est particulièrement représentative des vasières sublittorales avec les trois quarts des surfaces nationales. À la côte, les principales vasières sont localisées en face des estuaires de la Vilaine, de la Loire et au Nord-Est des Glénan auxquelles il faut ajouter les estrans vaseux du golfe du Morbihan et de l’estuaire de la Loire. Certaines vasières (Baie de Concarneau, Vilaine et Loire) sont parfois colonisées par des peuplements à haploops (petits crustacés vivant dans des tubes) peu connus à ce jour et qui présentent une faune associée originale et des fonctions écologiques sans doute uniques. En baie de Concarneau, ces fonds sont associés à des pockmarks, dépressions sédimentaires liées à l’émission de méthane.
    Plus au large, en domaine circalittoral, la grande vasière couvre un vaste espace (près de 20 000km2) s’étendant de la pointe de Penmarc’h jusqu’au plateau de Rochebonne sur une profondeur de 50 à 120 m. Elle constitue une zone remarquable de la région marine (habitats de la Convention OSPAR) et constitue un habitat essentiel pour de nombreuses espèces (dont langoustine et merlu). La présence de pennatules atteste des zones les moins perturbées.
    Les habitats rocheux représentent de vastes surfaces au large de Noirmoutier et de l’estuaire de la Loire, entre Belle-Île, Quiberon et Groix et entre Penmarc’h et les Glénan. En milieu côtier, ils sont abondamment colonisés par les fucales et les laminaires. Ces ceintures d’algues jouent un rôle clé en offrant un habitat pour tout un cortège d’espèces animales (notamment les espèces d’intérêt commercial comme l’ormeau, les crevettes et les tourteaux) et végétales (algues rouges).Des zones plus sableuses s’intercalent à la côte entre ces habitats vaseux et rocheux. Certains habitats biogéniques (« construits » par des espèces) présentent des fonctionnalités écologiques importantes et constituent des enjeux particuliers : les bancs de maërl (notamment aux Glénan et dans le Mor Braz), les herbiers de zostères marines et naines (avec des surfaces importantes dans le golfe du Morbihan), les récifs d’hermelles intertidaux (au niveau de Noirmoutier et en baie de Bourgneuf) et subtidaux (Groix, Belle-Île et Yeu), les bancs d’huîtres plates (baie de Quiberon) et sur le haut de l’estran les herbiers du schorre (Morbihan et Loire- Atlantique). Plus au large, entre la grande vasière et le talus, les sédiments sont majoritairement sableux.

    Le secteur Nord du talus océanique présente une forte diversité géomorphologique. On signalera, en limite de pente, les bancs de la Chapelle (dunes hydrauliques parallèles au talus formées sous l’influence de la marée de la Manche), le môle inconnu (dôme rocheux isolé) et en contrebas, le plateau de Meriadzeck (vases bathyales par plus de 2000 mètres colonisées par les gorgones et les pennatules) et enfin l’escarpement de Trevelyan (relief profond sur lequel il existe peu de donnée). Le talus océanique et les canyons qui l’entaillent, à des profondeurs allant de 160 à 2000 m, présentent également une diversité biologique maximale dans le nord de la sous-région marine. Les coraux d’eaux froides (notamment les coraux blancs) qui s’y développent forment des récifs, habitats pour de nombreuses espèces fixées ou mobiles (poissons, crustacés, mollusques, éponges, échinodermes, vers, …). La biodiversité peut y être 3 fois plus importante que sur les sédiments meubles environnants. Les canyons du Guilvinec, de l’Odet et de Morgat présentent plus de la moitié des surfaces de récifs de coraux ou de débris de récifs observées. Les canyons de Lampaul, Guilcher et Douarnenez sont quant à eux remarquables par la diversité des habitats qui y ont été observés.

    Zones fonctionnelles pour les espèces marines
    Les eaux côtières du Nord du golfe de Gascogne constituent une zone importante de concentration de l’avifaune marine en particulier en été (notamment pour le puffin des Baléares qui est menacé au niveau mondial), pour le requin pèlerin au printemps et en été et dans une moindre mesure pour les petits cétacés. Ceci est vraisemblablement lié aux structures hydrographiques (bourrelet froid, upwellings et panaches estuariens). En hiver, les delphinidés et marsouins sont particulièrement présents dans les secteurs compris entre 50 et 100m de profondeur. Les oiseaux marins sont beaucoup moins nombreux en mer. Le golfe du Morbihan et l’estuaire de la Loire constituent néanmoins des sites d’hivernage importants au niveau international pour les oiseaux côtier. Les nombreuses îles et îlots distribués dans la bande côtière constituent des secteurs importants pour la nidification de l’avifaune marine (sternes, goélands, cormoran huppé et mouette mélanocéphale). En milieu arrière littoral, le marais breton est un site majeur pour les limicoles nicheurs (avocette, échasse blanche et chevalier gambette), tandis que le littoral breton est fréquenté par le gravelot à collier interrompu.
    La zone du talus océanique est une zone fonctionnelle majeure à l’échelle européenne pour la mégafaune marine. On y observe toutes les espèces de cétacés du golfe (delphinidés, globicéphale, dauphin de Risso, cachalot, baleine à bec et rorquals), les oiseaux pélagiques (océanites, puffins, fous, fulmar, mouettes) ainsi que les grands poissons (requins, thons…).

    Les milieux vaseux sous l’influence des panaches estuariens, les baies et les herbiers du schorre sont des secteurs majeurs pour les espèces halieutiques puisqu’elles ont un rôle de nourriceries (céteau, plie, sole, turbot, anguille, bar, crevette grise, sardine…) et de frayères (anchois, sardine, sole). En outre, la grande vasière est une frayère et une nourricerie majeure pour le merlu et la langoustine. Le talus occidental est une frayère importante pour de nombreuses espèces d’intérêt commercial (chinchard, maquereau, merlu, sardine.)
    La Loire et la Vilaine sont les deux fleuves majeurs pour les amphihalins (aloses, lamproies, saumon et anguille). Ces mêmes espèces se distribuent également dans les petits fleuves bretons.
    En outre, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes au sein de la sous- région marine (raie blanche, ange de mer et pocheteaux par exemple). La zone des Glénan constitue un secteur de capture du « petit pocheteau gris ».

    Pour en savoir plus

  • Sud Atlantique

    Présentation de la façade Sud Atlantique et ses enjeux écologiques

     

    Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques

    Plusieurs habitats pélagiques particuliers ont été identifiés au Sud de la sous région marine golfe de Gascogne : la zone frontale associée au talus océanique, la zone d’upwellings côtiers au droit des côtes girondines et landaise, les panaches estuariens (Girondes et Adour) et les secteurs d’interface terre mer (Pertuis charentais, estuaire de la gironde, bassin d’Arcachon).
    Ces secteurs sont le siège d’une production primaire et secondaire importante qui structure les réseaux trophiques de la façade. Les petits poissons pélagiques (notamment le maquereau et la sardine) y occupent également une place centrale.
     
    Habitats benthiques et structures géomorphologiques
    La sous région marine est particulièrement représentative des habitats sédimentaires qui occupent plus de 95% des fonds du plateau.
    Les zones sous influence océanique (côtes girondines et landaises, plateau continental) couvrent les quatre cinquièmes des surfaces et sont caractérisées par des sédiments sableux allant des sables fins aux sables grossiers.
    Les zones plus abritées (pertuis, baies et estuaires) sont caractérisées par des sédiments fins plus ou moins envasées. Les plus grands herbiers français de zostères naines s’y développent (Arcachon et mer des pertuis) ainsi que les herbiers du haut schorre (pertuis) et d’autres habitats biogéniques de surfaces plus limitées : bancs de maërl (pertuis), huitres plates et herbiers de zostères marines (Arcachon).

    En outre, les pertuis charentais et la Gironde sont le secteur le plus important de la sous région marine pour les vasières infralittorales et intertidales et présentent, plus au large, deux vasières circalittorales de taille remarquable. La présence de pennatules atteste des zones les moins perturbées. Les récifs couvrent des étendues plus limitées sur les côtes Ouest des îles de Ré et d’Oléron, au Sud de l’embouchure de la Gironde, sur la côte basque et au niveau du plateau de Rochebonne. En zone intertidale et subtidale, ils sont colonisés par les fucales et les laminaires qui sont des habitats fonctionnels pour nombre d’espèces halieutiques.
    Les estrans rocheux de la façade (Pertuis, Arcachon, côtes Basques) sont également colonisés par des plaquages d’hermelles qui présentent une diversité et une sensibilité importante.
    Les récifs basques, comme le plateau de Rochebonne, de part leur isolement, leur localisation méridionale et leur exposition à la houle, présentent une composition algale et animale originale. Les fortes variations bathymétriques (allant de – 80 à – 3 mètres) sont à l’origine d’une grande diversité d’habitats.

    Au Sud de la sous région marine, à la limite du plateau, des structures rocheuses carbonatées formées par des émissions de méthane froid présentent une faune typique. Ces formations correspondent au seul site de l’habitat Natura 2000 « structures sous-marines formées par des émissions de gaz » en France.
    Le secteur Sud du talus océanique présente une faune fixée très diversifiée (gorgones, crinoïdes, éponges et huîtres) bien que les récifs de coraux blancs y sont moins abondants que dans la partie Nord du golfe. Chaque canyon constitue un hot spot de biodiversité et présente un fonctionnement écologique spécifique. Le canyon du Gouf Cap Breton, à proximité de la côte, constitue une particularité au niveau mondiale puisque seule une trentaine de canyons « côtiers » ont été recensés dans le monde). Les échanges hydrologiques et sédimentaires avec la côte y sont importants et permettent le développement d’une faune très particulière. Le canyon d’Ars est également remarquable par la diversité des habitats présents.

    En contrebas du talus à la frontière espagnole, par plus de 1000 mètres de profondeur, le haut plateau landais est composé de vases bathyales. Il est colonisé par les gorgones, les pennatules et quelques coraux solitaires. On y observe un autre type de structures formées par les émissions de gaz appelé « pockmark ».

    La plaine abyssale est constituée de sédiments fins. Trois éventails profonds sont formés par les arrivées de sédiments en provenance du plateau. Au sud du secteur, le dôme de Gascogne est un mont sous marin de 500 mètres de hauteur situé à plus de 4000 mètres de profondeur. Les écosystèmes associés à la plaine et à ce mont ne sont pas connus.
     
    Zones fonctionnelles pour les espèces marines
    La façade possède une responsabilité au niveau européen pour la conservation des poissons amphihalins avec l’estuaire de la Gironde et celui de l’Adour ; la Gironde étant le dernier fleuve fréquenté par l’Esturgeon européen. Les effectifs d’aloses, de lamproies, de saumons et d’anguilles sont très significatifs. Des nourriceries d’aloses et d’esturgeons ont été identifiées dans les eaux côtières de la sous région marine.

    Le Sud du golfe de Gascogne constitue également une zone majeure en Europe pour les grands cétacés (baleines à bec, rorqual commun, globicéphale noir, cachalot) ; les concentrations d’espèces observées sont parmi les plus fortes d’Europe. On les observe en particulier à proximité du talus et dans la strate océanique où ces espèces exploitent la couche profonde de dispersion (riche en nutriments et en zooplancton). Les petits delphinidés sont présents en abondance au large et sur le plateau. Une zone de concentration de l’avifaune est identifiée en hiver au niveau du Gouf Cap Breton et à la côte, également fréquentée par le puffin des Baléares (menacé au niveau mondial) en période internuptiale. Cet intérêt ornithologique est vraisemblablement lié aux remontées de nutriments au niveau du talus, aux panaches fluviaux de la Gironde et de l’Adour et aux phénomènes d’upwelling côtiers.

    Sur l’estran, cinq sites d’hivernage (4 dans la mer des pertuis et le bassin d’Arcachon) présentent des effectifs d’oiseaux importants au niveau international. Les sites de nidification de l’avifaune marine présentent des effectifs assez modestes mis à part ceux du banc d’Arguin et de l’île de Ré.

    Pour les espèces halieutiques, les milieux vaseux sous l’influence des panaches estuariens, les baies et les herbiers du schorre sont des secteurs majeurs de nourriceries (céteau, plie, sole, anchois, anguille, bar, griset, maigre, raies, sardine…) et de frayères (anchois, sardine, bar, griset, maigre, raies, seiche, sole, sprat).
    Les côtes girondines et landaises sont également des zones fonctionnelles pour les espèces pélagiques (anchois, sardine, chinchard, maquereau, merlu, sprat).

    Enfin, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes au sein de la sous région marine (raie blanche, ange de mer et pocheteaux par exemple). La mer des pertuis, le bassin d’Arcachon le talus et le plateau de Rochebonne sont des secteurs historiquement importants pour ces espèces.
     

    Pour en savoir plus

  • Méditerranée

    Présentation de la façade Méditerranée et ses enjeux écologiques

     

    Conditions hydrographiques, habitats pélagiques et réseaux trophiques
     
    L’écosystème du bassin méditerranéen nord-occidental abrite, plusieurs habitats pélagiques particuliers qui structurent son fonctionnement. Il s’agit des zones d’interface terre mer que sont les panaches fluviaux et les espaces de transition mer-lagune et les zones de remobilisation d’éléments nutritifs marins en provenance des eaux plus profondes. Ces phénomènes sont particulièrement importants en limite du plateau continental au niveau du talus océanique (tourbillons, upwellings, downwellings).
     Le détroit de Bonifacio, le cap Corse et certains canyons (Lacaze Duthiers, Cassidaigne, Stoechades, Saint Florent, Sagone et Ajaccio) sont, de par leur conformation et leur orientation, des secteurs d’échanges primordiaux entre les eaux de surface et les eaux profondes.
     
    Plus au large, sous l’effet des vents froids, d’importantes convections s’établissent entre les eaux refroidies en surface et les eaux plus profondes.
     
    Les communautés planctoniques (végétales et animales) de la sous région marine et les réseaux trophiques qui en découlent sont très fortement conditionnées par ces habitats pélagiques. Les petits poissons pélagiques (sardine, sprat, anchois) sont un autre maillon clef de ces réseaux trophiques dont de nombreuses espèces dépendent directement pour accomplir leur cycle de vie. Depuis 2008, le fonctionnement des réseaux trophiques semble perturbé ; Des évolutions des communautés zooplanctoniques dont l’origine est mal expliquée ont entraîné une chute importante des biomasses de petits pélagiques.
     

    Habitats benthiques et structures géomorphologiques
     
    La Méditerranée française est particulièrement représentative des habitats sédimentaires ; ils occupent près de 99% du plateau et la quasi-totalité des abysses.
    Sur le plateau continental, les sédiments vaseux et détritiques recouvrent la quasi totalité de l’étage circalittoral. Ils sont classiquement situés depuis les sables fins infralittoraux dans le golfe du Lion et les herbiers de posidonies en PACA et en Corse jusqu’aux limites du talus. Ces sédiments constituent des zones fonctionnelles primordiales pour nombre d’espèces halieutiques. Certains habitats biogéniques des fonds sédimentaires présentent également des biocénoses très diversifiées et vulnérables. On signalera notamment les herbiers, les associations à maërl et à rhodolithes (présentes principalement en Corse et dans la rade d’Hyères, et sur de plus petites surfaces ailleurs en PACA) sur les fonds détritiques jusqu’à une quarantaine de mètres, mais aussi, les associations à pennatules, à gorgones Isidella elongata et à crinoïdes (ou comatules) sur les secteurs envasés du plateau au-delà de 40 mètres de profondeur.

    A la limite du talus, dans le périmètre du Parc naturel marin du golfe du Lion, un système de dunes hydrauliques circalittorales constitue une structure singulière en Méditerranée.
    Les espaces sédimentaires médiolittoraux sont restreints en Méditerranée française et principalement situés en Camargue et sur la côte orientale Corse.

    L’habitat herbier à Posidonie est de l’étage infralittoral, écosystème-pivot de la bande littorale méditerranéenne. Il occupe près de 900 km² (soit 5% du plateau continental) principalement répartis en Corse en en PACA. Il offre de nombreuses fonctionnalités écologiques clefs : stabilisation et oxygénation des sédiments, lieux de frayères et nurseries, atténuation de l’hydrodynamisme, etc. Dans certaines conditions de houle et de courantologie, l’herbier se présente sous forme de « récifs barrières » ou d’herbier tigré qui constituent des habitats particulièrement vulnérables. La présence de grandes nacres, espèce caractéristique de l’herbier, est un bon indicateur des zones les moins soumises aux pressions physiques.
    Dans les zones plus abritées (lagunes et fonds de baie), des herbiers de cymodocées et de zostères peuvent se développer.

    Les récifs représentent des surfaces plus faibles que les habitats sédimentaires mais qui peuvent s’étendre dans les trois dimensions notamment au niveau des tombants. Ils sont le support pour de nombreux habitats biogéniques qui présentent une diversité et une sensibilité importantes : les encorbellements ou « trottoirs » à Lithophyllum formés par des algues encroûtantes et les ceintures d’algue rouge (Rissoella verruculosa) en zone médiolittorale, les peuplements de cystoseires (en zone infralittorale, et médio), de Laminaire de Méditerranée (zone infralittorale) et le coralligène (en zone infralittorale et circalittorale). Ces biocénoses « tridimensionnelles » offrent des habitats pour tout un cortège d’espèces animales. Plusieurs espèces, inféodées aux milieux rocheux, constituent des enjeux du fait de leur vulnérabilité : le corb, le mérou brun, la patelle géante, la grande cigale et la datte de mer. Ces espèces font toutes l’objet d’une protection réglementaire d’interdiction de prélèvement.
    Les biocénoses récifales de Corse et de certaines parties du littoral PACA sont particulièrement représentatives de l’habitat et bien conservées.

    Les grottes marines constituent également des habitats particuliers liés notamment à la raréfaction de la lumière. Elles sont bien représentées dans les Bouches du Rhône et en Corse).

    Le talus océanique avec notamment les canyons de Lacaze-Duthiers, Cassidaigne, Porto et Valinco et les monts sous-marins d’Asinara et du cap Corse présentent une faune fixée très diversifiée sur les secteurs rocheux (coraux blancs, jaunes, rouges et noirs, gorgones, éponges et huîtres).
    Les secteurs vaseux présentent également une faune diversifiée proche de celle observée sur le plateau (pennatules, gorgones et crinoïdes) avec notamment les canyons du Petit Rhône, de Couronne et de Saint Florent.
    La plaine abyssale est constituée de sédiments fins. Sa partie centrale est marquée par des « hauts topographiques » formés par des accumulations de sels.
    Les écosystèmes associés à la plaine et à ces reliefs ne sont pas connus.
     
    Zones fonctionnelles pour les espèces marines
     
    Le golfe du lion est la principale zone de concentration de l’avifaune marine (puffins, sternes, océanites, mouettes et goélands) en été et dans une moindre mesure en hiver. Le large est moins fréquenté mis à part par les océanites et les mouettes pygmées en hiver.

    Les eaux françaises constituent une zone majeure à l’échelle de la Méditerranée pour les cétacés reconnue en tant qu’Importante Marine Mamals Area (IMMA). 7 espèces sont régulièrement recensées : grands plongeurs (Rorqual commun et cachalot), dauphin bleu et blanc, dauphin de Risso globicéphale. Les zones de concentrations du grand dauphin, espèce principalement côtière, sont au niveau du golfe du Lion, au Cap Corse, dans les Bouches de Bonifacio, et de manière plus diffuse en Région PACA. La répartition est l’abondance des baleines à becs sont mal connues). Les eaux du large sont également fréquentées par les tortues caouannes (en été). Ces zones fonctionnelles pour les espèces sont inféodées aux habitats pélagiques présentés dans la première partie.

    Les lagunes, les îles et les îlots de la sous région constituent des secteurs importants pour la nidification de l’avifaune marine. Ceci confère à la sous région une responsabilité importante pour la conservation de huit espèces marines (océanite tempête, puffin de yelkouan et scopoli, goéland d’Audouin, railleur et leucophée, sterne hansel et cormoran huppé) et pour le gravelot à collier interrompu en zone littorale.

    Le golfe du Lion est un secteur majeur au niveau de la Méditerranée pour les nourriceries et frayère de poissons pélagiques (sprat, anchois, sardine, chinchard, merlu, thon) et démersaux (sole, grondin, rouget…). Les abords du talus présentent un intérêt particulier pour le merlu, le chinchard et les langoustines.

    En outre, plusieurs espèces d’élasmobranches, présentant des statuts de conservation très défavorables au niveau mondial, sont présentes sur la sous-région marine (raie blanche, ange de mer et mante de Méditerranée, squale-chagrin, requin taupe, requin pèlerin et peau-bleue par exemple).
    On signale également une zone de capture de pocheteau noir (également menacé) à l’est de la Corse. Ces espèces représentent des enjeux de conservation très forts. Les eaux du large sont également fréquentées par les poissons pélagiques (thon rouge et espadon).

    Enfin, le Rhône est une zone de transition importante pour certains amphihalins comme les aloses et les lamproies.
     

    Pour en savoir plus

  • Antilles

    Présentation du bassin maritime des Antilles

      Caractéristiques physiques
      La formation de l’arc caribéen est en premier lieu due à l’émergence de volcans du fond de l’océan à proximité de la bordure de la plaque caribéenne. Puis, pendant des millions d’années, le niveau marin va varier. Lorsque celui-ci monte, les volcans se trouvent alors pour partie voire intégralement sous le niveau de la mer. Le corail peut donc s’y développer. Ensuite, lorsque le niveau de la mer diminue ou que la tectonique « pousse » les reliefs vers le haut, la couche de corail affleure au-dessus de la roche volcanique et va progressivement se transformer en roche sédimentaire calcaire. Cette dernière se caractérise par son horizontalité (déterminée par le niveau de la mer lors de l’immersion). La formation géologique des îles a donc une influence directe sur leur relief.

    Ainsi, de manière très schématique, les îles des Caraïbes peuvent être décrites comme des volcans émergés plus ou moins recouverts de roches sédimentaires calcaires. Les typologies observées entre les différentes îles résultent à deux exceptions près (la Barbade et les Bahamas) du moment de la formation de ces dernières : les îles les plus récentes sont à dominante volcanique tandis que les îles les plus anciennes sont à dominante calcaire. Il existe de fait dans les caraïbes quatre types d’îles : les îles calcaires, les îles volcaniques anciennes recouvertes de calcaire, les îles volcaniques récentes et les îles mixtes.

     

    Caractéristiques hydrologiques
    Saint-Martin
    La partie française de Saint-Martin présente quatre principaux bassins versants : la ravine du Colombier, la ravine Careta, la ravine du Quartier et la ravine Diamant. Ces bassins versants sont de taille modeste (comprise entre 3,5 et 6,6 km²) et possèdent des caractéristiques spécifiques. En effet les bassins situés sous le vent (ravine du Colombier et ravine Diamant) sont moins compacts et ont un profil de pente beaucoup plus régulier que les bassins au vent (ravine Careta et ravine du Quartier).

    Saint-Barthélemy
    De par l’exiguïté de son territoire, son relief accidenté et l’irrégularité de la pluviométrie annuelle (alternance de périodes de sécheresse prolongée et de fortes pluies), l’île de Saint-Barthélemy ne possède aucun ruisseau ni aucune rivière.
    Cependant, les bassins versants, de par leur étendue et leur forte pente, ont façonné un nombre important de ravines, capables de canaliser dans des temps très courts des volumes d’eau considérables.

    Guadeloupe
    Le réseau hydrographique de la Guadeloupe est très différent d’une île à l’autre. À la Désirade et aux Saintes les ravines sont le plus souvent sèches. De même, à Marie-Galante et en Grande-Terre le régime hydrologique est conditionné par la faiblesse de la pluviométrie, les ravines ne coulant donc pas en période de sécheresse.
    En Basse-Terre en revanche, le régime hydrologique est essentiellement déterminé par l’abondance de la pluviosité, toujours supérieure à l’évapotranspiration. Les rivières ont ainsi un écoulement permanent alimenté par le ruissellement des précipitations et soutenu par les résurgences de nappes d’eau souterraines d’altitude. À la suite de fortes précipitations, les débits peuvent passer de 1 m³/s à 300 voire 400 m³/s. En période de sécheresse, les écoulements sont relativement faibles.
    Les cours d’eau de la Basse-Terre se caractérisent par des bassins versants de petite taille (10 à 30 km²) sauf celui de la Grande Rivière à Goyave qui atteint 158 km².

    Martinique
    Le réseau hydrographique de la Martinique est marqué par un nombre important de cours d’eau et de bassins versants indépendants. Le plus important d’entre eux est celui de la Lézarde. D’une superficie de 116 km², il compte environ 520 km de cours d’eau et ravines s’écoulant sur 7 communes. Les autres bassins versants de Martinique sont de taille modeste, le plus souvent inférieurs à 15 km².
    Sur le plan morpho-dynamique, et à l’échelle de chaque rivière principale, on
    peut faire ressortir, trois zones distinctes :

    • un tronçon montagneux en amont, lieu de production érosive ;
    • un tronçon de plaine côtière, avec un lit mineur de sables, galets et graviers serpentant au sein d’une plaine inondable ;
    • un tronçon aval, sous influence maritime dont le niveau varie avec les marées : le lit y est vaseux et les berges stables, et il serpente souvent au sein de la mangrove.

    Si les cours d’eau du nord sont plutôt de type rivières de montagne (pentes fortes, dénivelés importants, bassin allongé, vallées encaissées), et ceux du sud de type rivières de plaine et de mangrove, la Rivière Lézarde possède quant à elle les trois types de caractéristiques suivant les secteurs.
    La Martinique compte ainsi deux grands ensembles hydrographiques. Au nord, les pentes et les dénivelés sont importants et les bassins versants sont allongés, entraînant des écoulements torrentiels, de forte énergie, pouvant être soumis à de fortes variations en très peu de temps. À l’inverse, au sud, le relief et les pentes sont environ deux fois moins marqués et les bassins versants moins allongés. Ainsi, hors période de crues, les écoulements sont plus faibles. Par ailleurs dans les derniers kilomètres, la pente devient très faible jusqu’à s’annuler en zone de développement de mangrove. La nature argileuse des sols alliée à une faible pluviométrie engendre des étiages très faibles.

    Document stratégique de bassin maritime des Antilles
     

    Guyane

    Situation géographique de la Guyane et particularités du territoire
    Le territoire de la Guyane française s’étend sur environ 84 000 km².
    Ce territoire localisé entre l’équateur et le tropique du cancer est la deuxième plus grande région et le plus grand département de France. Il représente un sixième du territoire métropolitain et compte la commune française la plus étendue, Maripasoula (18 360 km²).
    La Guyane se divise en deux zones géographiques distinctes : la zone boisée qui couvre 96 % du territoire et s’entend dans la partie continentale du département et la zone littorale sur la façade Atlantique, où se concentre la majorité de la population. Sa zone économique exclusive s’étend sur une superficie de près de 122 000 km² et abrite de nombreuses espèces littorales et marines.
     
    Les côtes de la Guyane s’étendent sur pas moins de 378 kilomètres entre les fleuves Oyapock à l’est et Maroni à l’ouest. Le littoral guyanais se caractérise par la présence de bancs de vase très mobiles, provenant de l’Amazone au Brésil. Ces bancs de vase longent les côtes du plateau des Guyanes en direction du fleuve Orénoque au Venezuela. Les eaux de Guyane sont chargées de sédiments puisqu’une partie des 600 millions de tonnes de sédiments arrachés aux Andes est charriée jusqu’au littoral guyanais chaque année.
    De plus, la bande littorale guyanaise est principalement composée de mangroves, puisqu’elles recouvrent environ 80 % de sa superficie, soit 700 km². Elles constituent ainsi une des plus grandes ceintures de mangroves au monde. Cependant, les mangroves, qui jouent un rôle majeur pour les ressources halieutiques guyanaises, sont aujourd’hui des habitats soumis à de nombreuses pressions.
    Le littoral guyanais comprend également les seuls habitats rocheux entre l’Amazone et le fleuve Orénoque. Ces rares zones rocheuses, comme les îles du Salut au large de Kourou, les îlets de Rémire au large de Cayenne ou encore, les battures du Connétable, sont des habitats propices pour de nombreuses espèces marines.
     
    Tous ces éléments font des eaux guyanaises une zone vitale pour de nombreux poissons, mais aussi mammifères marins, tels que le dauphin de Guyane ou les lamantins. La présence d’une faune marine diversifiée, cependant soumise à différentes pressions (pollution, pêche, etc.), permet de mettre en évidence l’importance des habitats en mer.

    Présentation du bassin maritime de la Guyane

     

    Caractéristiques hydrologiques
    Réseau hydrographique
    Le découpage administratif de la Guyane est intimement lié aux unités hydrographiques. En effet, du fait de sa position dans la zone climatique équatoriale humide, la Guyane présente un réseau hydrographique particulièrement dense. Ainsi, la Guyane fait partie des trois premiers territoires mondiaux en termes de ressource disponible par habitant. Cette abondance de cours d’eau façonne le territoire et a inspiré l’établissement des limites administratives.
    L’ensemble des fleuves de Guyane se jette au Nord du district, dans l’océan Atlantique. Leurs débits présentent des variations annuelles quasi uni-modales avec des hautes eaux en mai et un étiage marqué en octobre. Cette tendance annuelle est toutefois marquée par une légère baisse des débits durant la période du petit été de mars.
    Les cours d’eau guyanais sont jalonnés de nombreux sauts, plus ou moins prononcés selon la saison, alternant avec des tronçons d’eau plus calme.

    Ainsi, le territoire est délimité par :

    • la côte Atlantique au nord,
    • le fleuve Oyapock marquant la limite entre la Guyane et le Brésil à l’est,
    • le fleuve Maroni marquant la frontière entre le Suriname et la Guyane à l’ouest,
    • la ligne de partage des eaux avec le bassin de l’Amazone constitue la frontière avec le Brésil au sud.

    À l’échelle plus locale, les bassins hydrographiques constituent également les limites des communes. Les hydrosystèmes transfrontaliers, constituent des lieux de vie, de production et d’échanges favorables à la construction d’une véritable identité culturelle liée aux fleuves.
     

    Hydro-écorégions
    L’hydrographie est un marqueur révélateur du caractère de façade littorale de la Guyane. Par conséquent, l’étude des hydrosystèmes du territoire (géologie, relief, climat…) du Cemagref (Chandesris, Wasson et Pella, 2005) a identifié deux hydro-écorégions :

    • le bouclier guyanais : région au réseau hydrographique dense sous forêt équatoriale, indépendant des ondes de marées se développant sur des roches imperméables très érodées,
    • la plaine littorale : une façade littorale de grande hétérogénéité, aux nombreuses zones humides et aux sédiments récents.

     
    Caractéristiques géologiques et géomorphologiques
    Géologie
    La Guyane est localisée sur un vaste ensemble géologique qui s’étend de l’Ouest du Brésil à l’Est du Vénézuela et de la Colombie. Cet ensemble qui comprend donc également le Suriname et la Guyane britannique est appelé le bouclier des Guyanes ou le plateau des Guyanes.
    La région de Guyane française constitue une partie de ce bouclier, composé de roches précambiennes formant une structure stable entourée de roches volcaniques ou sédimentaires. Il s’agit d’une ancienne pénéplaine (surface plane en stade final d’érosion formée il y a plus de 4 milliards d’années) qui est couverte au niveau de la côte Atlantique par des substrats marins du tertiaire et du quaternaire (de 63 millions à 10 mille ans). Ces substrats sont des produits de l’érosion des Andes et de la chaîne caraïbes. L’érosion préférentielle des zones moins compétentes du socle précambrien laisse émerger des îlets et des monts tels que l’îlet la Mère, les îles du Salut ou le Mont Bourda. L’ensemble des terrains sédimentaires entourant ces îlets et ces monts sont composés de sédiments quaternaires. Les côtes rocheuses de Guyane sont uniques sur le littoral sud-américain entre l’Amazone et l’Orénoque.

    Géomorphologie du littoral
    La Guyane présente une façade maritime orientée vers le Nord-est d’environ 350 km. Elle fait partie d’un vaste plateau littoral vaseux de 1 600 km qui s’étend de l’embouchure de l’Amazone à celui de l’Orénoque.
    Le littoral guyanais est le siège d’une dynamique très active, marquée par l’alternance successive de phases de sédimentation et d’érosion. L’hydrodynamisme et la dynamique sédimentaire remodèlent en permanence le milieu côtier guyanais par la migration des bancs de vase. Sous l’influence des grands systèmes atmosphériques et océaniques, les bancs de vase, issus des sédiments de l’Amazone, circulent le long des côtes guyanaises, avec des vitesses de 1 à 2 kilomètres par an. Ces bancs de vases mesurent de 10 à 15 km de large et de 1 à 3 m de profondeur. Ils agissent comme une zone tampon entre le milieu marin et le rivage. Cette forte dynamique se traduit donc par des secteurs en accrétion, séparés les uns des autres par des espaces inter-bancs qui subissent une forte érosion due à l’attaque directe de la houle.
     
    La frange littorale de Guyane est également le siège de zones humides. Il existe de
    nombreuses références traitant des zones humides, notamment concernant la biodiversité animale et végétale et la dynamique côtière. Les zones humides de Guyane sont principalement localisées sur la bande littorale et représentent une proportion importante à l’échelle du territoire guyanais, mais également à l’échelle du territoire français.
     
    Les mangroves et vasières occupent une superficie d’environ 700 km². Quatre espèces caractérisent les mangroves guyanaises : Avicennia germinans, Rhizophora ssp, Laguncularia racemosa et Conocarpus erectus, les deux premières étant les espèces dominantes. La dynamique de colonisation d’un banc de vase passe par l’installation rapide des espèces A. germinans et L. racemosa. Cette dernière reste cependant récessive face au développement rapide d’Avicenia, qui restera au bout de quelques années la seule espèce de la mangrove.
    Cependant, Rhizophora continuera son développement dans les sous-bois en empêchant ainsi la régénération des propagules d’Avicenia et modifiant la composition spécifique à long terme. La vitesse de croissance des palétuviers en Guyane peut atteindre 2 à 4 m de hauteur par an selon les mesures réalisées.
    Les mangroves sont dépendantes des phénomènes d’érosion et d’envasement qui causent leur déplacement permanent et leurs délimitations changeantes au cours des années. En effet, la présence de bancs de sable d’origine amazonienne conditionne la progradation et l’érosion des mangroves situées sur le front de mer. L’impact anthropique sur sa superficie n’est également pas négligeable au niveau des grandes agglomérations. Ainsi, l’état actuel de dégradation par l’Homme de la mangrove côtière est important au niveau des agglomérations les plus grandes, comme Cayenne et Kourou, où les palétuviers font parfois l’objet de campagnes d’abattage (urbanisation, campagne de démoustication). Les palétuviers sont les végétaux largement dominants dans la constitution de mangroves guyanaises qui sont relativement peu diversifiées au niveau flore. La faune qu’elle abrite, a contrario, est d’une grande diversité.
     
    Les marais sont essentiellement en arrière de mangroves et couvrent environ 1 500 km² sur le littoral guyanais. Ils sont localisés entre Cayenne et l’embouchure de l’Oyapock, entre Sinamarry et Saint-Laurent-du-Maroni et sur la commune de Macouria. Ils abritent une richesse faunistique et floristique reconnue. Le caïman noir, le lamantin et de nombreux oiseaux d’eau en sont devenus des espèces emblématiques et sensibles aux phénomènes d’anthropisation. En effet, une partie de marais a été détruite pour permettre le développement de la riziculture.
     
    Enfin, les plages occupent environ 128 ha du littoral guyanais. Cette superficie relativement faible est pour autant d’une grande importance pour les tortues marines qui en font leur lieu de ponte. Deux sites ont été identifiés comme majeurs à ce sujet : les plages de Yalimapo et de l’île de Cayenne.

    Document stratégique de bassin maritime de Guyane
     

    Océan Indien

    L’île de La Réunion
    Département d’outre-mer (DOM) depuis 1946 et région ultra-périphérique (RUP) pour l’Europe, elle est habitée et française depuis 1638. L’île se caractérise par un relief marqué, conduisant notamment à un développement de l’urbanisation sur le littoral ou à basse altitude, générant diverses pressions et menaces pour le littoral et le milieu marin. Avec sa population dépassant 800 000 habitants, elle est de loin le DOM le plus peuplé. Le métissage de sa population en fait également son originalité : celle-ci est multi-ethnique, multiculturelle et multicultuelle avec des origines africaines, malgaches, indiennes, chinoises et européennes.

    La Réunion est une région dont les infrastructures, notamment en matière de transport (port, routes, aéroport), sont aux standards européens. Elle souffre néanmoins d’écarts importants avec la métropole dans les domaines sociaux et éducatifs. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l’ordre de 29 %, et 60 % chez les jeunes. Le premier secteur économique de l’île est aujourd’hui le tourisme.
    La Réunion, qui accueille un parc national et une réserve nationale naturelle
    marine, est un des 34 points chauds (« hot spots ») de la biodiversité mondiale (selon le classement de l’université d’Oxford) et a été inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » en 2010.

    L’île de Mayotte
    Peuplée dès le Moyen-Âge, Mayotte n’est française que depuis 1841. Elle est devenue DOM en mars 2011 à la suite du referendum de 2009 et RUP, donc partie de l’Union européenne, en 2014.

    Avec plus de 250 000 habitants, elle connaît une croissance démographique exponentielle puisque sa population a été multipliée par 7 entre 1950 et nos jours. Cela s’explique par une forte natalité (5 enfants par femme en moyenne) et l’immigration clandestine en provenance des Comores (environ 40 % de la population est de nationalité étrangère). Mayotte est de ce fait le département le plus
    jeune de France avec la moitié de sa population composée de jeunes de moins de 18 ans.
    La population mahoraise est issue d’un métissage entre les populations d’origine bantoue et les différentes vagues d’immigration, principalement malgache. L’île se caractérise par une très forte densité : 511 habitants au km², faisant de cette île la seconde île la plus densément peuplée du Sud-Ouest de l’océan Indien, après l’île Maurice. Avec une ZEE de 74 000 km², Mayotte ouvre à la France une porte sur le canal du Mozambique et sur les routes maritimes stratégiques de l’océan Indien. Cependant, elle n’est pas reconnue comme française sur le plan international, ce qui limite sa pleine insertion dans l’ensemble régional.

    Mayotte a la particularité d’avoir l’intégralité de sa zone économique exclusive intégrée dans une aire marine protégée, le Parc naturel marin de Mayotte, premier parc naturel marin créé en outre-mer (décret du 18 janvier 2010). Cela se justifie notamment par la richesse et la superficie de son lagon qui, avec 1 100 km², couvre une superficie quatre fois supérieure aux terres émergées. La pêche professionnelle y est bien implantée, constituant la seconde activité économique de l’île, ce qui procure des ressources alimentaires et économiques indispensables à la population.

    Les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises)
    Bien qu’étant une collectivité sans population permanente, les TAAF constituent l’un des plus anciens territoires français d’outre-mer dont la ZEE couvre 2,2 millions de km².
    Situés dans les mers Australes, les îles Kerguelen et l’archipel Crozet sont en effet français depuis 1772, année de leur découverte.
    Les îles Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam sont passées sous souveraineté française en 1892. La France exerce des activités scientifiques depuis 1950 en terre Adélie, zone de présence française en Antarctique. Le district de Terre Adélie couvre environ 390 000km² et dispose d’une station scientifique permanente (Dumont d’Urville) et d’une base annexe (Cap Prud’homme). Le district des îles Éparses de l’océan Indien, intégré aux TAAF en 2007, est composé d’îles, îlots et atolls tropicaux tous inhabités et pour la plupart situés dans le canal du Mozambique.

    Créée en 2006, la Réserve naturelle nationale (RNN) des Terres australes françaises a été étendue en mer en 2016 pour atteindre une surface de 672 969 km². Par ailleurs, les TAAF ont institué en 2017 un périmètre de protection autour de la RNN (arrêté préfectoral 2017-28), qui étend la gouvernance et la réglementation environnementale de cette dernière jusqu’aux limites extérieures des ZEE des Terres australes françaises, soit un peu plus de 1,66 millions de km². L’importance du patrimoine naturel marin de ce territoire et la qualité de sa gestion ont été reconnus au niveau international en 2018 via sa labellisation « Liste Verte des aires protégées et conservées » de l’UICN et son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco le 5 juillet 2019 sous l’appellation « Terres et mers australes françaises ». Il s’agit du plus grand bien classé au patrimoine mondial de l’Humanité.

    Concernant les îles Éparses, des protections existent également (Parc naturel marin des Glorieuses, zone Ramsar à Europa, autres procédures en cours pour la protection du patrimoine naturel). L’isolement de ces terres nécessite pour leur administration une chaîne logistique complexe, assurée par l’administration des TAAF.

    Présentation du bassin maritime Sud océan indien et les ZEE françaises

     

    Habitats et espèces marins et côtiers
    Considérés comme des hotspots mondiaux pour la biodiversité, les îles françaises du Sud océan Indien accueillent un patrimoine naturel exceptionnel, se traduisant par une biodiversité littorale et marine remarquable, à forte valeur écologique et économique. Le littoral terrestre présente des habitats et espèces associées remarquables participant à la richesse naturelle de ces îles et au bon fonctionnement des écosystèmes :

    • Les mangroves, qui occupent 30% du littoral mahorais, et sont présentes sur Europa, jouent un rôle important à divers titres : production primaire, protection du trait de côte, épuration des ressources en eau, puits de carbone, rétention des sédiments issus de l’érosion terrestre, intérêt paysager et écologique ;
    • Les zones humides littorales, étangs littoraux de La Réunion (étang de Saint-Paul, étang du Gol), lagunes et vasières à Mayotte (Ambato et Badamiers) constituent aussi des milieux remarquables et particuliers, accueillant une grande biodiversité ;
    • Certaines plages sont qualifiées de remarquables, accueillant une végétation littorale typique, et constituent des sites de pontes importants pour les tortues (ex. : l’île Europa est le plus important site de ponte pour les tortues vertes- Cheloniamydas - à l’échelle du bassin). Les habitats littoraux sont aussi importants pour de nombreuses espèces remarquables et/ou endémiques (cas des oiseaux, comme les puffins se reproduisant dans les falaises littorales, ou des populations de sternes fuligineuses présentes sur le littoral des îles Éparses).

    Les îles tropicales se distinguent également par leurs habitats marins :

    • Les récifs coralliens sont le support d’une biodiversité exceptionnelle, parmi les plus riches à l’échelle mondiale pour le milieu marin, composée d’un large ensemble de groupes taxonomiques (coraux, poissons, éponges, crustacés, mollusques… plus de 10 000 espèces recensées à ce jour). Leurs états de conservation sont variables.
      Les îles Éparses possèdent les écosystèmes les mieux conservés (bancs récifaux, atolls) du fait de leur faible pression anthropique, constituant des sites de référence à l’échelle mondiale (notamment Europa). Le lagon et les récifs de Mayotte (récifs barrière), encore en bon état, sont caractérisés par une capacité de résilience exceptionnelle, alors que les habitats coralliens de La Réunion (récifs frangeants) souffrent davantage des pressions anthropiques provenant essentiellement des bassins versants du fait de leur jeunesse et de leur faible développement (récifs attenants à la côte). Ainsi, selon l’UICN, 15 % des espèces de coraux constructeurs de récifs sont menacées ou quasi menacées à La Réunion, 12 % à Mayotte et 6 % dans les îles Éparses.
    • Les herbiers à phanérogames marines sont la nurserie de nombreuses espèces, y compris d’intérêt halieutique, et sont un lieu d’alimentation d’espèces protégées telles que les dugongs et les tortues marines. Ils jouent également un rôle fonctionnel de clarification de l’eau et de fixation des sédiments. Leur régression a donc un fort impact sur la qualité de l’eau, donc sur l’ensemble de l’écosystème.
    • Les récifs mésophotiques, compris généralement entre 40 et 150 m de profondeur, restent encore très largement méconnus dans le bassin océan Indien, mais aussi à l’échelle mondiale du fait de la difficulté de les étudier. Des études récentes ont montré que la partie supérieure des récifs mésophotiques (40-60 m) pouvait partager des espèces avec les récifs moins profonds, alors que leur partie inférieure (60-150 m) héberge plutôt des espèces spécialistes, inféodées à ces environnements profonds. Ces récifs pourraient jouer un rôle de refuge face aux pressions anthropiques exercées dans les milieux moins profonds et à l’augmentation de température, accentués dans les eaux de surface.

    Autour des îles, les eaux côtières accueillent aussi des habitats permettant le développement de la mégafaune marine, tels que les mammifères marins (dauphins et baleines principalement). La baleine à bosse vient s’y reproduire et y mettre bas durant l’hiver austral à La Réunion ou à Mayotte, alors que le grand dauphin de l’Indopacifique se développe dans un habitat spécifique côtier restreint (moins de 100 m de profondeur uniquement). De nombreuses espèces de raies et requins, certaines menacées d’extinction, sont également présentes.

    Alors que la plupart des îles sont tropicales, les 3 districts-austraux – Archipel de Crozet, Archipel des Kerguelen et Iles Saint-Paul et Amsterdam – situés dans la zone subantarctique et subtropicale pour Saint-Paul et Amsterdam, présentent une diversité d’habitats et d’espèces remarquables, avec un fort taux d’endémicité régionale, voire mondiale. Les fonds marins, en particulier les zones de plateaux continentaux, présentent aussi une forte diversité et densité d’organismes, ce qui constitue des milieux remarquables (cas des EMV : écosystèmes marins vulnérables).
    En outre, les eaux côtières présentent aussi une forte production primaire et secondaire, ce qui crée un milieu favorable et riche pour de nombreuses espèces (comme les poissons mésopélagiques et les céphalopodes). Ces habitats permettent aussi le développement des mammifères marins (dont 3 espèces de pinnipèdes), des oiseaux marins (47 espèces dont 14 classées « menacées » par l’UICN), et des cétacés (6 espèces), eux-mêmes bioindicateurs efficaces des changements dans les écosystèmes.

    Des actions de protection ont été mises en place pour préserver ce réservoir de biodiversité : plans d’actions de conservation (PNA, plan de lutte contre la mortalité aviaire dans les terres australes, IFRECOR, etc.), et la mise en place de 5 aires marines protégées.
    Ces habitats et espèces remarquables, encore mal connus, subissent des pressions, sont en recul à l’échelle mondiale, et nécessitent donc des efforts importants de conservation. D’autres comme les milieux mésophotiques, encore largement méconnus, méritent une attention particulière dans les recherches à venir.

    Sites, paysages et patrimoine culturel maritimes et littoraux
    Les îles du bassin Sud océan Indien recèlent une diversité de paysages sous-marins et littoraux, qui s’explique par leurs histoires géologiques et naturelles. Certaines, d’origine volcanique et marquées par des reliefs échancrés, présentent des bassins versants occupés par les activités humaines (culture de la canne à sucre…), pour se terminer par des côtes rocheuses ou des plages sableuses.

    Les paysages côtiers sont donc variés, s’illustrant par la présence de falaises vives et de côtes rocheuses, de côtes à galets, de côtes sableuses, de baies, voire de linéaires côtiers artificialisés. Une végétation côtière typique vient également apporter une certaine particularité, telles que les mangroves (à Mayotte, Europa) ou les zones humides (cas des étangs littoraux de La Réunion). L’originalité paysagère réside aussi dans la présence de volcans (encore actif pour le Piton de La Fournaise à La Réunion, résiduel pour la Petite Terre à Mayotte ou sous-marin en formation au large de Mayotte), créant des paysages et des habitats originaux.
    De même, parmi les autres paysages emblématiques, les presqu’îles ou les îlots de sable blanc sont aussi à considérer.
    Enfin, les îles Australes, soumises à un climat plus rude, présentent des ambiances et des paysages typiques des eaux froides.

    Le milieu marin présente aussi des paysages remarquables, avec la présence de lagons et récifs coralliens, jouant sur des graduations bleutées. Les fonds marins participent aussi à cette richesse, au travers de pentes externes et tombants densément habités.

    Document stratégique de bassin maritime Sud Océan Indien

    Nouvelle-Calédonie

    Plan de gestion du Grand Lagon Sud

    Présentation du Grand Lagon sud

      Critères
      Le GLS recouvre la totalité de l’Île des Pins et certaines parties littorales des communes du Mont-Dore et de Yaté. Plusieurs critères font du GLS un site particulier et exceptionnel par sa biodiversité et ses peuplements :
    • une multitude de types de récifs coralliens offrant une grande variété d’habitats ;
    • les eaux les plus froides du territoire ;
    • des influences terrestres très faibles et une fréquentation humaine encore faible.

    Herbiers et algueraies
    La nature des herbiers et algueraies du « Grand Coude – Djëu Kürü » les distinguent de ceux du reste de la Nouvelle-Calédonie. Cette flore est originale avec la présence d’espèces s’apparentant à celles rencontrées dans les mers tempérées.

    Poissons
    Il en est de même pour les poissons puisque des espèces d’eaux subtropicales sont présentes, ainsi que certains poissons demoiselles peu répertoriés ailleurs en Nouvelle-Calédonie. Le GLS est aussi un site exceptionnel du point de vue des espèces emblématiques.

    Tortues
    Parmi les quatre espèces de tortues marines décrites dans les eaux calédoniennes, trois sont présentes dans le Sud : Chelonia mydas - la tortue « verte » dont une importante population vit dans le GLS mais ne s’y reproduit que rarement, Eretmochelys imbricata - la tortue « bonne écaille », et Caretta caretta - la tortue « grosse tête », pour qui le GLS est un site important de ponte. Toutes sont inscrites sur la liste rouge de l’UICN des espèces menacées.

    Oiseaux
    Les oiseaux sont également d’une exceptionnelle diversité, en particulier dans la Corne Sud. Cet espace regroupe 12 Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) à l’échelle internationale. Sur l’ensemble du GLS, 12 espèces d’oiseaux marins nicheurs ont été recensées ainsi qu’une densité remarquable de balbuzards. Parmi ces espèces, trois ne nichent nulle part ailleurs dans l’ensemble du lagon entourant la Grande Terre, et cinq autres ne sont trouvées que dans cette zone.

    Baleines
    Le GLS est également une zone de reproduction et de mise bas des baleines à bosse. Les baleines sont présentes en permanence pendant la saison fraîche, et des activités de reproduction, comme les joutes entre les mâles ou l’émission de chants, sont observées. Cette zone est importante pour les groupes mères-petits, comme le montre la présence régulière des mêmes femelles accompagnées de leur baleineau de l’année.
    En raison de cette diversité en espèces emblématiques, vulnérables ou menacées, la totalité du GLS est considérée comme « d’importance internationale ».
     

    Plan de gestion du Grand Lagon Sud
     

    Plan de gestion du Lagon Nord

    Présentation du Lagon nord

      En 2008, en reconnaissance de leur valeur universelle exceptionnelle, une partie des lagons et récifs de Nouvelle-Calédonie a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Plusieurs critères ont guidé l’obtention de ce label d’exception.
      Une beauté naturelle exceptionnelle
      Les lagons et récifs coralliens calédoniens sont parmi les systèmes récifaux les plus beaux du monde en raison de la grande diversité des formes et formations présentes sur une zone relativement restreinte. La ZCNE illustre parfaitement ce critère de beauté naturelle, avec ses immenses étendues de mangroves (estuaire du Diahot) et ses lagons turquoises bordant des plaines à végétation aride.
     

    Un exemple représentatif de processus écologiques et biologiques en cours
    Le complexe récifo-lagonaire calédonien est unique au monde en ce qu’il est autostable dans l’océan : il assure lui-même son propre équilibre. Il encercle l’île de la Nouvelle-Calédonie, subissant une variété de formes d’exposition océanique, générant une grande diversité de faciès naturels : différents types de récifs, des côtiers aux atolls, et d’écosystèmes associés (mangroves, herbiers, algueraies…) à la fois en situation côtière et océanique. C’est l’un des meilleurs exemples de la planète des processus à l’origine des récifs coralliens tropicaux qui sont eux-mêmes parmi les écosystèmes les plus anciens et les plus complexes au monde.

    Des habitats naturels importants pour la conservation in situ de la biodiversité marine
    La zone de bien regroupe une grande variété d’habitats dont certains sont aujourd’hui menacés de disparition au niveau mondial (les récifs, herbiers et mangroves en font partis). Certains de ces écosystèmes sont même considérés comme intacts, vierges de tout impact humain, situation aujourd’hui très rare dans le monde. Cette diversité d’habitats abrite une exceptionnelle diversité d’espèces, dont certaines sont rares, emblématiques ou menacées d’extinction à l’échelle globale.
    La ZCNE héberge certaines de ces populations, notamment des dugongs, baleines à bosse, tortues marines, requins, napoléons, perroquets à bosse et mères loches.
    Le bien calédonien est défini comme un bien naturel en série, composé de six zones géographiques (appelées « sites »). Des zones tampons marines et terrestres ont été définies en périphérie des zones du bien, afin de limiter les perturbations à proximité immédiate du bien.

    Chacun des sites contribue à la valeur exceptionnelle du bien dans son ensemble et l’ensemble des sites intègre tous les espaces clés essentiels au maintien de ce caractère exceptionnel.
    Les trois provinces et le gouvernement de Nouvelle Calédonie (pour les récifs d’Entrecasteaux) sont responsables de la gestion et du maintien du bon état de conservation des sites sur leurs territoires respectifs. Le CEN assure la coordination de l’ensemble du bien en série.
    Deux sites se situent en province Nord : le Grand Lagon Nord (GLN) et la Zone Côtière Nord et Est (ZCNE), qui couvrent à eux seuls plus de la moitié du bien calédonien.
    La ZCNE est découpée en quatre sous-zones qui possèdent des peuplements naturels et des fonctionnements différents. Les lagons et récifs de Pum (Poum) se situent au sein des sous-zones 1 (côte ouest de Poum) et 2 (côte est de Poum) de la ZCNE.
     

    Plan de gestion du Lagon Nord
     

    Plan de gestion du Parc de la mer de Corail

    Présentation de la mer de Corail et son parc naturel

      Le parc naturel de la mer de Corail de la Nouvelle-Calédonie comprend la zone économique exclusive (ZEE) de la Nouvelle-Calédonie et les eaux territoriales et intérieures des « îles éloignées ». Il exclut donc les eaux territoriales et intérieures placées sous compétence provinciale.
      Les écosystèmes coralliens et insulaires
      44 % des espaces récifo-lagonaires de Nouvelle-Calédonie se trouvent dans la zone de compétence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. La Nouvelle-Calédonie, qui présente la diversité géomorphologique la plus forte de l’outre-mer français, dénombre à elle seule 163 classes récifales. Le parc naturel de la mer de Corail sous compétence du gouvernement en dénombre 29, illustrant leur relativement faible diversité morphologique. Les récifs coralliens du parc naturel se répartissent en quatre grands ensembles correspondants aux émergences des rides de Lord Howe, Fairway, Norfolk et Loyauté. Les îles et îlots disséminés dans le parc naturel sont de nature :
    • sableuse lorsqu’ils se sont développés au sein d’ensembles récifo-lagonaires (Entrecasteaux, Chesterfield, Astrolabe) ;
    • rocheuse lorsqu’ils ont une origine volcanique (Matthew, Hunter) ;
    • corallienne pour Walpole qui est un bloc de corail soulevé.

    Monts sous-marins
    La plus faible profondeur des monts sous-marins en fait les systèmes profonds les mieux étudiés. La connectivité entre ces habitats est un élément important pour la répartition de la biodiversité qui leur est associée. Ce fractionnement de l’habitat peut conduire à isoler des populations ou, à l’inverse, à les connecter en agissant comme un tremplin. Les monts sous-marins constituent donc des éléments remarquables de la topographie des fonds marins en intervenant dans la répartition de la biodiversité et dans sa dynamique temporelle en permettant le renouvellement des espèces et leur dispersion (disponibilité de refuges), ou en permettant la spéciation par isolement durable de populations. 149 monts sous-marins sont présents dans le parc naturel de la mer de Corail et représentent une superficie de 170 460 km².
    Les monts sous-marins peuvent constituer des « oasis », c’est-à-dire des zones de forte productivité biologique où les biomasses d’organismes benthiques et pélagiques atteignent des valeurs plus élevées qu’ailleurs dans l’océan.

    En Nouvelle Calédonie, la biomasse de mégabenthos, particulièrement celle des filtreurs, apparaît plus forte sur les monts sous-marins que sur les pentes insulaires. Certains monts sous-marins abritent également des quantités importantes de poissons démersaux ; on citera notamment ceux de la partie sud de la ride de Norfolk. Ces biomasses sont probablement liées à l’augmentation de productivité due aux transferts des eaux profondes vers la surface.

    Les monts sous-marins exercent une attraction singulière pour la macrofaune pélagique, en lien avec la plus forte productivité qui leur est parfois associée, l’abri relatif et le repère qu’ils constituent dans les immenses espaces océaniques.
    Les baleines marquent des pauses au cours de leur migration à proximité de reliefs sous-marins. La durée des haltes laisse supposer que les baleines n’utilisent pas seulement ces reliefs comme points de repère, mais également comme des zones de repos et/ou d’alimentation.
    Les requins utilisent les monts sous-marins comme refuges sociaux et aires d’alimentation ou comme « stations de nettoyage ». Les monts sous-marins et les rides seraient utilisés comme des repères topographiques par les grands requins pour se repérer lors des trajets de migrations océaniques.

    Les monts sous-marins sont des éléments importants de l’habitat océanique (sites de nourrissage) des oiseaux marins (nicheurs, migrateurs et erratiques), en particulier ceux dont le sommet est à moins de 400 mètres de profondeur.

    Iles éloignées, sites de ponte pour les oiseaux et tortues
    Les tortues marines utilisent différents habitats, pour la ponte, pour se nourrir et pour effectuer leurs migrations. Les tortues reviennent pondre sur la plage qui les a vues naître.
    Ces habitats constituent donc des sites particulièrement importants pour la survie des populations. Toute perturbation naturelle ou anthropique dans ces zones au cours de la saison de reproduction peut donc influencer fortement le taux de réussite de l’accouplement, de la ponte et de la survie des jeunes tortues.

    Les oiseaux de mer vivent également à l’interface entre les milieux terrestres (terres émergées pour la nidification) et marins (zones de nourrissage). Les îles éloignées constituent à cet égard des sites majeurs pour la conservation des oiseaux marins, en particulier les atolls (Chesterfield, Bellona, Entrecasteaux) et les îles hautes océaniques (Walpole, Matthew, Hunter).
     

    Plan de gestion du Parc naturel de la mer de Corail

    Polynésie française

    Présentation du patrimoine naturel de la Polynésie

      Contexte géologique et géomorphologique
      La Polynésie française est totalement inclue dans la plaque du Pacifique, entre la zone d’accrétion située à l’est et la zone de subduction située dans la fosse des Tonga. Elle ne forme pas une entité géologique isolée, son processus de formation étant liée à celui de Pitcairn et des îles Cook. Les 118 îles de Polynésie sont regroupées en 5 archipels : les Marquises, les Tuamotu, les Gambier, la Société, les Australes. Cette séparation administrative reflète en partie une histoire géologique distincte, des phénomènes tectoniques distincts étant à l’origine des alignements d’îles. Selon leur âge et leur histoire, les îles présentent des types et des faciès géomorphologiques différents, reflets du processus de transformation des îles hautes en atolls à mesure que celles-ci s’enfoncent dans la lithosphère.
     

    Caractéristique océanographiques de la zone
     
    Courantologie de surface
     
    La circulation des courants de surface dans le pacifique sud est principalement induite par celle des vents. Les vents soufflent toute l’année vers l’ouest sous les tropiques (alizés) et vers l’est entre 30 et 40°S. Ces vents, associés à la géostrophie, créent un vaste gyre : au nord de la zone (entre 3°N et 10°S), le Courant Equatorial Sud (CES) s’écoule vers l’ouest-sud-ouest, en traversant les Marquises. Les eaux sont ensuite ramenées vers l’est par le Courant du Pacifique Sud (CPS), autour de 40°S. Le sud de la Polynésie française n’est pas directement concerné par le courant du Pacifique Sud mais par le Contre Courant Subtropical (CCS). Les archipels de la Polynésie sont presqu’au cœur de ce gyre, soumis à l’influence du CES, de plus en plus faible à mesure que la latitude augmente. A l’équateur, un courant d’upwelling (remontée d’eau) résulte de la divergence des courants de surface induits par le vent. L’upwelling est d’autant plus fort que l’alizé est marqué dans la zone 5°N-5°S.

    Températures
    D’aout à octobre, les eaux sont les plus froides. Le CES est bien établi jusqu’à 20°S, et le CCS est absent de la zone. L’isotherme des 20 °C est localisée autour de 25° Sud. Durant cette période, l’upwelling équatorial est assez marqué et refroidit le nord de la zone.

    A partir du mois de novembre, les eaux se réchauffent progressivement sous l’effet du réchauffement de l’atmosphère. Le CCS, contribue également au réchauffement
    des eaux dans cette bande de latitude. Les alizés sont plus faibles et l’upwelling diminue pour atteindre un minimum en février-mars. Lors des années sujettes au
    phénomène El Niño, le pool d’eau chaude normalement cantonné à l’ouest s’étend largement vers l’est.

    Nutriment - Chlorophylle
    Les eaux baignant la Polynésie sont extrêmement oligotrophes. L’influence de l’upwelling équatorial sur les Marquises reste faible mais peut parfois s’étendre jusqu’au nord des Tuamotu.

    De plus, on observe des périodes de bloom phytoplanctoniques aux Marquises. Ce phénomène est sans doute lié au courants de surface toujours importants sur la zone et permettant un mélange des eaux régulier.

    Dans le reste des eaux polynésiennes, les seuls sièges de production primaire importante sont constitués par les lagons et les zones récifales côtières.

    Fonctionnalité des écosystèmes
    Les eaux océaniques de la Polynésie française sont marquées par une forte oligotrophie, à l’exception de la zone d’influence de l’upwelling équatorial qui délimite une zone enrichie englobant les Marquises, et s’étendant parfois jusqu’au nord des Tuamotu. Cet enrichissement est accentué par la présence d’un deuxième phénomène d’upwelling plus localisé à l’Ouest des Marquises.

    Aux Marquises se développe une production secondaire côtière qui s’étend au domaine pélagique au nord des Tuamotu sous l’influence des courants. Cette zone de forte production primaire est unique en Polynésie. L’enrichissement dû au front thermique traversant les Australes est irrégulier et de moindre intensité.

    Pour le reste, le siège de la production primaire et le développement de la vie associée sont localisés autour ou dans les îles (notamment grâce aux apports de nutriments terrestres des îles hautes, à la fixation de l’azote atmosphérique lagonaire). A ce développement très localisé de la production primaire correspond donc le développement des grandes fonctions vitales pour les espèces côtières et pélagiques (pour ce qui est actuellement connu) : les réseaux alimentaires, les zones de croissance des jeunes, les fonctions d’abris contre les prédateurs, les fonctions de reproduction et de ponte des espèces côtières.
    Dans les îles, le rôle des passes pour assurer ces fonctions est primordial. Soulignons que très peu de choses sont connues sur les fonctions assurées par le milieu pélagique pour les espèces.

    Le développement de cette vie côtière et notamment lagonaire est tributaire des échanges hydro-dynamiques entre le lagon et l’océan. Les lagons ayant peu de communication avec l’océan peuvent, durant les périodes d’absence de houle, subir des développements algaux importants et des mortalités massives.

    Patrimoine naturel et biodiversité
    Répartie sur 20 degrés de latitude, la Polynésie française est marquée par une double influence : une influence tropicale, largement dominante, qui s’étend des Marquises au nord des Australes et une influence tempérée qui s’exerce au sud des Australes. Ceci se traduit par une cohabitation des faunes tropicales et tempérées au moins sur l’île de Rapa et peut être sur les îles proches. Ce gradient latitudinal se traduit également par un appauvrissement de la richesse spécifique de la faune tropicale à mesure que les eaux se refroidissent.

    L’éloignement des eaux polynésiennes de la métropole de la province indo pacifique (Indonésie) a pour conséquence une relative pauvreté en biodiversité côtière en raison de l’éloignement des continents et conséquemment d’un moindre apport de nutriments, d’un nombre moins important d’habitats disponibles, également d’un régime d’alizés contrariant la colonisation par les larves, à l’exception des Australes, qui bénéficient sans doute d’un contre-courant subtropical porteur de larves en provenance des Cook (au moins pour les coraux). Cet éloignement se concrétise par un appauvrissement progressif de la biodiversité côtière d’Ouest en Est. L’isolement d’îles ou de groupes d’îles au sein de la Polynésie française est propice au développement d’espèces endémiques. C’est le cas de Rapa, à l’extrême sud et du groupe des Marquises au nord.

    Dans ce contexte régional, la structure géomorphologique des îles influence la diversité en habitats disponibles et subséquemment le développement d’une faune plus ou moins riche (espèces, biomasses). Les îles possédant le plus d’habitats, qui plus est avec des apports en nutriments, hébergent des biodiversités et biomasses plus importantes (grandes îles hautes de la Société) que les îles hautes dépourvues d’habitats côtiers (Marquises) ou les atolls (moins d’habitats, pas d’apports terrigènes). A l’échelle des îles, la répartition des espèces côtières est notamment dépendante des caractéristiques géomorphologiques des îles (ouverture sur l’océan, présence de baies, surface d’habitat récifal, complexité géomorphologique…)

    L’ensemble de ces facteurs conduit à l’identification de plusieurs entités écologiques cohérentes au sein de la Polynésie :

    • Les Marquises forment un groupe d’îles et îlots quasiment dépourvus de constructions récifales et donc d’habitats côtiers. Elles sont géologiquement jeunes (le processus de colonisation est peut être encore incomplet). Ces éléments peuvent expliquer une faible richesse spécifique en espèces benthiques. En revanche, la faune ichtyologique côtière et pélagique, bénéficiant sans doute des apports de l’upwelling des Marquises, est bien développée en diversité et en biomasse. Enfin, l’isolement de ce groupe d’îles explique probablement un fort endémisme.
    • Les îles de la Société et des Tuamotu forment un groupe d’îles relativement proches géographiquement, peuplées d’espèces à large aire de répartition. L’apparition des îles lors de processus géologiques temporellement très éloignés, ne semble pas influencer la répartition actuelle des espèces entre les îles de la Société et le plateau des Tuamotu. Se pose éventuellement la question de particularités persistant sur les îles de l’alignement géologique Gambier- Hereheretue. La répartition des espèces tient essentiellement à la géomorphologie des îles et au gradient d’appauvrissement Ouest-Est.
    • Le groupe formé par les quatre îles des Gambier présente la particularité d’être un groupement d’îles hautes, donc avec une potentialité importante (nutriments, habitats, baies) quoique situé à l’extrémité Est appauvri de la Polynésie. Il pourrait donc présenter des spécificités intéressantes.
    • Les Australes, se situent à la limite sud de la zone d’influence tropicale de la Polynésie et bénéficient (au moins pour les coraux), d’un apport larvaire des Cook. A cheval sur les aires d’influence des faunes tropicales et tempérées, la faune de Rapa présente une double particularité, liée à sa position « d’écotone » et à son isolement, générateur d’un fort endémisme. Sa biodiversité côtière parait plus importante que sa position géographique (extrémité Sud-Est) ne devrait lui conférer. Ceci s’explique en partie par un effort de connaissance beaucoup plus important sur Rapa qu’ailleurs en Polynésie. En effet, la biodiversité des autres secteurs est sans doute encore sous estimée, y compris dans les îles de la Société.

    Le patrimoine pélagique est connu lorsqu’il s’approche des îles (requins, tortues, cétacés), car peu de campagnes d’acquisition de connaissances ont été réalisées sur ce domaine (campagnes de pêche expérimentales, campagnes ponctuelles d’observation des cétacés en mer). Les écosystèmes profonds liés aux pentes récifales des îles ou aux monts sous marins sont pratiquement inconnus.
     

    Source : Document de synthèse, Analyse éco-régionale marine de Polynésie française

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